Le lab: Quand l'inattendu devient l'inespéré


Édition du 18 Janvier 2014

Le lab: Quand l'inattendu devient l'inespéré


Édition du 18 Janvier 2014

Par Olivier Schmouker

La créativité, ça paraît toujours magique. On se dit que les personnes créatives sont touchées par la grâce, qu'elles ont la chance d'avoir un petit génie perché sur leur épaule, prompt à leur glisser à l'oreille des idées plus fabuleuses les unes que les autres. Et on se fourvoie.

Pourquoi ? Parce que la créativité n'a, dans le fond, rien à voir avec la magie : comme on a souvent du mal à l'expliquer, elle nous paraît magique. C'est tout. Ça, je l'ai saisi au détour d'une discussion sur la créativité avec Thibaut Duverneix, un réalisateur qui croule sous les prix internationaux, dont la mention ADC Young Guns 2012, décernée aux meilleurs créatifs du monde âgés de moins de 30 ans.

En fait, la créativité se met à pétiller dès qu'on doit faire face à l'imprévu. «Notre cerveau reptilien, celui qui sert au bon fonctionnement de nos fonctions vitales, prend aussitôt les commandes. Il nous impose de réagir vite et bien. Il nous force à écouter notre instinct. Pour notre plus grand bien», m'a expliqué celui qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Johnny Depp.

Un exemple lumineux

Thibaut Duverneix et son équipe devaient tourner, l'été dernier, un clip vidéo pour les Journées de la culture. Le tournage devait se dérouler dans un champ, à l'extérieur de Montréal. Le hic ? Juste avant de partir, une tempête phénoménale est survenue : «Il pleuvait si fort que j'avais mis mon cellulaire dans un Ziploc. C'était la folie !» a-t-il souligné.

Que faire ? Tout annuler ? Partir quand même, sans savoir s'il sera possible de tourner une fois sur place ? «Le producteur et moi, nous nous sommes regardés. Un regard a suffi. Nous avions tous les deux le même feeling : il fallait y aller. Là-bas, il y a eu une éclaircie, qui a duré juste le temps de tourner», m'a-t-il dit, tout sourire. Au final, les images sont splendides. On sent la végétation vibrer comme elle ne le fait qu'immédiatement après la pluie, ce qui donne une atmosphère surnaturelle au clip.

De même, le cofondateur du studio montréalais Departement s'est mordu les doigts d'avoir lancé en l'air une idée lors d'une rencontre préparatoire avec le Bureau de l'efficacité et de l'innovation énergétiques du ministère des Ressources naturelles et de la Faune pour son projet Écomobile. Il fallait concevoir une ville fictive dans laquelle circuleraient de petites voitures, histoire de donner des trucs pratiques pour rouler sans gaspiller d'énergie. «J'ai proposé de fabriquer cette ville et ces véhicules en papier mâché, ce qui a emballé tout le monde. Mais en sortant de la réunion, j'ai réalisé qu'il aurait été mille fois plus simple - et judicieux - de faire tout ça en 3D», a-t-il expliqué.

Il s'était compliqué la vie. Pour rien, avait-il alors cru. Mais une fois le travail achevé - «Plus de 6 500 clichés pris pour animer, image par image, la ville qui occupait tout notre studio !» -, il a compris pourquoi son cerveau reptilien avait parlé en pleine réunion. «J'adore l'aspect bricolage mal fait, qu'on n'aurait pas trouvé dans le 3D. Ça donne une touche vivante, presque émouvante, qui évoque les rêves d'enfant», m'a-t-il dit. Ce qui ne peut se produire que lorsque l'inattendu devient l'inespéré.

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