L'intelligence positive

Publié le 27/06/2012 à 14:29, mis à jour le 28/06/2012 à 14:30

L'intelligence positive

Publié le 27/06/2012 à 14:29, mis à jour le 28/06/2012 à 14:30

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Les gens heureux réussissent-ils mieux ? Selon l’auteur, il existe trois façons de cultiver son sentiment de bien-être pour réussir. À vous de les mettre en pratique…

Auteur : Shawn Achor, Havard Business Review

LES RECHERCHES MONTRENT UNE AMÉLIORATION de la performance sur presque tous les plans — productivité, créativité, investissement — lorsque les gens travaillent dans un état d’esprit positif. Or, le bonheur est peut-être le moteur de performance le moins compris. D’une part, la majorité des gens croient que la réussite précède le bonheur. « Je serai heureux quand j’aurai une promotion » ou « Je me sentirai bien quand j’aurai atteint mon objectif de ventes », pensent-ils. Toutefois, comme la réussite est un objectif mouvant — dès qu’on l’atteint, on le place plus haut — le bonheur qui en découle est éphémère.###

En fait, c’est plutôt l’inverse qui se produit : les personnes qui ont un esprit positif au travail réussissent mieux à relever les défis. J’appelle cela « l’avantage du bonheur » : chaque résultat opérationnel est amélioré lorsque l’esprit de l’employé est positif. À titre de chercheur et de conférencier sur le lien entre le bonheur des employés et la réussite, j’ai observé cet effet dans 48 pays.

Autre idée fausse répandue : notre bagage génétique, notre environnement ou une combinaison des deux déterminent notre degré de bonheur. Ces deux facteurs ont assurément un impact. Toutefois, le sentiment de bien-être général de chacun est étonnamment malléable. Pour accroître votre bonheur et vos chances de réussite, vous pouvez gérer les habitudes que vous développez, vos interactions avec vos collègues, ainsi que votre perception du stress.

Développez de nouvelles habitudes

Il n’y a pas de grande différence entre entraîner son esprit à penser positivement et faire tra­vailler ses muscles au gym. D’après de récentes études sur la neuroplasticité — la capacité du cerveau à se modifier, même à l’âge adulte — on reconfigure son cerveau à mesure que l’on développe de nouvelles habitudes.

Selon mes recherches, un bref exercice positif réalisé chaque jour pendant aussi peu que trois semaines peut avoir un impact durable. Par exemple, en décembre 2008, juste avant la pire période des déclarations de revenus depuis des décennies, j’ai travaillé avec des responsables de la fiscalité à KPMG à New York et au New Jersey pour voir si je pouvais les rendre plus heureux (je suis de toute évidence une personne optimiste). Je leur ai demandé de choisir une activité associée à un changement positif parmi les suivantes :

Notez trois choses pour lesquelles vous êtes reconnaissant ;

Écrivez un message positif à une personne de votre réseau de soutien social ;

Méditez à votre bureau pendant deux minutes ;

Faites de l’exercice pendant dix minutes ;

Prenez deux minutes pour décrire dans un journal l’expérience la plus importante des 24 dernières heures.

Les participants ont réalisé leur activité chaque jour pendant trois semaines. Plusieurs jours après la fin du programme, nous avons évalué tant les participants qu’un groupe témoin afin de déterminer leur sentiment de bien-être général. À quel point s’étaient-ils investis ? Étaient-ils déprimés ? Le groupe expérimental a obtenu un pointage nettement supérieur à celui du groupe témoin pour chaque paramètre. Quatre mois plus tard, lorsque nous avons évalué à nouveau les deux groupes, le groupe expérimental a une fois de plus obtenu des résultats très supérieurs pour ce qui est de l’optimisme et de la satisfaction dans la vie. En fait, le pointage moyen des participants sur l’échelle de la satisfaction dans la vie — un paramètre largement reconnu comme un des plus importants indicateurs de productivité et de bonheur au travail — est passé de 22,96 avant le programme à 27,23 quatre mois plus tard sur une échelle de 35 points, une hausse signifi­cative. Un seul exercice rapide chaque jour a suffi à maintenir ces responsables de la fiscalité dans un état de bonheur quatre mois après la fin du programme d’exercice. Le bonheur était devenu une habitude.

Aidez vos collègues

La plus efficace des cinq activités décrites ci-dessus pourrait être de vous investir de façon positive dans votre réseau de soutien social. Un soutien social solide est associé à un nombre étonnant de résultats désirables. Par exemple, des recherches menées par Julianne Holt-Lunstad, Timothy Smith et Bradley Layton montrent qu’un important réseau de soutien social assure une longue durée de vie de façon aussi fiable que l’exercice régulier, alors qu’un piètre soutien social est aussi nocif que l’hypertension.

