Mythes et réalités sur les MBA

Publié le 11/09/2010 à 00:00, mis à jour le 13/09/2010 à 10:45

Mythes et réalités sur les MBA

Publié le 11/09/2010 à 00:00, mis à jour le 13/09/2010 à 10:45

Un MBA est souvent synonyme de promotion ou d'un changement de carrière. Pourtant, beaucoup d'hommes qui gèrent les entreprises les plus importantes du monde - tels que Bill Gates, le fondateur de Microsoft, Larry Ellison, d'Oracle ou Steve Jobs, du géant Apple - n'en ont pas.

Le meilleur accélérateur de carrière

" C'est un diplôme qui ouvre des portes, mais pour se rendre au niveau de la haute direction, tout dépend des qualités de chacun ", affirme Don Melville, directeur du programme de MBA à l'Université McGill.

Premier conseil pour ceux qui rêvent de décrocher un tel diplôme : mesurez vos attentes ! Les études doivent être doublées d'une solide expérience. " Le MBA peut être un accélérateur en début de carrière, mais on ne peut pas dire que quelqu'un va devenir président parce qu'il détient un MBA ", souligne Jean-Claude Lauzon, associé directeur du bureau montréalais de Korn/Ferry, un chasseur de têtes.

Les MBA sont d'excellents outils pour certains professionnels : ceux très spécialisés. Une bonne part de la clientèle des écoles de gestion est formée d'ingénieurs, de médecins ou de dirigeants, des professions pouvant représenter jusqu'à 30 % de l'effectif de certains programmes. " Dans ces cas, le MBA semble être l'un des meilleurs accélérateurs de carrière ", dit Michael Wybo, directeur du programme de MBA à HEC Montréal.

Plus d'une centaine des 8 500 employés au Canada du géant de la construction et de l'ingénierie SNC-Lavalin ont un MBA. " Les ingénieurs, qui complètent leur formation avec un MBA, ont un atout. Le fait que notre président, Pierre Duhaime, ait fait son MBA après sa formation en génie est un modèle pour l'organisation ", dit Julie Lavallée, directrice de l'acquisition mondiale des talents pour SNC-Lavalin.

Les programmes les mieux positionnés dans les classements sont les meilleurs

Harvard ou la London Business School font l'affiche des classements internationaux. Le glamour créé autour de ces institutions mène les candidats à allonger des milliers de dollars de leurs poches afin d'atteindre le rêve : une carte professionnelle sur laquelle paraît le nom d'une des universités les plus connues dans le monde.

" Les gens qui choisissent ces universités travaillent dans des sociétés où ils gagnent déjà beaucoup d'argent et ils peuvent se permettre de payer 100 000 $. Ils payent pour trouver des gens du même niveau professionnel, mais le MBA est un produit relativement standard, il n'y a pas de grandes différences pour ce qui est des cours ", affirme André Gascon, vice-doyen à la formation et aux affaires étudiantes de la Faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval.

Les classements sont des instruments utiles, mais à regarder avec circonspection. Si le MBA de la London Business School se classe premier dans le classement du Financial Times, pour The Economist, c'est l'IESE, une école espagnole, qui domine le classement (Harvard, 5e). Pour Business Week, le MBA de l'Université de Chicago (Booth) est le meilleur (Harvard, 2e), et Forbes donne au programme de l'École de gestion Tuck à Dortmund la première place.

L'important est de choisir un programme conforme à ses attentes. " Nous sommes un programme-boutique, nous recevons environ 60 étudiants par an. C'est une expérience différente que d'avoir 250-300 personnes en classe, comme dans les grandes écoles ", ajoute M. Melville, de McGill.

Un diplôme local compte moins à l'étranger

Le MBA est l'un des titres qui devraient s'exporter le mieux à l'étranger. " La réalité est que - sauf pour Harvard ou INSEAD -, la plupart des recruteurs cherchent à embaucher des diplômés locaux parce qu'ils connaissent les universités, eux-mêmes étant des diplômés ", dit Michael Wybo, directeur du MBA de HEC Montréal.

Le phénomène, remarqué aussi par les cadres qui changent de pays après leur MBA, n'a rien à voir avec la qualité du programme. Marie-José Beaudin, directrice exécutive du service de gestion de carrières à la Faculté de gestion Desautels, pense que c'est une question de notoriété. " Les écoles locales peuvent être excellentes, mais elles ont une réputation locale. Pour attirer les recruteurs internationaux, il faut être connu à l'étranger. "

Le MBA garantit une hausse rapide du salaire

Le MBA est devenu synonyme de salaires élevés. Généralement, les diplômés voient leur rémunération augmenter de 15 à 30 %. " Il est faux de dire : grâce à un MBA, j'aurai un salaire de 100 000 $. Plusieurs éléments entrent en ligne de compte : savoir se présenter à une entrevue, se mettre en valeur, être bilingue - au Québec. Le MBA aide, mais l'obtention du diplôme ne signifie pas que tout le monde réussira ", dit Alan Hochstein, directeur du programme MBA de l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia.

