Les stagiaires, ces ambassadeurs...


Édition du 11 Février 2017

Les stagiaires, ces ambassadeurs...


Édition du 11 Février 2017

Chez Sid Lee, la dernière étape du recrutement réunit les 250 candidats dans un bar, et les patrons les rencontrent sous forme de speed dating.

Pour plusieurs employeurs, les stagiaires sont de véritables porte-étendards de leur entreprise. C'est l'une des clés, non seulement pour recruter, mais aussi pour renforcer leur image de marque et faire rayonner leur organisation.

Chez iA Groupe financier, on estime que les jeunes sont d'excellents porte-paroles dans les écoles. «Lorsque nous nous rendons dans les écoles pour présenter ce que nous offrons, nous laissons la parole à des stagiaires qui racontent leur expérience. Ils sont là pour répondre aux questions des étudiants. Et nous incitons aussi les jeunes qui passent chez nous à parler de leur expérience autour d'eux», explique Jean-François Boulet, vice-président principal, ressources humaines et communications.

Cette entreprise n'est pas la seule à utiliser cette stratégie, constate Pierre Rivet, directeur du Service des relations avec l'industrie à l'École de technologie supérieure (ÉTS). C'est même une tendance qu'on observe de plus en plus, selon lui. «C'est beaucoup plus crédible de laisser des jeunes parler à leurs pairs. Alors, que ce soit dans les foires d'emplois, les conférences ou les présentations, de plus en plus d'entreprises mettent en vedette des stagiaires, anciens ou nouveaux, pour répondre aux questions, raconter leur parcours, etc.»

D'autres poussent le concept plus loin. «Certaines entreprises vont jusqu'à embaucher des ambassadeurs étudiants qu'ils paient quelques heures par semaine, entre deux stages», explique Annie Gignac, coordonnatrice aux activités et événements au Service de placement de l'Université Laval. Ils deviennent alors le lien entre l'entreprise et l'établissement d'enseignement. «Ces étudiants louent des locaux afin d'organiser des activités pour l'entreprise. Ils répondent aux questions de leurs pairs, font des annonces sur les stages ou les emplois offerts en classe, cite-t-elle en exemple. Cela permet aux organisations de conserver un lien sur le campus durant toute l'année.»

Chez Coveo, on offre à chacun des stagiaires un «kit de l'entreprise» qui contient différents articles, tous à l'effigie de cette firme spécialisée en logiciels de recherche intelligente. Ainsi, quand les jeunes sortent leur tasse sur laquelle il est écrit «I survived an internship at Coveo» en classe, cela suscite des discussions. Ils parlent de leur passage dans l'entreprise, de leur expérience, du travail accompli, etc. C'est un des moyens mis en place pour récompenser les étudiants, mais aussi pour faire rayonner le programme de stages de l'entreprise. «Depuis la création de notre programme, le mot s'est passé, et les stagiaires sont devenus d'excellents ambassadeurs de notre marque employeur», affirme Claude-Antoine Tremblay, directeur, communauté de talents.

Faire vivre une expérience

Offrir un stage hors du commun aux étudiants constitue aussi une excellente publicité auprès de la relève. En lançant Sid Lee Land, l'agence de création a conçu un univers presque parallèle à l'entreprise. Personnages colorés, interventions sur les médias sociaux, possibilités de travailler dans tous les bureaux de la firme qui se situent à Montréal, à Paris, à New York, à Los Angeles et à Toronto, mises en candidature web par vidéos : le programme suscite l'engouement, et Sid Lee rivalise ainsi avec les grandes agences mondiales pour recruter. «Au départ, nous voulions simplement mettre sur pied un programme de stages classique, mais notre notoriété a rapidement augmenté. À tel point que Sid Lee Land est devenue une marque en soi. Les jeunes l'attendent et en parlent entre eux», explique Peggy Boustany, chef de recrutement. Par exemple, l'édition 2016 a permis à l'entreprise de récolter 2 300 candidatures provenant de 47 pays.

Cela dit, il ne s'agit pas seulement d'une campagne de marketing pour les stagiaires (une quarantaine l'année passée), soutient Peggy Boustany. «Les gens qui passent chez nous vivent vraiment une expérience unique dont ils parlent ensuite autour d'eux. Le programme prévoit toutes sortes d'activités. Par exemple, la dernière étape de recrutement permet aussi de tisser des liens. Nous réunissons les 250 candidats retenus dans un bar, et les patrons les rencontrent sous forme de speed dating. Cela nous permet d'avoir des échanges intéressants avec eux, dans un cadre informel. Et cela donne le ton !» C'est un début dont ils se souviennent.

Apprendre au boulot

Pour susciter l'engouement, il ne suffit pas d'avoir recours à des outils de promotion. La qualité du stage, de l'encadrement et des mandats offerts aura toujours plus d'impact que la meilleure stratégie de marketing. Pour cela, il ne faut pas hésiter à confier du travail réel aux étudiants. «Quand les jeunes reviennent en classe, ils parlent de leur expérience entre eux. S'ils se sont ennuyés, c'est sûr qu'ils le diront aux autres. L'inverse est aussi vrai», avertit Denis-Robert Élias, directeur général du service des stages et du placement à l'Université de Sherbrooke.

C'est pourquoi chez Pomerleau, entreprise du domaine de la construction qui a accueilli une cinquantaine d'étudiants l'an passé, il n'est pas question de rester derrière un ordinateur à faire de l'entrée de données, lance Thierry Lefaivre, coordonnateur régional, acquisitions de talents et stratégies. «Les étudiants travaillent sur le terrain pendant quatre mois, en collaboration avec le surveillant du chantier. Ceux qui le veulent ont toute la latitude pour apprendre, pour prendre des décisions, pour se démarquer. Et c'est ce qui fait notre réputation.» Chaque année, une cinquantaine de stages sont offerts dans les bureaux de l'entreprise, à Québec, à Montréal et à Ottawa.

La formule est tellement populaire que le fichier des inscriptions, notamment à l'ÉTS, se remplit à la vitesse de l'éclair, poursuit le coordonnateur. «Les offres de stages ne sont plus affichées lorsqu'il y a 60 candidatures enregistrées, ce qui prend une heure et demie ! Certains ne les voient même pas passer, tellement c'est rapide.» Pomerleau ne s'assoit pas sur ses lauriers pour autant et a mis en place, l'an dernier, un programme d'excellence de stage. «Cela nous permet non seulement d'attirer les meilleurs, mais aussi de les récompenser. Un comité sélectionne les étudiants les plus prometteurs et leur offre une bourse de 1 000 $ et une promesse d'embauche.» Les lauréats font ensuite l'objet de promotion, notamment sur les médias sociaux. Un plus pour leur CV et une façon d'assurer la visibilité du programme pour la firme.

De son côté, Coveo a aussi lancé une initiative du genre l'an dernier. Les jeunes sont invités à documenter leur expérience d'un point de vue humain. Comment se sont-ils sentis intégrés ? Quels ont été les obstacles ? Ont-ils fait des gaffes ? Ils doivent ensuite faire une présentation à laquelle tous les employés peuvent assister, y compris les membres de la haute direction. Une façon de repérer les talents, certes, mais aussi de comprendre comment améliorer le programme. En effet, ce sera toujours la qualité de l'accueil qui aura le plus d'impact sur la réputation de l'entreprise. «Si une firme offre des mandats mineurs à ses stagiaires, cela ne leur donnera pas envie de revenir et de s'investir. Chez nous, les stagiaires travaillent donc aux mêmes mandats que tout le monde, mais par petites bouchées», conclut le directeur.

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