Entrevue n°154: Kathryn Minshew, pdf, The Daily Muse

Publié le 11/05/2013 à 00:00

Entrevue n°154: Kathryn Minshew, pdf, The Daily Muse

Publié le 11/05/2013 à 00:00

Par Diane Bérard

Kathryn Minshew apparaît sur les listes «Women changing the world in technology» et «30 under 30» de Forbes. Cette Américaine de 27 ans a cofondé le site de carrière The Daily Muse, dont la devise est «que voulez-vous faire de votre vie ?». Il touche une communauté de plus de 3 millions de membres. Au cours des trois derniers mois, 170 000 Canadiens l'ont consulté.

Diane Bérard - Les sites de recherche d'emploi ne manquent pas. Pourquoi en avoir créé un autre ?

Kathryn MiNshew - Mon site ne s'adresse pas à ceux qui cherchent un emploi. Il cible ceux qui s'interrogent sur la prochaine étape de leur vie. Ils sont nombreux : les femmes qui reviennent sur le marché du travail après une pause ou qui revoient leurs priorités, les personnes qui ne veulent pas occuper la même carrière jusqu'à la retraite, les chômeurs qui cherchent des horizons plus prometteurs, ceux dont les valeurs ne sont plus arrimées à celles de leur employeur... Toutes ces catégories de travailleurs ne trouvent pas de réponses sur les sites traditionnels de recherche d'emploi parce que leur quête est trop diffuse. Ils font face à trop de choix et pas à suffisamment d'information. Ils n'ont aucune idée des portes que leur formation et leurs compétences peuvent ouvrir.

D.B. - D'où est venue l'idée ?

K.M. - De ma vie ! En quittant McKinsey, après un contrat de deux ans, je me suis jointe à la Clinton Health Access Initiative. Cela m'a menée au Rwanda pendant six mois, où j'ai contribué à une initiative liée à la vaccination. L'expérience m'a plu, mais cela ne correspondait pas à ce que je voulais faire de ma vie. Au retour, j'ai navigué sur les sites de recherche d'emploi en quête de réponses. J'ai constaté qu'ils ne m'en donnaient pas ; ils m'en demandaient. Et je ne savais pas quoi mettre dans les cases... Ainsi a germé le concept de The Daily Muse.

D.B. - The Daily Muse est votre seconde entreprise. La première, PYP Media, a fermé ses portes après 10 mois. Pourquoi ?

K.M. - PYP Media était une plateforme de contenu pour professionnelles dans la vingtaine. Nous étions quatre fondateurs. Au bout de quelques mois, nous avons vécu un désaccord profond et inattendu sur la suite des choses. Nous avons fermé le site. Deux d'entre nous ont quitté l'entreprise pour fonder The Daily Muse. Les autres ont repris le concept PYP Media sous un autre nom. La leçon ? En affaires, ayez toujours un contrat en bonne et due forme. Le nôtre tenait sur un calepin de notes.

D.B. - Quel est le but de The Daily Muse ?

K.M. - Donner une chance égale à tous de trouver un emploi qui les rende heureux et de s'y développer. Mon père disait : «Si ce n'était pas du travail, on ne serait pas payé pour l'accomplir». Je ne suis pas d'accord. Notre travail nous définit, au même titre que notre relation avec notre conjoint. Il est normal d'entretenir des attentes élevées par rapport à une composante aussi importante de notre identité.

D.B. - Quelle est la section la plus populaire de votre site ?

K.M. - Celle qui donne des conseils pratiques à propos de l'entrevue d'emploi, du CV, du réseautage, etc. Il existe un code implicite de la «vie au travail» que tout le monde devrait connaître.

D.B. - Et l'article le plus lu ?

K.M. - Le texte intitulé «Business buzzwords to banish from your resume», qui rappelle au candidat qu'un CV doit être personnel.

D.B. - D'où provient votre contenu ?

K.M. - Près de 95 % est produit spécialement pour nous par 400 collaborateurs externes. Ce contenu est ensuite repris par Forbes, Yahoo, Mashable, etc.

D.B. - Parlons tendances. Quoi de neuf du côté de la recherche d'emploi ?

K.M. - D'abord, interagir sur Twitter avec le responsable des RH de l'entreprise où on rêve de travailler. Cela permet de se faire remarquer. Cette tendance implique aussi l'émergence du CV de 140 caractères. Il s'agit d'une phrase courte et précise vous décrivant assortie d'un lien vers votre profil détaillé. On assiste aussi à la renaissance de la lettre de présentation. Son contenu se révèle sophistiqué et elle emploie un ton direct. Finalement, de plus en plus de candidats recourent aux interactions informelles. On sollicite une rencontre d'une vingtaine de minutes avec un employé au profil voisin du nôtre dans l'entreprise qui nous attire.

D.B. - Et le réseautage, faut-il se farcir tous les cocktails pour progresser ? Peut-on tirer des résultats maximums pour des efforts minimums ?

K.M. - Ah ! ah ! ah ! Notre second article le plus populaire se nomme «An introvert's guide to networking». Je crois que je l'ai publié pour moi ! Je trouve les événements de groupe tellement intimidants. Heureusement, le réseautage ne se résume pas à cela. Des rencontres individuelles s'avèrent aussi efficaces.

D.B. - Votre site nous permet de visiter une centaine d'entreprises. Expliquez-nous le concept.

K.M. - Sous l'onglet «entreprises», vous trouvez une visite virtuelle des bureaux, des témoignages vidéo de quelques employés et les emplois offerts. Il nous paraît normal de voir l'intérieur d'une entreprise et ses gens avant d'y postuler.

D.B. - Votre offre ne comprend aucune entreprise du secteur financier ni du gouvernement. Votre site ne s'adresse-t-il qu'aux candidats des secteurs hyper-branchés ?

K.M. - Pas du tout. Le monde de la finance est plus conservateur. Pour les convaincre de se joindre à notre site, il fallait une formule établie. Nous approcherons le secteur financier lorsque notre clientèle sera suffisamment étendue. Quant au gouvernement, nous commençons à y pénétrer. Peu de gens comprennent la nature des emplois du secteur public. Nous allons démystifier ce secteur en commençant par le FBI et le département du Travail.

D.B. - Comment choisissez-vous les entreprises que vous présentez ?

K.M. - Nous les sélectionnons avec soin, car il en va de notre image. Une entreprise jeune comme la nôtre doit gérer sa marque avec soin et cohérence. Toutes les sections de notre site doivent refléter les mêmes valeurs liées au droit de chacun à un emploi stimulant où l'on peut se développer. Il nous est arrivé de refuser des employeurs ne correspondant pas à ces valeurs.

D.B. - D'où tirez-vous vos revenus ?

K.M. - Des offres d'emploi que les entreprises affichent sur notre site.

D.B. - La prochaine étape ?

K.M. - À part dominer le monde ? Nous allons colliger l'information que nous possédons sur un individu afin de mieux l'aider à trouver sa voie.

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