Un climat éthique inspire un sentiment de confiance

Publié le 16/04/2012 à 17:24, mis à jour le 16/04/2012 à 17:24

Un climat éthique inspire un sentiment de confiance

Publié le 16/04/2012 à 17:24, mis à jour le 16/04/2012 à 17:24

Par Premium

Benoît Cherré, professeur au Département d’organisation et ressources humaines à l’ESG UQAM

Une entrevue réalisée par Steve Proulx

Quelle est votre définition de l’éthique ?

C’est un ensemble de normes et d’idéologies qui font que l’on vit ensemble de façon harmonieuse, équilibrée et juste. Ne pas frauder, c’est de l’éthique. Arriver à l’heure à son rendez-vous, c’en est aussi !###

Justement, les récents scandales financiers n’ont-ils pas forcé une remise en question de l’éthique des affaires ?L’éthique, de façon globale, est en mutation. Les scandales ne représentent qu’une partie de cette mutation. Nous en sommes là, car depuis les dernières décennies, nous avons beaucoup cherché à améliorer l’efficacité de notre travail, d’où l’immense richesse qui a été créée. Or, cet avancement économique a été suivi par un avancement plus intellectuel. La société est de plus en plus éduquée. Du coup, on réfléchit davantage au sens de la vie, du travail. En même temps, on découvre des inégalités frappantes entre les classes sociales et entre les peuples. On exige plus de justice, ce qui mène naturellement à l’éthique. Nous entrons dans une ère de prise de conscience collective.

Une ère de l’éthique ?

Si on veut. Des changements de fond transforment nos sociétés. Les entreprises devront s’y adapter. Elles devront respecter les valeurs de leur clientèle en matière de justice sociale, d’égalité, d’environnement, etc. Les employés exigent eux aussi plus d’éthique dans leur environnement de travail. En gestion, les anciennes manières de faire, autoritaires ou abusives, seront appelées à disparaître. Un gestionnaire qui ne satisfait pas aux nouvelles valeurs éthiques aura du mal à attirer du personnel qualifié. Ce n’est pas mineur comme enjeu.

Peut-on dire que l’éthique est un enjeu économique pour les organisations ?

Tout à fait. Les recherches montrent que plus les comportements éthiques sont présents dans une organisation, plus celle-ci est rentable. Évidemment, des fraudes peuvent ruiner des sociétés. Mais c’est plus vaste que cela. Un climat éthique au sein d’une entreprise favorise un climat de confiance avec les fournisseurs. Quand on est éthique, on connaît aussi moins de conflits à l’interne. La recherche commune de la rentabilité est meilleure. On sait que les conflits internes font perdre de l’argent. C’est la même chose pour les conflits éthiques. Par contre, l’éthique doit venir de la « tête » de l’entreprise et descendre vers les niveaux inférieurs. Il faut une « gravité éthique », en quelque sorte ! Les employés ont besoin de se reconnaître dans un leader et dans un gestionnaire. Si celui-ci est plus juste, plus équitable, les employés agiront de manière plus juste, plus équitable... et aussi plus efficace !

Comment les gestionnaires règlent-ils leurs dilemmes éthiques ?

D’abord, il y a les enjeux éthiques évidents : on ne met pas la vie de ses employés en danger, on ne commet pas de malversations comptables, etc. Des lois ont été écrites pour encadrer ces délits. Il y a ensuite les enjeux éthiques mineurs : rapporter à la maison des stylos n’est pas une faute très grave. C’est de l’ordre du savoir-vivre. Cela dit, entre ces deux extrêmes, il y a des tonnes de situations ambiguës pour lesquelles des normes de conduite n’ont pas été écrites. Ces cas comptent pour au moins 90 % des décisions éthiques que les gestionnaires sont appelés à prendre. C’est ce qu’on appelle l’éthique indéterminée. La plupart du temps, les gestionnaires cherchent à résoudre ces situations particulières avec des solutions particulières, plutôt que d’appliquer une « règle » générique. Ils cherchent à être authentiques et responsables. Ils prennent des décisions qui correspondent à leurs valeurs. Ils ont, en fin de compte, un éventail d’attitudes qui mènent à bien des questions existentielles. C’est ce qui m’intéresse en tant que chercheur : explorer cette éthique indéterminée et étudier les possibilités et les guides qui permettent aux gestionnaires de résoudre leurs dilemmes. C’est de la philosophie appliquée aux affaires.

Les gestionnaires sont-ils outillés pour faire face à ces dilemmes ?

Encore aujourd’hui, les écoles de gestion enseignent des structures, des schémas éthiques axés sur la pratique. « Il faut faire ceci ou cela... » Tout est axé sur la technique de résolution de problème. À tel point qu’on en oublie les impacts sur l’individu, sur la société et sur la gestion de notre collectivité. Je suis pour un chamboulement de nos repères éthiques appliqués à la gestion. Sur le plan philosophique, on n’en fait pas assez.

À la une

Bourse: Wall Street finit en hausse, record pour l’indice S&P 500

Mis à jour le 27/03/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a gagné près de 200 points mercredi.

À surveiller: CGI, Alimentation Couche-Tard et BRP

27/03/2024 | Denis Lalonde

Que faire avec les titres de CGI, Alimentation Couche-Tard et BRP? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 27 mars

Mis à jour le 27/03/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.