Les entrepreneurs québécois doivent se retrousser les manches

Publié le 30/07/2009 à 13:01

Les entrepreneurs québécois doivent se retrousser les manches

Publié le 30/07/2009 à 13:01

Par lesaffaires.com
Un sondage publié en février par la Fondation de l'entrepreneurship révélait un écart important entre l'entrepreneuriat québécois et celui du reste du Canada.

Selon ce sondage, il y a en proportion au Québec deux fois moins de propriétaires d'entreprise qu'ailleurs au Canada. La période de démarrage est plus longue que dans le reste du pays et, une fois créées, nos entreprises durent moins longtemps.

Le sondage dénote également une compétence moins affirmée chez l'entrepreneur québécois. Ce dernier se dit généralement inexpérimenté. Pourtant, il y a ici la même volonté d'entreprendre. Comment expliquer ce faible indice entrepreneurial ? Pour Jacques Bernier, président du nouveau fonds Teralys Capital, la culture de l'entrepreneur en série est encore jeune ici. "Les Québécois ont trop souvent tendance à se contenter des trois B : la BMW, le bateau et la beach house, dit-il. Après un succès, ils s'arrêtent."

Des barrières

Charles Sirois, un des entrepreneurs en série les plus connus au Québec, blâme un relent de catholicisme qui empêche de valoriser la recherche de la richesse. "Ici, c'est mal vu de gagner trop d'argent. En Californie, les entrepreneurs ne s'arrêtent pas à un succès. Et s'ils se cassent la figure, ils se relèvent et recommencent. Ils n'ont pas peur de l'échec."

Il y a aussi une question de langue, estime Garner Bornstein, un entrepreneur en série qui en est à sa quatrième entreprise. L'argent pour financer les entreprises à succès est aux États-Unis. "Or, les francophones qui ne sont pas américanisés ont moins de contacts là-bas et ils ont tendance à préférer être un gros poisson dans un petit bocal", constate-t-il.

Daniel Robichaud observe de son côté que les entrepreneurs francophones sont de bons bâtisseurs et développeurs, mais ils sont moins forts lorsque vient le temps de la commercialisation. Celui qui fait partie de la nouvelle génération d'entrepreneurs québécois promet de renverser la vapeur. Son conseil : "Il faut se faire des contacts dans la Silicon Valley, à Boston et ailleurs, dit-il. Quand je suis allé là-bas, je baragouinait à peine l'anglais, mais je peux vous assurer que je l'ai appris vite !"

L'anglais ne semble pas un problème pour le jeune Martin-Luc Tremblay. "Internet, ça se passe en anglais", dit le président de Bolidea, dont le site Web est unilingue anglais. "On va le traduire dès qu'on a une minute", promet-il.

Une situation inquiétante

Mené par Léger Marketing, le sondage de la Fondation pour l'entrepreneurship représente l'enquête la plus complète menée à ce jour sur l'entrepreneuriat au Québec et son positionnement au sein du Canada. L'objectif du sondage était d'établir un indice entrepreneurial et de le mesurer chaque année afin de noter l'évolution de la situation. Le sondage 2009 a été mené sur Internet par Léger Marketing en janvier dernier auprès de 17 192 répondants, dont 10 665 au Québec.

Lorsqu'il a été publié par la Fondation, son président l'a qualifié d'"alarmant". "Si rien ne change, si on ne se mobilise pas rapidement pour changer les choses, on se prépare un lendemain de veille assez terrible", a affirmé Mario Girard.

L'argent qui change le monde

Plusieurs entrepreneurs en série et jeunes investisseurs ne sont pas motivés par l'argent. Ils en veulent, bien sûr, pour s'offrir du luxe et une vie aisée. Mais ils veulent aussi "changer le monde", "faire le bien" et "accomplir quelque chose d'utile".

Daniel Robichaud dit que, s'il gagnait trois milliards de dollars, il en garderait un pour lui et investirait le reste dans des oeuvres philanthropiques axées sur le droit international et des technologies pour réduire la pollution. "Mon but, c'est d'être dans la fourchette des 200 décideurs qui ont le plus d'influence, pas pour avoir une Porsche, mais pour changer les choses", dit-il.

De son côté, Martin-Luc Archambault dit que les entreprises en démarrage sur lesquelles il travaille auront toutes un "volet social". Il souhaite, par exemple, que Artfox soit accessible gratuitement aux organismes sans but lucratif dans le domaine des arts. Garner Bornstein, lui, veut aider son frère qui oeuvre dans l'entrepreneuriat social. "L'argent, c'est une façon de mesurer le succès, mais ce n'est pas un but en soi. Ce qui compte, c'est d'accomplir des choses qui ont du sens", dit-il. Ces entrepreneurs en série marchent dans les traces d'autres, comme Charles Sirois, qui a démarré un système de prêts en Afrique, ou Austin Hill, fondateur de Zero Knowledge, dont la nouvelle entreprise de jeux en ligne, Akoha, utilise une partie de ses profits pour financer des initiatives humanitaires, comme la construction d'écoles au Népal, et invite ses utilisateurs à résaliser de bonnes actions.

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