Les augmentations rapides de salaire arrivent à ceux qui changent d'emploi. " Si j'ai un emploi et que je vais faire mon MBA, cela ne veut pas dire que dans le même emploi je gagnerai plus ", dit M. Wybo, de HEC Montréal, dont les diplômés du MBA intensif voient leur salaire annuel de base augmenter de 25 % en moyenne après le MBA, jusqu'à 72 098 $.

Les recruteurs sont du même avis. " Quelqu'un qui aurait performé, disons de façon ordinaire dans une organisation, qui va faire un MBA et décide de revenir chez nous, nous le réembaucherons peut-être, mais ses conditions d'emploi ne seront pas nécessairement différentes de celles qu'il avait avant le MBA ", dit Daniel Campbell, directeur de recrutement au Québec de la Banque Royale (RBC).

Les recruteurs préfèrent les diplômés du MBA pour les postes de haut niveau

" Aucun emploi n'est conditionnel à l'obtention d'un MBA, mais la valeur de ce diplôme témoigne d'un certain potentiel chez l'individu à se réaliser professionnellement ", poursuit M. Campbell. Des quelque 7 500 employés qui travaillent pour le groupe RBC au Québec, quelques centaines détiennent un MBA.

Au niveau de la haute direction, le type de diplôme compte moins. " Qu'il s'agisse d'un MBA, d'une maîtrise en anthropologie ou en philosophie, cela ne fait pas une grande différence ", confirme M. Lauzon, de Korn/Ferry.

Par contre, les recruteurs observent que les diplômés du MBA sont plus structurés dans leur argumentation. " Ils comprennent mieux les concepts et les processus, sans être forcément de meilleurs dirigeants que les autres. Par contre, on ne considère pas les candidats en début de carrière pour les postes de haut niveau, même s'ils détiennent un MBA ", mentionne Dana Radulescu, HR Business Partner pour le Canada de l'agence de voyages en ligne Expedia.

Les sociétés cherchent des candidats qui ont des outils et des connaissances " qu'ils peuvent utiliser dès le lendemain, dans leur travail ", dit Saïd Zouiten, membre du comité du programme MBA de l'Université du Québec à Trois-Rivières et ex-directeur du MBA. " Cela représente un autre défi pour les écoles, celui d'avoir des enseignants qui ont de l'expérience pratique. "

Les diplômes créent des dirigeants voraces, qui recherchent le profit avant tout

La présence des diplômés des grandes écoles de gestion parmi les acteurs principaux des événements qui ont secoué Wall Street en 2007 a suscité un débat sur les limites de la responsabilité des MBA dans la formation des futurs dirigeants.

Le MBA a été critiqué pour l'absence d'un cours d'éthique dans son curriculum et pour l'accent mis sur la rentabilité. Aujourd'hui, la grande majorité des écoles offrent des cours d'éthique. Le nouveau doyen de la Harvard Business School, Nitin Nohria, soutient l'idée d'un code professionnel des affaires, semblable à celui d'Hippocrate. Est-ce la réponse ? " Dans un MBA, chaque cours doit parler d'éthique. Quand on parle de stratégie ou de finance, il faut qu'on parle aussi d'éthique ", répond Robert Desmarteau, directeur du MBA pour cadres de l'ESG UQAM.

Aussi, il ne faut pas oublier le libre arbitre de chacun. Peut-on enseigner l'honnêteté en classe ? " On n'enseigne pas à cambrioler une banque au MBA, mais il reste toujours la question de savoir si l'on peut changer la nature des gens ", ajoute M. Hochstein, de l'Université Concordia.

Néanmoins, la crise a aussi dévoilé une autre réalité : l'impératif de doter les entreprises de leaders plus éduqués et plus adaptés au changement. " On a besoin plus que jamais de gestionnaires de grande qualité ", souligne Louis Côté, directeur des programmes MBA de l'Université de Sherbrooke. Et c'est là que les MBA peuvent jouer leur rôle.

Le MBA est plus rentable pour les hommes que pour les femmes

Les donnés sont un peu troublantes. Les femmes gagnent 4 600 $ de moins que les hommes dans leur premier emploi obtenu à la suite d'un MBA, selon une recherche de Catalyst, qui examine la situation des femmes au travail.

