Encadrer, oui, étouffer non, réclame Stéphane Forget, nouveau pdg de la FCCQ


Édition du 15 Octobre 2016

Encadrer, oui, étouffer non, réclame Stéphane Forget, nouveau pdg de la FCCQ


Édition du 15 Octobre 2016

Le nouveau pdg de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Stéphane Forget. [Photo : Jérôme Lavallée]

Le nouveau pdg de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), Stéphane Forget, n'en démord pas. Il faut absolument créer des conditions propices à l'émergence et au développement de nouvelles technologies.

«Il faut encadrer sans étouffer l'innovation technologique et la libre concurrence», martèle-t-il.

Et ce, même lorsque ces technologies bouleversent un secteur commercial, comme c'est le cas d'Airbnb ou d'Uber. «Nous soutenons le projet-pilote encadrant l'activité d'Uber, dit-il. Nous tenons à ce qu'Uber soit une bonne entreprise citoyenne, qui paie ses taxes et ses impôts, mais nous sommes opposés à son interdiction. Les technologies de rupture, telles celles à la base d'Uber ou d'Airbnb, ne disparaîtront pas. Il faut s'y adapter et saisir les occasions qu'elles offrent, comme Alexandre Taillefer le fait avec Téo Taxi. Parfois, comme dans l'industrie du taxi, cela veut dire changer certaines règles dépassées ou améliorer la formation des travailleurs. Mais il faut laisser la libre concurrence agir.»

Même mot d'ordre quant au rôle du gouvernement dans la protection des sièges sociaux québécois. «Bien sûr qu'il faut protéger ce qu'on a bâti, concède-t-il. Mais on ne peut pas construire un mur autour du Québec. Nous sommes seulement huit millions, nous avons besoin des marchés extérieurs et du libre-échange. Nous souhaitons aussi attirer des investissements privés étrangers. Il faut faire attention aux signaux que l'on envoie lorsqu'on bloque une transaction.»

Le rôle du gouvernement, selon lui, serait moins de légiférer pour interdire des ventes ou d'investir lui-même dans le rachat d'entreprises d'ici que de leur donner les moyens de se développer et de se défendre elles-mêmes. Il cite en exemple le programme PerforME, qui vise à accélérer le développement de petites entreprises performantes. Ou encore l'Initiative manufacturière, une tournée des régions du Québec effectuée par le gouvernement et des représentants patronaux et syndicaux afin d'inciter les fabricants à profiter des 700 millions de dollars offerts par Investissement Québec pour des projets de modernisation.

Une organisation influente

Stéphane Forget a des idées bien arrêtées sur les débats les plus chauds de l'heure et n'hésite pas à les exprimer. Il hésite d'autant moins qu'il a eu l'occasion de mettre ses idées à l'épreuve et d'en puiser de nouvelles dans les différentes régions du Québec avant sa nomination comme pdg.

«J'ai fait une vaste tournée des chambres de commerce du Québec récemment pour élaborer notre plan d'action économique régional, et j'ai eu la responsabilité de développer notre plan stratégique 2016-2020 ; alors je me sens bien préparé pour mon nouveau rôle de pdg», lance Stéphane Forget.

Ce dernier prend la succession de Françoise Bertrand, laquelle a dirigé l'organisation patronale pendant plus de 13 ans. Elle était donc à la tête de la Fédération lors de son embauche, en 2014. Le titulaire d'un MBA exécutif, obtenu à l'École des sciences de la gestion (ESG UQAM) en 2009, arrivait de la Société de transport de Montréal, où il agissait comme directeur exécutif, relations externes et planification stratégique.

À l'époque, il connaissait la FCCQ de réputation seulement. Son niveau d'influence et la portée de sa parole l'ont étonné. «L'organisation est consultée, mais surtout écoutée attentivement par les gouvernements, car elle développe des positions étayées et nuancées», soutient-il.

Faire valoir l'expertise des membres

Il est convaincu que la structure particulière de la FCCQ est à l'origine de ce foisonnement d'idées. Comme son nom l'indique, elle rassemble les 140 chambres de commerce du Québec, lesquelles comptent plus de 60 000 entreprises et 150 000 hommes et femmes d'affaires. Mais elle est elle-même la chambre de commerce provinciale du Québec, représentant 1 200 entreprises. Pour permettre à tous ces membres d'exprimer leurs idées et de faire valoir leur expertise, la FCCQ mise sur 21 comités sectoriels, soutenus par plus de 400 personnes.

«C'est un atout unique parmi les organisations patronales, note-t-il. Cela permet de cerner rapidement les enjeux sur différents thèmes, comme la formation de la main-d'oeuvre ou l'entrepreneuriat, et dans plusieurs secteurs économiques, comme l'agroalimentaire, l'énergie ou le tourisme. Et cela offre l'accès à des experts sur ces sujets.»

Il peut aussi arriver qu'un nouveau comité soit créé pour répondre à un enjeu particulier. C'est le cas, en ce moment, de la commercialisation de l'innovation, un problème soulevé par plusieurs comités sectoriels et au sujet duquel Stéphane Forget souhaite développer des propositions claires.

Chose certaine, il souhaite que, sous sa gouverne, la FCCQ continue de faire entendre haut et fort la voix des entreprises d'ici et de défendre leurs intérêts, «comme l'a si bien fait Françoise Bertrand pendant toutes ces années», dit-il. Déclin démographique, productivité, exportation, innovation technologique, changements climatiques et développement des ressources naturelles sont sur son écran radar. Avec toujours en tête l'idée de concilier développement social et économique, car «l'un ne va pas sans l'autre».

 

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