Les bienfaits du soutien social ne se limitent pas au physique. Dans une étude que j’ai réalisée auprès de 1 648 étudiants de Harvard en colla­boration avec Phil Stone et Tal Ben-Shahar, nous avons constaté que le soutien social était l’indicateur prévisionnel de bonheur le plus important durant les périodes de grand stress. En fait, le coefficient de corrélation entre le bonheur et l’échelle de soutien social de Zimet (la mesure scientifique que nous avons utilisée pour évaluer l’investissement positif des étudiants dans leur réseau social) était un énorme 0,71 — en comparaison, le coefficient de corrélation entre la cigarette et le cancer est 0,37.

Cette étude était axée sur l’importance du soutien social que recevaient les étudiants. Toutefois, dans une étude de suivi que j’ai menée en mars 2011, j’ai constaté que le soutien social qu’offraient les étudiants contribuait encore plus à soutenir le bonheur et l’investissement. Par exemple, combien de fois un étudiant aide-t-il les autres lorsqu’ils sont débordés de travail ? Combien de fois amorce-t-il des interactions sociales au travail ? Ceux qui fournissent du soutien social, c’est-à-dire ceux qui ont pris la relève pour d’autres, ont invité des collègues à déjeuner et ont organisé des activités au bureau, étaient dix fois plus susceptibles de s’investir dans le travail que ceux qui ne socialisaient pas, et ils avaient 40 % plus de chances d’avoir une promotion.

Dans la pratique, comment le soutien social contribue-t-il au bonheur de l’employé ? Ochsner Health System, un important fournisseur de soins de santé avec lequel j’ai travaillé, utilise une approche que l’entreprise appelle la méthode « 10/5 » pour accroître le soutien social parmi les employés et les patients. Nous avons sensibilisé 11 000 employés, dirigeants et médecins aux répercussions du soutien social sur l’expérience du patient et nous leur avons demandé de modifier leur comportement. Lorsque les employés marchent à moins de dix pieds d’une autre personne à l’hôpital, ils doivent établir un contact visuel avec elle et lui sourire. À moins de cinq pieds, ils doivent lui dire bonjour. Depuis le lancement de la méthode 10/5, Ochsner a enregistré une hausse des visites uniques de patients, une augmentation de 5 % de la probabilité que le patient recommande l’organisation et une forte amélioration des pointages du fournisseur de soins de santé. Le soutien social semble non seulement accroître le bonheur des employés, mais également la satisfaction des clients.

Changez votre relation avec le stress

Le stress est un autre facteur important qui contribue au bonheur des gens au travail. De nombreuses entreprises offrent de la formation sur la manière de le combattre, mettant l’accent sur ses effets néfastes sur la santé. Le problème, c’est que les gens deviennent ensuite stressés à l’idée d’être stressés.

Il est important de se rappeler que le stress a son bon côté. Lorsque je travaillais avec Pfizer en février 2011, j’ai demandé aux hauts dirigeants d’énumérer les cinq expériences qui les avaient le plus forgés. La plupart des expériences qu’ils ont décrites étaient très stressantes — après tout, la croissance personnelle n’est pas le propre des vacances. Lisez n’importe quelle biographie et vous constaterez la même chose. Le stress n’est pas seulement un obstacle à la croissance, il peut aussi en être le moteur.

Votre attitude face au stress peut changer radicalement la façon dont il vous affecte. Dans une étude que j’ai menée avec Alia Crum et Peter Salovey chez UBS pendant la crise bancaire et la période de restructuration massive, nous avons demandé à des cadres de regarder l’une ou l’autre de deux vidéos : la première décrivait le stress comme ayant un effet débilitant sur la performance, et la seconde exposait les façons dont le stress améliore l’esprit et le corps. Lorsque nous avons évalué les employés six semaines plus tard, nous avons constaté que les personnes qui avaient vu la seconde vidéo avaient obtenu un pointage plus élevé sur l’échelle de réaction au stress — c’est-à-dire qu’elles considéraient le stress comme un facteur bénéfique plutôt que néfaste pour leur performance. Qui plus est, ces participants ont vu leurs problèmes de santé diminuer de façon significative et leur bonheur au travail augmenter nettement.

Le stress est inévitablement lié au travail. La prochaine fois que vous vous sentirez dépassé, essayez cet exercice. Faites une liste des facteurs de stress que vous ressentez. Répartissez-les en deux groupes, ceux que vous pouvez maîtriser (comme un projet ou votre boîte de messagerie) et ceux qui sont indépendants de votre volonté (le marché boursier, le prix du logement). Choisissez un stress que vous pouvez maîtriser et pensez à une petite mesure concrète que vous pouvez prendre pour le réduire. Vous pouvez ainsi ramener votre esprit à penser de façon positive et productive.

Il est évident que le fait d’accroître votre bonheur augmente vos chances de réussite. Développer de nouvelles habitudes, établir des liens avec vos collègues et penser au stress de manière positive sont de bons points de départ.

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