La pression, alliée des leaders

Publié le 20/09/2011 à 09:46, mis à jour le 20/09/2011 à 09:46

La pression, alliée des leaders

Publié le 20/09/2011 à 09:46, mis à jour le 20/09/2011 à 09:46

Par Premium

Délais de réflexion de plus en plus courts, crises à répétition, environnement complexe… Les situations de stress dues à une pression constante abondent dans les entreprises. Cependant, pourquoi certains dirigeants parviennent-ils à garder leur sang-froid, alors que d’autres craquent à la (moindre) pression ?

Contrairement à la croyance générale, les grands leaders ne sont pas génétiquement programmés pour résister à la pression, c’est du moins ce qu’affirme paul sullivan, auteur de clutch: why some people excel under pressure and others don’t (portfolio, septembre 2010). selon l’expert, les champions de la gestion du stress ont tous acquis au fil du temps les compétences qui leur permettent d’en limiter les effets nuisibles, voire destructeurs. survol des aptitudes essentielles à développer pour garder la tête froide quand la pression monte.###

Le stress est une réaction de l’organisme qui, confronté à un danger, tente de s’adapter pour y faire face. Quand il n’est pas paralysant, le stress pousse donc les décideurs à s’adapter à leur environnement, qui, bien sûr, évolue constamment. Il peut s’avérer stimulant et même nécessaire pour gérer une équipe de travail ou une entreprise de manière optimale. Mais lorsque la pression ne retombe pas et que le stress est continu, des troubles comme l’anxiété et l’hyperémotivité ne tardent pas à apparaître, nous faisant perdre petit à petit toute capacité d’adaptation. Soumis à une pression constante ou excessive, les gestion¬naires peuvent éprouver des difficultés à prendre des décisions éclairées : ils perdent leur capacité de concentration, n’arrivent plus à prendre de recul et la réflexion devient impossible. Ils peuvent aussi s’énerver pour un rien et ainsi faire subir à leur entourage la pression qu’ils ne parviennent pas à maîtriser – l’ambiance de travail se détériore alors à la vitesse grand V. Si la situation perdure, les gestionnaires risquent de manquer de confiance en eux, et de perdre celle que leur accordent leurs collaborateurs et leurs supérieurs – puisque ceux-ci remettent alors en cause leur capacité à prendre de bonnes décisions quand la pression est forte. Ainsi fragilisés, ils n’osent plus agir, et leur leadership s’en trouve considérablement miné. Mais il n’est jamais trop tard pour reprendre le contrôle.

Performer sous pression

Qu’est-ce qui distingue les décideurs capables de faire face à la pression ? Quelques comportements en apparence anodins, mais qui sont déterminants, avance Paul Sullivan, auteur de Clutch: Why Some People Excel Under Pressure and Others Don’t. Voici les aptitudes clés qui, selon l’auteur, permettent d’éviter la panique.

Les comportements gagnants…

• La capacité à rester focalisés en toute circonstance Être disciplinés et constants nous permet d’éviter de nous détourner de nos objectifs et de rester dans la course quoi qu’il arrive.

• L’adaptabilité Ne pas laisser notre ego dicter nos choix. Accepter de changer d’avis et de mettre en pratique des idées nouvelles, y compris celles que nous jugions mauvaises auparavant.

• Penser au présent Ne pas s’appesantir sur les échecs passés, qui empêchent d’agir, ou sur de possibles réussites futures, qui peuvent nous pousser à prendre des décisions pour de mau¬vaises raisons (le désir d’obtenir une promotion, par exemple).

• Équilibrer crainte et désir d’action Prendre des risques tout en restant conscient du danger. C’est cette combinaison qui, enseignée aux marines américains envoyés sur le terrain pendant des conflits, leur permet de faire leur travail dans un environnement hostile.

En revanche, certains comportements constituent des facteurs qui aggravent le stress, pour nous comme pour ceux qui nous entourent.

… Et les comportements toxiques

• Être incapable d’assumer nos responsabilités L’inaptitude à prendre conscience de nos mauvaises décisions et à accepter la critique augmente la pression. Car les situations de fort stress imposent généralement aux gestionnaires de prendre des décisions impopulaires. Dans un tel contexte, assumer leurs décisions, même si elles s’avèrent mauvaises, leur permet de garder la confiance de leurs employés : ce n’est pas quand un gestionnaire commet des erreurs que ses collaborateurs s’offusquent, mais plutôt quand il refuse de les reconnaître.

