Le parcours ambitieux de Lassana Mané à la RBC


Édition du 02 Mai 2015

Le parcours ambitieux de Lassana Mané à la RBC


Édition du 02 Mai 2015

Lassana Mané, planificateur financier au sein de la Banque Royale (RBC). [Photo: Jérôme Lavallée]

Lassana Mané est un homme de défis. À preuve, lorsqu'il a quitté la Guinée-Bissau pour venir étudier au Québec, en octobre 2000, il ne parlait pas du tout français. Aujourd'hui, en plus de maîtriser parfaitement la langue de Molière, il occupe un poste de planificateur financier au sein de la Banque Royale (RBC).

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Il faut dire que ce Canadien d'adoption a appris très tôt à repousser ses limites. Vers l'âge de deux ans, il a en effet souffert d'un trouble neurologique qui a entravé la croissance d'une de ses jambes. «Ma jambe gauche est plus courte que la droite. Malgré tout, mes parents m'ont toujours encouragé à jouer et à bouger. Ils me répétaient qu'il n'y avait rien qui soit hors de ma portée», affirme-t-il.

Il a décidé de faire un baccalauréat en économie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM). «À cause de mon handicap, je ne peux pas soulever de lourdes charges ni rester debout très longtemps. Mais mon choix de carrière n'a pas été guidé par ces limitations ; j'ai toujours été passionné par les chiffres et la finance», explique Lassana Mané. Les quelques mots de français que le jeune homme avait réussi à apprendre entre son arrivée au Canada et le début de ses études à l'UQAM n'étaient pas suffisants pour lui permettre d'assimiler la matière. «La première journée, la seule chose que j'ai comprise, ce sont les chiffres que le professeur avait notés au tableau», se souvient-il en riant. Ainsi, en plus de ses cours d'économie, il a suivi des cours de français.

Discuter de son plan de carrière

Ces efforts ont porté leurs fruits, puisque le jeune homme, qui avait alors 25 ans, a été recruté par la RBC en 2005, avant même d'obtenir son diplôme. «On m'a offert un poste de caissier. Lors de l'entrevue, je n'ai pas parlé du tout de mon handicap, non pas parce que je cherchais à le cacher, mais parce que je ne considérais pas qu'il s'agissait d'une contrainte», dit-il. Au bout de trois mois à la caisse, il a rencontré son supérieur afin de discuter de son plan de carrière. «Je lui ai dit que j'avais beaucoup plus à offrir et que je souhaitais devenir directeur des comptes. Sur ses conseils, je suis allé chercher mon permis de représentant en épargne collective, qui est un préalable pour ce poste», dit-il.

Mais l'ambition de Lassana Mané ne s'arrêtait pas là. Quelques mois après avoir réussi à décrocher le poste qu'il convoitait, il a rappelé son supérieur pour lui faire part de son intention de s'inscrire à un certificat en planification financière. «Je lui ai dit qu'une fois que j'aurais réussi mes examens, j'espérais qu'il me propose rapidement un poste à la mesure de mes nouvelles compétences. J'ai finalement été promu planificateur financier au moment même où je me préparais à passer les examens !»

Lassana Mané affirme que, depuis son entrée à la RBC, son handicap n'a jamais été un problème pour ses patrons. «La diversité est l'une des cinq valeurs fondamentales de l'institution, et la direction pose des gestes concrets en ce sens», observe-t-il. Par exemple, dès que le service des ressources humaines a été informé de son handicap, un conseiller l'a joint pour lui demander s'il avait besoin d'aménagements particuliers. «Pour le moment, je n'ai besoin de rien, mais je sais que si jamais la situation changeait, mes patrons feraient tout en leur pouvoir pour m'aider.»

Selon Raymond Chouinard, porte-parole pour la RBC, l'engagement de la banque à cet égard ne date pas d'hier. «Dans les années 1960 et 1970, nous avions déjà le souci de créer un environnement de travail inclusif. Nous nous sentons une responsabilité sociale, mais nous avons aussi le désir de refléter la diversité de notre clientèle, afin de mieux la servir», précise-t-il. En 2014, la firme Mediacorp Canada a d'ailleurs reconnu la RBC comme l'un des meilleurs employeurs du pays sur le plan de la diversité.

Le planificateur financier a toutefois dû composer avec le malaise que son handicap a suscité parmi quelques collègues et certains clients. «On m'a parfois pris en pitié ou jugé. Mais je suis d'avis que les gens finissent toujours par nous percevoir tel que nous nous percevons nous-mêmes. Or, je ne me considère pas vraiment comme une personne handicapée, car il n'y a rien de ce que j'ai déjà voulu accomplir que je n'aie jamais réussi», dit Lassana Mané.

Grâce à cette attitude positive, il inspire plus de confiance aux gens qu'il rencontre, car il met l'accent sur ses capacités, et non sur son incapacité. «Plusieurs d'entre eux s'intéressent à mon histoire. Au départ, j'étais un peu surpris, parce qu'en Afrique, lorsqu'ils font face à une personne handicapée, les membres de ma communauté ont plutôt tendance à lui demander ce qu'ils peuvent faire pour l'aider, sans qu'elle ait à fournir d'explications.»

«Cela dit, j'ai rapidement compris que ces questions m'offraient l'occasion d'engager un dialogue, et c'est ce qui m'importe le plus», philosophe celui qui n'aspire à rien de moins que d'occuper un poste de dirigeant à la RBC un jour. «Pour l'instant, je m'apprête à commencer le programme pour devenir chartered financial analyst [analyste financier agréé], avec pour objectif d'être, d'ici cinq ans, gestionnaire de portefeuille. Mais par la suite, qui sait jusqu'où je peux me rendre ?»

Inclure par l'emploi

Série 3 de 3. Des solutions pour faciliter le recrutement et l'adaptation à l'environnement de travail des employés atteints d'une limitation.

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