Localisation écoresponsable: votre immeuble, cet actif sous-évalué

Publié le 03/05/2019 à 13:10

Localisation écoresponsable: votre immeuble, cet actif sous-évalué

Publié le 03/05/2019 à 13:10

Par Diane Bérard

La Capitale a choisi de rapatrier ses activités de Québec dans son immeuble situé sur la colline parlementaire, un emplacement central de prestique.

Dans quelle mesure un immeuble contribue-t-il à la performance d’une entreprise?

Le bureau peut être un levier de création de valeur. Une localisation bien choisie maximise le temps productif des employés, augmente le bien-être des collaborateurs internes et externes et accroît l’efficacité organisationnelle. Ce sont les conclusions de la firme américaine JLL, spécialiste des services immobiliers.

Au Québec, l’ONG Vivre en Ville se penche depuis 2012 sur l’immobilier créateur de valeur. Elle s’apprête à publier un guide des meilleures pratiques. «En matière de développement durable, les entreprises accordent beaucoup d’importance aux attributs de l’immeuble qu’elles occupent, souligne l’urbaniste Amandine Rambert, coordonnatrice de projets pour Vivre en Ville. Les organisations visent des certifications LEED et Well. Mais leur stratégie comporte un angle mort: l’emplacement de l’immeuble.»

Vivre en Ville, qui accompagne les décideurs, les organisations et les citoyens pour bâtir des collectivités viables, parle de localisation écoresponsable.

Qu’est-ce que la localisation écoresponsable?

C’est une localisation qui a des retombées positives concrètes sur l’entreprise, sur l’environnement et sur la communauté.

Les retombées pour l’entreprise

Il est question de bien-être des employés (dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre) et d’image.

Selon le consultant JLL, quatre facteurs influencent le bien-être de l’employé :

1-L’accessibilité du lieu de travail (temps passé dans le véhicule, fluidité du déplacement, possibilité de choisir entre plusieurs modes de transport);

2-Le confort des espaces de travail ;

3-Les services internalisés (conciergerie, salle de sport, etc.);

4-L’environnement urbain (commerces, sentiment de sécurité, etc.).

«On observe que dans les quartiers mixtes, qui ressemblent à un 2e milieu de vie, les employés sont plus productifs, souligne Amandine Rambert. Et ceux qui travaillent dans des quartiers centraux demeurent plus longtemps au travail. Ils ne ressentent pas la pression de quitter plus tôt pour éviter les bouchons.» Elle poursuit, «D’ailleurs, lorsqu’une entreprise déplace ses activités vers un lieu qui réduit le déplacement de ses employés, la moitié du temps gagné est consacré au travail et l’autre aux loisirs. C’est un gain net pour l’employeur.»

Le gain se remarque aussi du côté des déplacements infraquotidiens du personnel et des visiteurs. Depuis que l’assureur Zurich a quitté son immeuble de Levallois-Perret, au nord-ouest de Paris, pour s’installer dans le Quartier Central des Affaires, son personnel de vente rencontre en moyenne deux fois plus de clients.

À Québec, l’assureur La Capitale a choisi de rapatrier ses bureaux de la région dans son édifice de la colline parlementaire et d’agrandir celui-ci. Ceci pour des raisons d’efficacité autant que d’image. La colline parlementaire étant un lieu emblématique de Québec.

JLL recommande à chaque entreprise de définir son niveau d’intensité externe, pour évaluer le poids d’une localisation centrale sur son efficacité organisationnelle :

-Une intensité faible signifie que 20% des cadres ont en moyenne 4 rendez-vous extérieurs par semaine;

-Une intensité moyenne signifie que 50% des cadres ont en moyenne 4 rendez-vous extérieurs par semaine;

-Une intensité forte signifie que 80% des cadres ont en moyenne 4 rendez-vous extérieurs par semaine.

Les retombées pour l’environnement

Ici, il est question de ne pas contribuer à l’ajout de véhicules ni de déplacements. Et de participer à l’effort collectif de réduction de GES.

Les retombées pour la communauté

Parlons d’abord de la communauté d’affaires. Les pôles d’emplois denses et mixtes soutiennent le tissu économique local. Ils créent un marché pour les commerces de proximité, auxquels les employés peuvent accéder à pied, à partir du site de l’entreprise. Il faut aussi parler des contrats divers dont bénéficient les fournisseurs locaux, à cause de l’effet de proximité.

Une entreprise qui s’installe dans un milieu de vie mixte a aussi un impact positif sur les citoyens. L’entreprise augmente la demande pour certains services, ce qui profitera aussi aux résidents. Elle requiert, par exemple, une bonification du système de transport. Il faut toutefois spécifier que l’arrivée d’une entreprise dans un quartier mixte peut aussi créer des enjeux de stationnement. Depuis 2012, Vivre en Ville collabore surtout avec les administrations publiques. Elle a incité celles-ci à réfléchir à la localisation optimale de leurs activités. Avec Châteauguay, par exemple, l’ONG a cartographié les pôles à renforcer et identifié les activités à accueillir dans chacun de ceux-ci. La municipalité a intégré ces réflexions dans sa planification.

Un autre projet pilote a été mené avec la Société québécoise des infrastructures (SQI). Au terme de celui-ci, la SQI a opté pour une superficie de travail plus petite par employés, mais un milieu de travail plus confortable.

Depuis un an, Vivre en Ville ajoute un interlocuteur et un service. Elle s’adresse aux entreprises. L’ONG souhaite venir en complément au travail du courtier immobilier. «Celui-ci suggère souvent deux ou trois emplacements aux entreprises qui souhaitent se relocaliser. Vivre en Ville peut évaluer ceux-ci sous l’angle de l’écoresponsabilité», dit Amandine Rambert. Ce service sera payant. Les deux premières organisations qui l’utiliseront auront droit à un rabais. À l’été 2019, L’ONG compte lancer un guide d’évaluation du caractère écoresponsable d’un emplacement. Les Affaires fera le suivi sur ce dossier.

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