Du houblon et des vignes locales

Offert par Les Affaires


Édition du 03 Décembre 2016

Du houblon et des vignes locales

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Édition du 03 Décembre 2016

[Photo : 123RF/Igor Stramyk]

De plus en plus de brasseurs, vignerons et distillateurs québécois tentent de s'approvisionner ici même, au Québec. Des producteurs locaux ne demandent pas mieux que de leur fournir des produits originaux et de qualité.

Les nombreux petits brasseurs et brasseurs artisanaux du Québec ont faim d'orge, de malt et de houblon produits localement. Au Québec, selon Bio Malt Mauricie, environ une cinquantaine de producteurs fournissent plus ou moins 15 000 tonnes d'orge de brasserie. À elle seule, l'albertaine Canada Malting en produit plus de 85 000 tonnes.

De plus, en 2016, une trentaine d'agriculteurs cultivent environ 40 tonnes de houblon sur plus de 48 hectares, selon l'agronome indépendant Julien Venne, consultant auprès de producteurs de l'est du Canada.

Depuis 2013, Houblon des jarrets noirs cultive du houblon sur des terres de Saint-Bernard, en Beauce. La ferme compte sur 12 employés pour cette culture, en incluant Francis Gagné et son épouse, Anne-Marie Lessard, qui dirigent l'entreprise. À la première année de récolte, en 2015, Houblon des jarrets noirs avait produit 7,5 tonnes de houblon. Elle en a récolté près de 11 cette année et vise 20 tonnes d'ici trois ou quatre ans.

«Nous vendons à environ 70 microbrasseries», précise Francis Gagné. Il produit plusieurs variétés de houblon américain, dont le Chinook, le Cascade ou le Nugget. L'ajout de 6 000 nouveaux plants de Centennial et de Crystal permettra d'augmenter grandement les quantités offertes de ces deux variétés en 2017.

Sur la question de savoir s'il aimerait éventuellement percer chez des brasseurs de taille moyenne, comme Boréale, qui achètent de plus importants volumes que les microbrasseries, Francis Gagné admet que c'est tout un défi. «Ils achètent à l'avance de très importantes quantités, généralement à des producteurs américains, explique-t-il. Ils bénéficient donc de prix difficiles à battre. Mais on aimerait les convaincre de développer de nouvelles bières 100 % québécoises.»

Le secret des vignes

Les vignerons, notamment débutants, ont quant à eux besoin de s'approvisionner en vignes. Ils recherchent des variétés résistantes à notre climat hivernal rigoureux et à nos étés relativement courts, tout en permettant de produire de bons vins. Et ils sont toujours à l'affût de nouveautés.

Depuis 1998, Viticulture A&M (pour Alain Breault et Mariette Lagueux), de Saint-Paul-d'Abbotsford, est la seule pépinière viticole du Québec et la troisième du Canada. Elle fournit des plants aux vignerons du Québec, mais aussi de l'Ontario et des Maritimes, en plus d'offrir de précieux conseils. Alain Breault a commencé à expérimenter avec la vigne dès 1982, au tout début de l'aventure de la production de vin au Québec.

Viticulture A&M a produit et vendu plus de 4,6 millions de plants depuis ses débuts. «Nous vendons des cépages résistants, adaptés aux différentes zones climatiques du Québec, comme le Frontenac, le Marquette ou le Petite Perle, explique Alain Breault. Nous ne vendons pas de variétés européennes. Même si par miracle un vigneron arrive à les cultiver, le vin ne goûtera pas la même chose que s'il était produit en Europe. Ces cépages ne sont pas adaptés au Québec.»

La patience est le mot d'ordre dans ce métier. Viticulture A&M s'approvisionne chez des hybrideurs du Minnesota. Il faut à ces derniers environ 10 ans pour développer un hybride prometteur. Ensuite, il faut le faire tester et certifier pour s'assurer qu'il n'a pas de maladie, puis le faire breveter. Ce processus peut prendre trois autres années. Lorsqu'il reçoit les premières boutures, Alain Breault entame alors une série de tests, lesquels lui prendront quatre ou cinq ans avant de produire un produit commercialisable. Ensuite, il commence un autre cycle de trois ou quatre ans pour faire connaître le produit, le faire tester par les vignerons, etc.

«C'est long ! admet le viticulteur. Les vignerons ne veulent pas juste changer pour changer, il faut leur proposer un cépage offrant une plus-value, comme une meilleure résistance au climat ou aux maladies ou une plus forte production. Sans oublier le critère principal : produire un vin de haute qualité. C'est tout un art !»

→ 166 : Nombre de brasseurs au Québec en novembre 2016. De ce nombre, 3 sont de grands brasseurs, 110, de petits brasseurs, et 53, des artisans brasseurs. En 2002, le Québec comptait 34 brasseurs.

→ 93 % : Parts de marché détenues par les trois grands brasseurs, Molson Coors, Labatt et Sleeman. Source : Association des microbrasseries du Québec

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