• Ne pas savoir agir rapidement Si, en situation de calme, la réflexion est toujours un atout, elle peut aggraver le stress en période de forte pression. La capacité d’agir vite et sans paniquer quand la pression augmente est d’ailleurs la qualité qui différencie les champions des autres sportifs. Même pendant des tournois importants, « au 18 e trou, Tiger Woods joue comme s’il s’agissait d’une partie entre amis », dit Paul Sullivan.

Mieux affronter la pression

Si certains comportements peuvent aider à mieux appréhender le stress, Edward Hallowell, psychiatre et auteur de Shine: Using Brain Scien¬ce to Get the Best from Your People (Harvard Business Review Press, janvier 2011), soutient que la résistance à la pression s’apprend.

Travailler sur soi

> Se donner un but précis permet de maintenir le cap et de ne pas se contenter de réagir à un environnement en évolution constante. Définir un objectif clair aide par ailleurs à établir les priorités. Les dirigeants ont parfois tendance à vouloir tout contrôler – et risquent alors de se disperser –, quand certains objectifs secondaires pourraient pourtant être écartés temporairement. Ils doivent alors accepter de faire des compromis : que consentent-ils à abandonner pour atteindre leur but ? Par exemple, quand des catastrophes surviennent, la première action des ONG est de définir les priorités : en général, il faut gérer l’approvisionnement en eau avant de s’occuper de la nourriture ou des soins.

> S’entraîner pour devenir expert dans un domaine contribue à augmenter la résistance à la pression. Les militaires, les forces spéciales d’intervention ou les pompiers ne répètent-ils pas leurs tâches jusqu’à ce qu’ils les maîtrisent parfaitement et qu’elles deviennent de véritables réflexes ? C’est ce qui leur permet de limiter les erreurs quand ils travaillent sous pression. C’est également ce qui caractérise les grands sportifs. Au cours d’une interview, à un journaliste qui lui demandait comment il arrivait à gagner à tous les coups, Tiger Woods a répondu : « J’ai participé à plus de tournois que la plupart de mes adversaires. Chaque fois, j’ai répété les mêmes gestes, eu les mêmes émotions, affronté les mêmes situations. Au début, je perdais beaucoup de parties, mais j’ai fini par gagner ! » Constat : la plupart des gestionnaires qui cèdent à la pression ne font pas leurs tâches quoti¬diennes avec suffisamment d’aisance pour être en mesure de limiter, voire d’éviter, les erreurs en période de stress.

Accompagner les employés

Comment aider les employés à donner le meilleur d’eux-mêmes aux moments où la pression monte ? Le psychiatre Edward Hallowell invite les gestionnaires à respecter cinq prin¬cipes clés.

1. Jumeler adéquatement employés et fonctions

Affectez vos employés à des postes où ils sont compétents et où ils s’épanouissent, afin de les amener à développer leurs capacités et à réussir ce qu’ils entreprennent. Des employés satisfaits acceptent plus facilement la pression ponctuelle.

2. Favoriser l’entraide

Amenez vos employés à s’entraider, particulièrement en période de stress. Quand nous sommes sous pression, nous sommes naturellement portés à nous isoler. La collaboration permet de résoudre plus facilement les problèmes.

3. Développer une culture du jeu

Le jeu différencie les êtres humains des ordinateurs : c’est ce qui leur permet de s’affranchir de certaines règles quand l’environnement se transforme. Non seulement le jeu est un facteur de créativité, mais il nous aide aussi à nous adapter. Incitez vos employés à sortir de leurs habitudes, à innover et à trouver eux-mêmes des réponses au stress.

4. Favoriser la croissance

N’hésitez pas à vous montrer exigeant et à mettre vos employés au défi : vous les préparez ainsi à faire face à l’imprévu et au stress. Seule condition : prenez garde de confondre stimu¬lation (qui encourage à l’action) et pression (qui peut paralyser). Établissez un dialogue avec les membres de vos équipes afin de connaître leurs difficultés et d’avoir ainsi des exi¬gences raisonnables.

5. Être reconnaissant

Il est important de ne pas célébrer que les grandes réussites ou l’atteinte des objectifs. Veillez plutôt – surtout quand la pression est forte –, à mettre en valeur d’autres aspects importants, comme la bonne ambiance générale, l’esprit d’équipe, les progrès réalisés, etc.

Enfin, pourquoi ne pas s’inspirer des entreprises qui prévoient des périodes de temps libre pour permettre à leurs employés de faire baisser la pression et d’être ainsi performants de façon durable ? Certaines sociétés autorisent par exemple leurs employés à consacrer une partie de leur temps de travail à des projets personnels (Google), d’autres proposent des cours de conditionnement physique gratuits (SAS), et d’autres encore favorisent la conciliation travail-famille (Whole Foods Market).

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