Employés qualifiés recherchés, emplois assurés

Publié le 15/05/2010 à 00:00, mis à jour le 07/10/2013 à 13:03

Employés qualifiés recherchés, emplois assurés

Publié le 15/05/2010 à 00:00, mis à jour le 07/10/2013 à 13:03

Le cégep de Saint-Hyacinthe a tout essayé, tout déployé, mais en vain : le programme de techniques textiles a rendu l'âme, faute de matière première, les étudiants. Pourtant, l'industrie s'arrachait les quelques finissants au cours des dernières années, des jeunes formés à la fine pointe de la technologie pour revamper, justement, un secteur en décroissance.

À une centaine de kilomètres de là, au cégep de Trois-Rivières, les quatre diplômés 2009 en technologie de la mécanique du bâtiment (des personnes qui réparent et entretiennent des systèmes de ventilation ou de réfrigération, par exemple), ont reçu chacun en moyenne 17,8 offres. Au Collège Montmorency, à Laval, les 13 finissants en technique de paysage et commercialisation en horticulture environnementale ont reçu de leur côté une centaine d'offres d'emplois ! " Les futurs employeurs font tout pour séduire les élèves, certains leur offrent même des cellulaires ", dit la coordonnatrice du programme, Andrée Hélie.

Au cégep de Chicoutimi, le programme de technologie forestière n'a reçu que cinq demandes d'inscription pour l'année 2010-2011. La situation est la même en génie métallurgique. Les employeurs attendent les finissants. " Nous verrons le nombre final d'inscriptions après les deuxième ou troisième tours, dit Amélie Binette, du service de communication. Mais il ne sera pas élevé. " À Trois-Rivières, on a dû interrompre le programme de technique des pâtes et papiers, faute d'inscriptions.

" Le secteur forestier est en train de renaître, grâce aux technologies vertes et à tout le défi de la préservation. Mais le Québec ne sera plus dans le coup, faute d'employés qualifiés ", dit Simon Prévost, président des Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ).

Des programmes mal-aimés

Une quarantaine de programmes de formation professionnelle et technique de niveau secondaire et collégial ne parviennent pas à combler les besoins du marché. Ces mal-aimés ont un nom : des programmes en difficulté de recrutement. Le marasme est " assez généralisé, dit Amélie Binette, dans les techniques de gars ", soit celles qui exigent - ou du moins le croit-on - une certaine force physique ou des aptitudes manuelles : génie métallurgique, mécanique ou industriel au collégial; soudure, électronique, ébénisterie ou mécanique de machines fixes au secondaire.

Jean Blouin, conseiller pédagogique à la formation professionnelle de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, qui dessert l'ouest de l'Île de Montréal, évalue que seulement 10 % des programmes techniques du secondaire font le plein d'élèves, essentiellement, ceux qui sont liés à la santé.

Pendant ce temps, 30 % des jeunes sortent des écoles sans aucune formation, et 15 % ne seront pas diplômés à 25 ans. Tout cela dans un marché du travail mondialisé qui exigera de plus en plus d'employés qualifiés pour satisfaire aux exigences de productivité. " D'ici 2018, le rythme de croissance des emplois qui nécessitent une formation technique sera plus élevé (1,2 % par année) que ceux qui exigent un diplôme universitaire, ou pour l'ensemble du marché (0,7 %) ", dit l'économiste André Grenier, coordonnateur de l'équipe d'analyse du marché du travail à Emploi-Québec. Plus de 700 000 emplois seront à combler au Québec d'ici 2014 et le tiers d'entre eux exigeront une formation technique. " C'est un défi important. "

Une main-d'oeuvre perdue

" Le taux de réussite scolaire diminue, surtout celui des garçons. Et le coût social de cette non formation est énorme. "

Daniel Nadreau est directeur des ressources humaines de la mine Mont Wright, près de Fermont, qui appartient au géant Arcelor Mittal, la plus importante société minière du Québec. Un millier d'employés travaillent à l'extraction du minerai de fer. Plus les années passent, dit Daniel Nadreau, qui a 27 ans d'expérience dans le domaine, plus la dotation d'ingénieurs, de techniciens et d'opérateurs d'équipement est longue et coûteuse. Plus de 80 % des postes offerts exigent une formation post secondaire. " Il n'y a pas pénurie de main-d'oeuvre comme telle, mais de travailleurs qualifiés, oui, dit-il. Et le problème s'accen- tue à cause du départ à la retraite des baby-boomers. "

Certaines régions pâtiront plus encore de ces départs massifs : en Mauricie, on évalue que 9 emplois sur 10 seront à combler d'ici 2013 en raison des retraites. " Les taux de placement sont abominablement intéressants ", dit Jules Bergeron, économiste régional d'Emploi-Québec, devant un parterre d'étudiants du Collège Laflèche, à Trois-Rivières, venus rencontrer ce matin-là des employeurs de la région. " Vous êtes condamnés à occuper un job, et dans votre domaine d'études. " Peu de générations avant eux ont eu cette chance.

Encore faut-il qu'ils restent sur les bancs d'école. Dans la région, plus de 20 % des jeunes n'ont aucun diplôme et le quart d'entre eux sont au chômage. Un taux qui diminue de moitié dès qu'ils terminent leur secondaire.

C'est dans cette optique que sont réunis ce même matin, à une cinquantaine de kilomètres plus au nord, au Centre d'éducation aux adultes du Saint-Maurice, à Shawinigan, quelque 300 raccrocheurs venus entendre le comédien Martin Larocque. " T'es bon à quelque chose, mais il faut que tu le trouves ", martèle-t-il à ces jeunes qui reviennent sur les bancs d'école après des années d'errance. Sébastien, 21 ans, est de ceux-là : parcours scolaire chaotique, décrochage à 16 ans, retour pour terminer un DES en machinerie lourde. " Sans diplôme d'études secondaires, y'a rien à faire ", dit-il.

On réussira à récupérer un jeune sur deux, estime Jean-René Sauvageau, directeur du Centre local d'emploi (CLE) de Shawinigan-Grand-Mère. " L'autre moitié est une main-d'oeuvre perdue ", dit-il.

Cette absence de formation coûtera cher à l'économie québécoise, dit Daniel Nadreau. " Mon inquiétude va bien au-delà des mines. Nous ne pourrons pas maintenir notre niveau de vie sans des gains de productivité et nous y arriverons grâce à une main-d'oeuvre qualifiée. La concurrence est mondiale. "

Les problèmes de rétention et de diplomation des jeunes québécois, surtout chez les garçons, ont des causes multiples. Des solutions se dessinent. " Je peux dire que Québec s'est réveillé et que nous sommes tous mobilisés ", dit Jean Blouin, de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. Mieux vaut tard que jamais.

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