" Les femmes qui gagnent moins que les hommes, c'est un mythe qui est en train de disparaître ", dit M. Lauzon, de Korn/Ferry. Mais l'écart existe toujours. La rémunération horaire moyenne des femmes qui occupent des postes de gestion naires au Québec était de 28,40 $ l'an dernier, par rapport à 35,09 $ pour les hommes, une différence de 19 %. Les statis-tiques montrent aussi des inégalités sur le plan du temps du travail, les hommes gestionnaires travaillant 2,6 heures de plus par semaine que les femmes.

" Le MBA a autant de valeur pour les femmes que pour les hommes, mais ça dépend du choix des industries ", estime Ross Geraghty, éditeur en chef de TopMBA.com, site spécialisé en éducation en gestion d'affaires.

Les femmes gagnent déjà moins avant de s'inscrire en MBA, dit Marie-Josée Roy, directrice par intérim du programme de MBA de l'Université de Laval, et après avoir reçu le diplôme, en général, elles choisissent des secteurs qui paient moins, comme les organismes sans but lucratif ou le secteur public. Ces statistiques ne découragent pas les femmes. Elles représentent près de la moitié des étudiants au MBA, et leur intérêt pour la gestion semble être plus élevé que jamais.

Plus d'écoles acceptent le test GRE à côté du GMAT

L'admission au MBA a été conditionnée pendant des années par le passage du GMAT, test qui mesure les compétences verbales, mathématiques et de rédaction analytique. Depuis quelque temps, de plus en plus d'écoles de gestion commencent à accepter aussi le GRE.

Le nombre des écoles qui acceptent le GRE a augmenté de plus de 120 % depuis janvier 2009. Environ 375 institutions dans le monde permettent aux candidats de s'inscrire au MBA avec le GRE, examen qui évalue les connaissances pour des études du 3e cycle.

" Accepter le GRE est logique pour un MBA cherchant à élargir et à diversifier le profil de ses candidats ", dit Mark McNutt, chargé des relations publiques de l'ETS, institution spécialisé dans l'évaluation académique.

La tendance se fait remarquer aussi au Canada : huit écoles de gestion acceptent le GRE. Selon l'ETS, seule l'Université Concordia l'accepte au Québec, et de façon exceptionnelle, puisque 99,9 % des étudiants du MBA de Concordia ont réussi le GMAT.

" Les tests sont une partie de l'ensemble recherché chez nos étudiants. Pour les candidats d'excellence, nous acceptons le GRE. Si le dossier montre certaines faiblesses, nous leur faisons passer le GMAT ", explique M. Hochstein, de l'Université Concordia.

Un cours en ligne vaut moins

Le stigmate dont souffraient les programmes en ligne est en train de se dissiper, parce que les grandes universités ont commencé à offrir des MBA en ligne, dit Marie-Josée Roy, directrice par intérim du programme de MBA de l'Université Laval, qui propose à partir de cette année un MBA pour cadres en exercice, en formule hybride, où l'on offre le choix des cours en classe ou en ligne.

Par contre, un programme qui se donne entièrement en ligne est difficilement acceptable pour certains représentants des universités. Roger Zaoré, directeur du comité de programme MBA de l'UQAR (Université du Québec à Rimouski), dit que pour lui " les discussions et échanges qui se font de vive voix dans une salle de classe n'ont pas de prix ".

L'emploi du temps surchargé des cadres explique aussi la popularité des mini-MBA. L'Institut des cadres de McGill en offre une trentaine, tels que l'Executive Development Course (le mini-MBA), l'Advanced Management Course ou l'Executive Leadership Program. " Ces cours s'adressent aux gestionnaires qui n'ont ni le temps, et parfois, ni le budget pour un MBA ou un EMBA, ou à ceux qui songent continuer avec l'un de ces programmes, mais qui veulent tester les choses. Notre mini-MBA ne remplace pas les programmes traditionnels, il ne comporte pas de diplôme ", explique Eric Saine, directeur du développement des affaires de l'Institut des cadres.

Les EMBA sont plus payants

Le salaire moyen annuel des diplômés des cinq premiers MBA du classement réalisé par le Financial Times cette année est de 150 000 $, par rapport aux diplômés des premiers MBA Exécutifs (EMBA), qui gagnent 262 000 $. Les salaires plus élevés et les postes qu'occupent les diplômés EMBA reflètent un profil différent.

Les étudiants des MBA comptent environ cinq ans d'expérience et leur moyenne d'âge est de moins de 30 ans. Chez les EMBA, on retrouve des gestionnaires expérimentés, dont la moyenne d'âge est de plus de 40 ans. " Nos étudiants ont de 18 à 20 ans d'expérience, et environ 13 ans en gestion. Plus de 50 % d'entre eux portent le titre de vice- président ou un titre plus élevé ", dit Alain Pinsonneault, codirecteur du EMBA McGill-HEC Montréal.

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