Trois initiatives pour promouvoir l'avancement des femmes en TI

Publié le 08/03/2017 à 00:30

Trois initiatives pour promouvoir l'avancement des femmes en TI

Publié le 08/03/2017 à 00:30

Par Benoîte Labrosse

L’industrie québécoise des technologies de l’information et des communications (TI ou TIC) compte seulement 20 % de femmes, et la proportion d’entre elles qui occupent des postes décisionnels est encore plus faible. Ce constat a poussé au moins trois organismes à lancer des initiatives en vue de renverser la vapeur.

 «Il faut poser des gestes concrets : si plus de femmes occupent des postes de direction, ça aura pour effet de créer des modèles inspirants, en plus de donner l’occasion de prendre des décisions favorables à la présence de plus de femmes dans le secteur», fait valoir Nicole Martel, pdg de l’Association québécoise des technologies (AQT) et instigatrice de Femmes en TI. Mis sur pied grâce à une subvention de Condition féminine Canada, ce projet a permis à l’AQT de développer un programme de mentorat destiné aux femmes qui aspirent à devenir gestionnaires, à être promues à de plus hautes fonctions ou qui sont déjà pdg.

 Un jury indépendant a sélectionné 12 mentorées et l’AQT leur a apparié des mentors soigneusement choisis et formés, majoritairement des hommes. «Le sexe du mentor n’a pas d’importance», assure Mme Martel en soulignant avoir été «agréablement surprise de voir que beaucoup d’hommes pdg ont incité leurs employées à poser leur candidature».

Les dyades se rencontreront durant un an. Si le bilan de l’expérience est positif, l’AQT fera de Femmes en TI un service permanent. «Notre industrie est composée à 90 % de PME, donc peu d’entre elles peuvent s’offrir du mentorat, fait remarquer la pdg. Le rendre accessible au sein de l’association permettra à un plus grand nombre d’en bénéficier.» D’ici là, le projet est documenté par des capsules en ligne. «Nous voulons que tous prennent conscience qu’il faut que les choses changent, car dans un contexte de pénurie de ressources, nous ne pouvons pas nous priver de 50 % du potentiel de talent.»

Le réseautage comme outil

Le Réseau ACTION TI s’est engagé dans une démarche qu’il qualifie de « complémentaire » à celle de l’AQT. La 4e édition de son évènement annuel, lui aussi baptisé Femmes en TI, est ainsi placée sous le signe du réseautage. «Nous voulons que les femmes aillent vers d’autres femmes, mais également vers des hommes en position de pouvoir qui pourront les aider à progresser», expliquer Line Vincent, présidente du comité femmes en TI du Réseau et instigatrice de l’évènement qui se tiendra le 7 juin. «Nous voulons leur donner des outils concrets qui feront une différence dans leur carrière.»

Femmes en TI — qui fait salle comble depuis ses débuts en 2014 — s’adresse aux femmes de l’industrie, mais également aux professionnelles d’autres secteurs qui œuvrent dans le domaine des TI, ainsi qu’à la relève. Selon Mme Vincent, si son organisation veut réellement attirer l’attention de ceux qui occupent actuellement les postes décisionnels, elle doit «parler leur langage». «Ce qu’ils veulent savoir, c’est : “Est-ce que d’avoir le plus de femmes possible dans mon équipe lui donne une valeur ajoutée ? Est-ce que ça rapporte de l’argent ?” Si nous leur montrons que réponse est oui, alors ils vont en engager plus.» 

Une étude pour provoquer des discussions

ACTION TI disposera de nouveaux arguments pour convaincre les pdg, sous la forme des résultats de la recherche-action Femmes et technologies de l’information au Québec réalisée par la Chaire Claire-Bonenfant sur la condition des femmes de l’Université Laval à la demande de TECHNOCompétences, le comité sectoriel de main-d’œuvre en TIC. « Nous cherchons à comprendre les femmes qui occupent des postes en TI, mais surtout à lier leur progression professionnelle à l’écosystème organisationnel de l’industrie », résume Julie Houde, gestionnaire communication et marketing chez TECHNOCompétences, qui a lui aussi obtenu un financement de Condition féminine Canada.

«Nous étudions trois grandes entreprises dans trois secteurs – les jeux vidéos, les logiciels et le conseil – dans lesquelles nous explorons le cheminement professionnel d’employés femmes et hommes », précise Hélène Lee-Gosselin, titulaire de la Chaire Claire-Bonenfant. Les chercheuses présenteront leurs constats à chaque entreprise afin « d’entamer un dialogue » sur les bonnes pratiques à renforcer et les opportunités d’amélioration. «Nous voulons lever le voile sur certains a priori qui peuvent constituer un frein à l’avancement des femmes», poursuit-elle.

L’objectif est de provoquer des discussions dans l’ensemble de l’industrie. C’est pourquoi les résultats de l’étude seront présentés le 7 juin au cours d’une conférence filmée dans le cadre de l’évènement du Réseau ACTION TI qui se tiendra à l’'École de technologie supérieure (ETS). TechnoCompétences s’attèlera par la suite à aider ses membres à traduire les recommandations en meilleures pratiques adaptées à leur propre contexte.

«En matière de changements organisationnels et sociaux, des potions magiques, ça n’existe pas, rappelle Mme Lee-Gosselin. Les changements requièrent à la fois une connaissance plus fine des contraintes et des leviers et un engagement des partenaires sur le long terme, car c’est les efforts concertés et soutenus qui peuvent faire en sorte qu’ils se matérialisent.»

 

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