Le Québec, là où la culture entrepreneuriale fait encore défaut

Publié le 07/05/2011 à 00:00, mis à jour le 13/05/2011 à 11:09

Le Québec, là où la culture entrepreneuriale fait encore défaut

Publié le 07/05/2011 à 00:00, mis à jour le 13/05/2011 à 11:09

Les Québécois sont moins nombreux que les autres Canadiens à posséder une entreprise ou à vouloir se lancer dans l'aventure entrepreneuriale, selon les dernières données de l'Indice entrepreneurial évalué depuis 2009 par la Fondation de l'entrepreneurship. Et cela n'a rien à voir avec la langue : c'est l'environnement qui pose problème.

Au Québec, 9,5 % de la population est propriétaire d'entreprise, par rapport à 16,3 % dans le reste du Canada. Il y a donc presque deux fois moins d'entrepreneurs dans la province que dans le reste du pays. Toutefois, en ce qui concerne l'intention de le devenir, l'écart s'est atténué depuis l'an dernier.

Au Québec, il y a 2,2 fois plus d'entrepreneurs anglophones que francophones. " De prime abord, on se dit que la langue est pour quelque chose dans cet écart. Mais on a creusé la question ", dit Marie-Ève Proulx, directrice recherche et analyste à la Fondation de l'entrepreneurship (FDE).

La FDE a ainsi constaté que ce n'est pas tellement la langue qui pose problème, mais bien davantage l'environnement dans lequel les entrepreneurs potentiels sont enracinés.

Lorsqu'ils vivent à l'extérieur du Québec, les francophones sont presque aussi entrepreneurs que les anglophones. Mais ils le sont deux fois moins s'ils restent au Québec. Cette disproportion est encore plus marquée chez les 35 ans et plus. " C'est grave, dit Mme Proulx, parce que les plus de 35 ans forment le groupe d'âge le plus apte à créer une entreprise : ils ont l'expérience et les moyens financiers voulus. En restant au Québec, cette génération réussit moins bien qu'ailleurs au Canada. "

D'après elle, le Québec doit se demander pourquoi il est un terrain moins propice à l'enracinement des entrepreneurs.

Tenu en faible estime

Le sondage apporte certains éléments de réponse. Les Québécois (80,4 %) sont moins nombreux que les autres Canadiens (83,7 %) à manifester de l'estime pour les entrepreneurs. Au Québec, l'ambition est peu reconnue comme une force caractérisant les entrepreneurs (19,2 % des Québécois par rapport à 30,2 % des Canadiens).

Les écarts sont encore plus marqués chez les jeunes. Par ailleurs, moins de la moitié d'entre eux reconnaissent l'apport des entrepreneurs dans leur collectivité. " Les jeunes Québécois montrent moins de respect envers la réussite ", dit Mme Proulx.

Notre culture nous suit, poursuit-elle. " Il n'y a pas si longtemps, mieux valait être employé que patron. La réussite, l'ambition et l'argent sont peu valorisés au Québec. "

Un autre frein à la culture entrepreneuriale est la peur de l'échec, plus grande chez les Québécois que chez les autres Canadiens. " L'échec est très mal vu. Or, c'est une occasion d'apprendre ! " indique Mme Proulx.

Lourdeurs bureaucratiques

Les complexités administrative, juridique et fiscale, ainsi que le système de soutien aux entrepreneurs freinent 26,6 % des démarcheurs québécois. C'est le cas pour 16,9 % des répondants dans le reste du Canada. " Cela est ressorti à plusieurs reprises dans le sondage, dit la directrice recherche et analyste à la FDE. C'est un frein auquel il faut s'attaquer. "

Par ailleurs, les démarcheurs québécois ont sollicité l'aide des services gouvernementaux de soutien à l'entrepreneuriat deux fois plus que les démarcheurs des autres provinces (26,7 % par rapport à 12,6 %), mais les démarcheurs et propriétaires québécois ont été deux fois moins nombreux à avoir reçu l'aide sollicité. " Cela crée un haut niveau d'insatisfaction ", dit Mme Proulx. À ces embûches s'ajoute le fait que les institutions financières sont frileuses.

Des solutions

La Fondation de l'entrepreneurship propose plusieurs pistes de solution. Notamment, une plus grande valorisation des entrepreneurs, " ceux qui sont ambitieux, prospères et qui réussissent ", dit Marie-Ève Proulx. C'est la responsabilité de toute la société de stimuler la culture entrepreneuriale, ajoute-t-elle.

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