Entrevue : René Vézina recueille les confidences de Serge Godin

Publié le 19/02/2011 à 00:00, mis à jour le 03/05/2011 à 17:06

Entrevue : René Vézina recueille les confidences de Serge Godin

Publié le 19/02/2011 à 00:00, mis à jour le 03/05/2011 à 17:06

R.V. - Que faisait-il ?

S.G. - Comme je le dis souvent à la blague, il était dans le softwood. J'ai décidé que je ne briserais pas le moule, alors je me suis lancé dans le software... En fait, il avait des moulins à scie. Cela a été sa vie. Lorsque mon père réussissait à vendre son bois, il avait toujours un beau grand sourire. Je pensais alors : " Ça doit être le fun d'avoir du plaisir à gérer son entreprise. " Plusieurs années plus tard, chez CGI, nous avons décidé de définir tout cela, car la majorité des entreprises qui sont en Bourse ont une mission, une vision, un ensemble de valeurs. Nous avons quelque chose qui vient tout chapeauter. Cela s'appelle le rêve. Un rêve tout simple : créer un environnement dans lequel on a du plaisir à travailler ensemble. Et, comme propriétaire, bâtir une entreprise dont on peut être fier.

R.V. - Aviez-vous déjà le sentiment que vous alliez créer une grande entreprise qui, un jour, serait un phare du Québec inc ?

S.G.- Absolument pas. Au début de CGI, l'intention était vraiment d'avoir du plaisir dans notre métier, de relever des défis tout en ayant du fun à travailler ensemble dans un esprit de famille. D'ailleurs, les premiers à se joindre à CGI, c'était des amis avec qui j'avais étudié. Évidemment, il fallait être un peu fou ; c'était au début de l'informatique. Qui d'autre que des amis pouvaient accepter de se joindre à une entreprise où il n'y avait qu'un employé, moi ?

R.V. - Vous parlez de rêve : vous aviez donc une vision. Laquelle ?

S.G. - Nous sommes une entreprise de service. Il s'agit de rendre un service à un client et, à la toute fin, de recevoir une tape dans le dos : " Merci beaucoup, tu m'as donné un coup de main ". Aujourd'hui, nos gens visent encore le même objectif.

R.V. - Comment avez-vous réussi à transmettre cette valeur à vos employés ?

S.G. - Aujourd'hui, avec des employés répartis dans 125 bureaux, les concepts de base restent identiques. Ils ont même été structurés. Qu'ils soient à Düsseldorf, à Londres, à Montréal, à Québec ou à Bangalore, les employés doivent poser les mêmes 13 questions aux clients pour évaluer leur niveau de satisfaction sur une échelle de 1 à 10. Au dernier trimestre, on a obtenu 9,2 sur 10 à l'échelle mondiale. Au centre de notre travail, il y a les relations humaines. Évidemment, cela laisse supposer que le travail doit toujours être de grande qualité. Il faut que les gens se distinguent et essaient de surpasser leurs résultats au trimestre suivant dans un processus d'amélioration continue.

R.V. - CGI a grandi notamment grâce aux acquisitions. Comment convainc-t-on un groupe de gens qui constituent le noyau dur de passer à la vitesse supérieure ?

S.G. - Lorsque vous êtes un leader chez CGI, vous travaillez en équipe de manière organisée. Par exemple, chaque année, en juin, l'ensemble des 380 vice-présidents du monde entier se retrouvent à Montréal pour la planification stratégique. Les questions qui sont analysées par les membres du conseil d'administration sont posées aussi à tous les employés. Un groupe collige ces informations. Et lorsque les vice-présidents se rassemblent, ils connaissent les conclusions de l'ensemble des employés et réfléchissent en focus group sur chacune des propositions. Et, comme les gens ont travaillé à bâtir le plan eux-mêmes, ils le maîtrisent. Mon rôle consiste à être le gardien de cette façon de travailler. Je tiens à cela. Je veux que les gens partagent la même information, utilisent les mêmes façons de procéder, travaillent en équipe. Et c'est mesuré.

R.V. - D'ailleurs, du temps du magazine Commerce, on avait dressé un portrait de vous comme bâtisseur et vous aviez demandé qu'on prenne en photo votre équipe et vous, ensemble.

S.G. - Exactement. C'est toujours comme cela. D'ailleurs, cela me met toujours un peu mal à l'aise lorsqu'on veut faire un portrait de moi. Évidemment, si vous m'interviewez aujourd'hui, c'est CGI que vous interviewez. Les gens avec qui je travaille dans la vie de tous les jours y ont autant droit que moi, parce qu'on a travaillé de très près ensemble.

CV

Nom : Serge Godin

Âge : 60 ans

Titre : Président exécutif du conseil

Entreprise : CGI

Né à Shipshaw, au Saguenay, Serge Godin avait 26 ans quand il a fondé CGI, qui s'appelait à l'origine Consultants en gestion informatique. La firme tire aujourd'hui 60 % de ses revenus de mandats d'impartition. Membre de l'Ordre du Canada et de l'Ordre du Québec, il s'engage dans de nombreuses causes, notamment la Fondation Jeunesse-Vie qu'il a créée pour améliorer la santé d'enfants et d'adolescents de milieux défavorisés.

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