La clé du leadership en affaires : la créativité

Publié le 04/02/2010 à 14:33

La clé du leadership en affaires : la créativité

Publié le 04/02/2010 à 14:33

«La créativité en affaires, c'est être inspiré et inspirant», affirme Philippe Meunier, chef de la création et associé principal chez Sid Lee, une agence de marketing, design, communication et publicité.


À 25 ans, l'entrepreneur créatif fonde sa propre firme de créativité commerciale, Diesel (devenu depuis Sid Lee). Dix-sept ans plus tard, l'agence compte plus de 260 artisans à Montréal, Amsterdam et Paris et sert des clients tels que le Cirque du Soleil, Red Bull et Adidas.

La créativité est loin d'être l'affaire des clowns et des originaux, selon M. Meunier. Que vous soyez à la tête d'une firme de comptables, d'ingénieurs ou d'une manufacture, développer une attitude créative au sein de votre entreprise est le secret de la pérennité et du succès, estime Philippe Meunier.

Urgence Leadership : En quoi la créativité est-elle importante, et ce, même pour les entreprises plus traditionnelles?

Philippe Meunier : C'est essentiel! Pour moi, la créativité est synonyme d'effervescence et d'intelligence. Lorsqu'une entreprise, peu importe son domaine d'activités, perd le désir d'aller dans des zones d'inconfort et dans de nouvelles dimensions, elle perd toute son intelligence et sa vitalité. La créativité en entreprise fait en sorte que les gens embrassent le changement et poussent les frontières plus loin. Et quand je parle de créativité, je ne parle pas nécessairement de s'asseoir et de lancer des idées, mais d'avoir une attitude créative.

UL : Qu'entendez-vous par attitude créative?

PM : C'est embrasser l'ouverture et le changement, être curieux et ne pas avoir peur de repousser les frontières.

UL : Comment un leader d'affaires qui arrive dans une entreprise ayant une culture corporative peu portée sur le changement peut-il arriver à mettre progressivement en place un environnement propice à la créativité, à une attitude créative?

PM : Il y a plein de trucs pour faire grandir les gens à l'intérieur de l'entreprise. Par exemple, le recrutement est essentiel. Toutes les personnes qui travaillent chez Sid Lee sont sélectionnées de façon très rigoureuse, afin de réussir à apporter cette culture au sein de l'entreprise.

Je dis souvent qu'au Québec, on a deux types de Québécois : les «Q majuscules» et les «q minuscules». Les «q minuscules» sont ceux qui ferment leurs murs autour d'eux, qui se ferment  l'esprit, même qui se ferment seulement sur Montréal ou Québec. Et il y a les «Q majuscules» qui embrassent le changement, qui n'ont pas de frontières et qui sont inspirés par l'ouverture et la culture. C'est une question d'attitude. Donc, quand on fait entrer des gens avec des petites mentalités dans nos entreprises, c'est là qu'on se referme.

UL : Vous parlez de recrutement, mais un leader ne pas tout changer du jour au lendemain. Comment un gestionnaire peut-il tirer profit de ses capacités de leadership pour amener son équipe à développer un esprit créatif?

PM : Je pense que c'est de passer du temps avec ses gens et de les influencer. Il faut que les gens sortent de leur bureau. Chez nous par exemple, on déjeune et on dîne avec nos employés. C'est une façon d'influencer toutes les strates de l'entreprise. Le fait que je prends mon assiette le midi et que je vais m'asseoir avec un nouveau venu ou avec quelqu'un avec qui je n'aurais normalement pas de liens directs, ces moments nous permettent d'avoir ce contact. Aujourd'hui en entreprise, les dirigeants ne parlent plus à leurs employés, ils ne peuvent donc pas les influencer. C'est en faisant des regroupements à l'interne que l'on peut diffuser ses croyances.

UL : Lors d'une réunion sur le développement d'un nouveau produit, d'une approche de marketing ou des stratégies d'entreprise, comment un leader d'affaires peut-il arriver à faire en sorte que les idées affluent, que l'esprit créatif de l'équipe se mette en branle?

PM : C'est surtout une question d'encourager le travail en équipe et de faire en sorte d'instaurer un contexte propice à l'émergence d'idées à l'intérieur d'un groupe. On a perdu cela en entreprise. Souvent, on travaille de façon très individualiste, on se fait des paliers d'approbation, on travaille de façon politique et non de façon ouverte. On travaille toujours avec la peur, ce qui fait en sorte qu'on valide avec tout le monde. Donc à moment donné, quand c'est le temps d'exposer une idée au groupe, le groupe n'a rien à dire parce que cela pris tellement de temps que finalement tu n'as pas le goût de lever ta main et de dire «je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée».

UL : Diriez-vous que la créativité est l'une des clés du leadership en affaires?

PM : Absolument. Sans la créativité, quelqu'un qui connaît du succès en affaires sera éphémère. Il y a plusieurs années, une entreprise qui avait du succès pouvait durer 20 ans. Aujourd'hui, ton industrie, ton entreprise ou ton commerce est challengé aux cinq ans. Maintenant, un entrepreneur qui n'a pas un esprit créatif de survie, peu importe le contexte dans lequel il évolue, a plus de chance de passer dans la sélection naturelle que de réussir à migrer et de grandir sous une autre forme. Donc la créativité est essentielle aujourd'hui dans la survie d'un entrepreneur et le sera encore plus dans le futur.

UL : Qu'est-ce qu'un environnement créatif à son meilleur à votre avis, dans le contexte d'une entreprise traditionnelle?

PM : La créativité en affaires, c'est être inspiré et inspirant. Quelqu'un en affaires qui est inspiré par le désir de faire les choses différemment devient inspirant pour les autres. C'est quelqu'un qui est capable de rayonner par sa passion, sa croyance et son désir d'aller plus loin, mais aussi, qui contamine les autres. Je pense que c'est la plus belle chose qu'un entrepreneur peut avoir au sein de son entreprise.

 
 

 

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