Walmart achètera de plus en plus directement des manufacturiers

Publié le 19/01/2010 à 00:00, mis à jour le 07/10/2013 à 14:38

Walmart achètera de plus en plus directement des manufacturiers

Publié le 19/01/2010 à 00:00, mis à jour le 07/10/2013 à 14:38

Par François Normand

Walmart cherche à réduire les intermédiaires. Photo : Bloomberg

Walmart testera aux États-Unis une structure d'approvisionnement qui repose sur la réduction des intermédiaires, moins coûteuse et plus efficace qu'elle pourrait ensuite implanter au Canada.

" L'implantation de ce projet sera envisagée au Canada si les résultats sont concluants aux États-Unis ", dit Alex Roberton, porte-parole de Walmart au Québec.

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La récession n'est pas étrangère à la mise en place de cette stratégie. Cette politique survient aussi dans un contexte où la multinationale voit la croissance de ses revenus stagner aux États-Unis en raison de la cannibalisation entre ses magasins, selon Barclays Capital.

L'endettement des consommateurs américains mine aussi le potentiel de croissance des revenus, indique Marc Beaulieu, associé, leader à la consommation, de Deloitte à Montréal. " Dans ce contexte, la réduction des coûts est le seul moyen de croissance. "

La situation est différente de ce côté-ci de la frontière, où les ventes de Walmart continuent d'augmenter à un rythme soutenu.

Les grossistes mis à l'écart

La multinationale achètera donc de plus en plus directement des manufacturiers les produits qu'elle vend dans ses magasins. Walmart fera appel à des grossistes seulement quand cela sera vraiment nécessaire, par exemple, pour s'approvisionner auprès de certains petits fournisseurs.

Le géant du commerce de détail veut aussi centraliser ses approvisionnements auprès des manufacturiers et leur faciliter la vie en s'appuyant sur des centres d'achat Walmart.

Actuellement, un fournisseur comme Pelican International, de Laval, qui vend entre autres des luges utilitaires, doit négocier tour à tour avec Walmart USA et Walmart Canada, pour que ses traîneaux soient vendus dans les deux pays.

" Grâce à la nouvelle structure, Pelican n'aurait à négocier qu'avec un centre d'achat Walmart, qui ensuite distribuerait ses produits dans l'ensemble des établissements Walmart dans le monde ", dit M. Roberton. Walmart est présente dans 15 pays.

Pelican International n'a pas voulu commenter la stratégie de Walmart, tout comme un autre fournisseur, Industries Dorel, spécialisé dans les produits pour enfants.

Projets pilotes pour les marques privées

Walmart a donné peu de détails à propos de cette nouvelle stratégie.

En fait, ce projet a été mentionné pour la première fois le 21 octobre 2009, lors d'une téléconférence entre les dirigeants et des analystes financiers, et dont a fait état le Financial Times. Le président de Walmart Canada, David Cheesewright, a participé à cette conférence.

Ce qui est clair, en revanche, c'est qu'il y aura des projets pilotes aux États-Unis pour évaluer les avantages de cette stratégie au moyen de marques privées, comme les vêtements Faded Glory et George, et les aliments Great Value.

Les marques privées de Walmart génèrent des revenus annuels de 100 milliards de dollars américains (G$ US), soit le quart des ventes totales de 401 G$ US que l'entreprise a réalisées en 2009.

" Walmart pourrait étendre cette stratégie à d'autres produits, elle fonctionne bien ", précise Alex Roberton.

Lors de la téléconférence d'octobre, Eduardo Castro-Wright, le patron de Walmart aux États-Unis, a indiqué que cette stratégie d'approvisionnement permettrait à l'entreprise de réaliser des économies de 5 à 15 % grâce à ses marques privées sur un horizon de cinq ans.

Selon le Financial Times, cela pourrait représenter des gains de 4 à 12 G$ US si Walmart se procurait directement des manufacturiers 80 % de sa marchandise. Actuellement, cette proportion est légèrement inférieure à 20 %.

Selon M. Castro-Wright, les détaillants les plus efficaces réussissent à acheter 70 % de leurs marchandises sans recourir à un intermédiaire.

Les manufacturiers d'ici ne sont pas inquiets

L'implantation de cette stratégie au Québec aurait un impact sur les grossistes et les fournisseurs d'ici.

Certaines entreprises, qui passaient par un grossiste pour alimenter Walmart, devront traiter directement avec le géant du commerce de détail, qui a la réputation d'être très exigeant. Ce qui représente des défis importants, d'autant plus que la multinationale demandera à ses clients de fournir davantage de magasins et de marchés.

Mais cette stratégie a ses limites, croit Simon Prévost, président des Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ). " Ce ne sont pas tous les manufacturiers qui peuvent alimenter une partie du marché nord-américain, dit-il. Certains produits locaux et spécialisés continueront de n'être disponibles que sur une base régionale. "

Les MEQ ne voient pas la stratégie de Walmart d'un mauvais oeil. " Dans notre industrie, c'est ce que nous essayons de faire; nous voulons que les manufacturiers achètent leurs produits ou leurs composants directement de leurs fournisseurs pour réduire leurs coûts. "

Par ailleurs, certains fournisseurs québécois alimentent déjà directement Walmart. C'est le cas d'Industries Lassonde, qui fabrique des jus de fruits et de légumes. Walmart est un de ses plus importants clients depuis une dizaine d'années. " Nous avons commencé à vendre nos jus au Québec, pour ensuite approvisionner le marché ontarien. Aujourd'hui, nos jus Oasis sont vendus dans tous les Walmart du Canada ", souligne Mario Allaire, vice-président, communications, d'Industries Lassonde.

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