Le monde selon Godin : Éloge du pile ou face

Publié le 01/07/2011 à 09:53, mis à jour le 08/07/2011 à 10:41

Le monde selon Godin : Éloge du pile ou face

Publié le 01/07/2011 à 09:53, mis à jour le 08/07/2011 à 10:41

Par Premium

Nous avons très souvent à prendre des décisions sans pourtant disposer de toute l’information nécessaire pour le faire. Parfois, il n’existe tout simplement pas de données pertinentes — seulement quelques on-dit. Dans ces cas-là, que devons-nous faire ?

Cela me rappelle un lancement de jeux vidéo, en 1986 : il fallait établir leur prix de vente. C’était le plus gros projet de ma nouvelle carrière : une quarantaine de personnes y avaient travaillé pendant plus d’un an. Combien valaient ces jeux : 29 $, 34 $ ou 39 $ chacun ? Mes patrons et moi n’avions que 24 heures pour trancher, puis transmettre notre décision à l’équipe des ventes.

Nous étions les pionniers dans cette catégorie de jeux, donc nous n’avions aucun point de repère. Nous avons tenu notre réunion un jeudi, tard dans la journée. Si je me rappelle bien, à part moi, qui venais de sortir de l’université Stanford, il y avait deux diplômés de Harvard, un de Tuck et un autre de Wharton. Mais, contrairement aux études de cas que nous avions faites à l’université, cette fois-ci nous n’avions pas d’historique ni de beaux graphiques.###

Après avoir discuté pendant une bonne heure, nous avons fait la seule chose sensée et possible dans les circonstances : nous avons joué à pile ou face ; et, pour mettre toutes les chances de notre côté, nous avons choisi la formule « deux en trois ». Nous avons alors constaté que nous aurions dû dès le départ sortir une pièce de monnaie de notre poche plutôt que de nous perdre en conjectures stériles.

En fait, à mon avis, c’est aussi de cette façon qu’on devrait agir quand le résultat d’une élection est très serré, par exemple. On sait que, quand on procède au dépouillement d’un scrutin, le taux d’erreur est à peu près de 0,01 %. Alors, chaque fois que l’écart entre deux candidats est inférieur à ce pourcentage, on devrait choisir le gagnant à pile ou face : cela éviterait de perdre des mois et des millions de dollars en batailles juridiques !

Les étudiants chanceux qui ont été acceptés par cinq universités prestigieuses et qui doivent décider où ils s’inscriront devraient aussi jouer à pile ou face. Quand, une fois qu’on a procédé par élimination, il ne reste plus que deux possibilités — et que rien ne permet de faire un choix rationnel —, il faut arrêter de se casser la tête ! Pourquoi, en effet, dépenser des milliers de dollars pour faire des visites stressantes d’universités qui, de toute façon, ne permettront pas d’apprendre de de nouvelles choses vraiment utiles pour prendre une décision éclairée ? Faut-il rappeler que s’interroger en s’appuyant sur autre chose que des faits ne peut servir qu’à se conforter dans une décision — et non à prendre une bonne décision ?

Bref, quand on n’a pas suffisamment de données pertinentes pour motiver une décision — et quand on sait qu’on ne pourra pas en trouver —, il vaut mieux jouer à pile ou face. Quand on cesse de se mentir à soi-même, quand on ne se raconte pas d’histoires pour tenter de se convaincre qu’il est possible d’arriver à une décision rationnelle, on se rend compte rapidement que la meilleure chose à faire est de s’en remettre au hasard.

Une fois qu’on accepte cette idée, cesser de toujours remettre en question les décisions qu’on prend devient beaucoup plus facile.

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