MAGAZINE A+ - Vous cherchez des bouquins qui vous feront réfléchir, cet été ? Puisez parmi ceux qui ont influencé six personnalités d'affaires.

Mélanie Joly associée directrice, Cohn & Wolfe Montréal et canditate à la mairie de Montréal

The Art of Possibility: Transforming Professional and Personal Life (en français, L'univers de la possibilité : un art à découvrir), de Benjamin Zander et Rosamund Stone-Zander (2002)

Au milieu des années 2000, Mélanie Joly est avocate dans un important cabinet. Emploi prestigieux. Gros salaire. Mais son travail la rend malheureuse. Elle tombe sur le livre du couple Zander : lui est chef d'orchestre de l'Orchestre philharmonique de Boston, et elle, coach d'affaires et thérapeute familiale. «J'ai compris que je n'étais pas obligée de suivre la voie habituelle qui aboutirait à un poste d'associé, que je pouvais même quitter le droit. Ce livre m'a aidée à relativiser mes craintes quant aux conséquences.» Sans cette lecture, la femme de 34 ans aurait fait un changement moins radical. Au lieu de se réorienter en communications, elle aurait sans doute poursuivi sa pratique du droit dans un petit cabinet ou dans un service de contentieux, croit-elle. «Les limites, on se les impose souvent soi-même. Ce livre, bien qu'il pousse à la remise en question, a été le catalyseur qui m'a donné le courage de changer de carrière et de me réinventer.»

Danièle Henkel présidente, Les Entreprises Danièle Henkel, et un des dragons de l'émission Dans l'oeil du dragon

Play Like a Man, Win Like a Woman: What Men Know About Success that Women Need to Learn (en français, Jouer comme un homme : gagner comme une femme), de Gail Evans (2000)

Ce livre inspire Danièle Henkel, car son auteure, qui était vice-présidente de CNN au moment de sa parution, a su jouer le jeu des hommes tout en continuant à faire les choses comme une femme. Une aptitude que la dragonne maîtrise à la perfection, elle aussi. «Quand on comprend comment les hommes pensent et fonctionnent, on collabore mieux avec eux.» C'est d'ailleurs là le message principal de l'auteure, croit-elle : «En affaires, nous devons réaliser des projets avec d'autres personnes. Prenons chacun la place qui nous revient et travaillons ensemble dans le respect de nos différences.» Il reste que le livre de chevet de Danièle Henkel - son exemplaire est tout annoté - peut aider les femmes à gagner plus de confiance en elles et d'assurance en leur faisant prendre conscience de certaines attitudes qui leur nuisent. Comme celle de prendre trop à coeur certaines situations et les refus qu'elles essuient. «Il faut cesser de penser qu'un "non" signifie qu'on n'est pas bonne ou qu'un tel ne nous aime pas, insiste-t-elle. Il faut demander des précisions et essayer encore.»

Éric Chouinard chef de la direction, iWeb

Mastering the Rockefeller Habits: What You Must Do to Increase the Value of Your Growing Firm, de Verne Harnish (2002)

«Pour iWeb, ce livre a été la bougie d'allumage, affirme Éric Chouinard. Nous lui devons une part de notre réussite.» L'ouvrage, destiné aux petites entreprises ambitieuses en forte croissance, s'appuie sur les principes de gestion d'entrepreneurs «à succès», dont John D. Rockefeller, fondateur de la Standard Oil, et propose une méthode pour augmenter la performance et la valeur. En gros, il s'agit de se donner une vision à long terme, d'établir ce qu'il faut accomplir chaque mois, voire chaque semaine pour l'atteindre, de mesurer le rendement de l'entreprise et la demande du marché, et d'assurer un suivi rigoureux. «Cette méthode procure des points de repère et de la discipline, dit Éric Chouinard. Nous l'avons utilisée pour établir et appliquer un plan d'affaires sur cinq ans lors de notre entrée en Bourse et nous avons dépassé notre objectif.» Une autre idée tirée du livre - faire tenir le plan stratégique sur une page - a porté ses fruits. «Les employés adhèrent davantage à un plan en cinq pages qu'à un long document», constate l'entrepreneur dont l'entreprise d'hébergement Web est redevenue privée en 2011. Éric Chouinard suggère aussi The Tipping Point: How Little Things Can Make a Big Difference (version française, Le Point de bascule : Comment faire une grande différence avec de très petites choses), de Malcolm Gladwell, qui explique avec moult exemples comment naissent les modes et les tendances.

Stéphane Dumont vice-président, Revolver 3

Raising the Bar: Integrity and Passion in Life and Business, de Gary Erickson et Lois Lorentzen (2004)

Stéphane Dumont a beaucoup de points communs avec Gary Erickson, fondateur de l'entreprise qui fabrique les barres énergétiques Clif. Comme lui, il est un sportif, un amateur de plein air qui carbure à la passion. Et comme lui, il fait vivre à son équipe des expériences axées sur de saines habitudes de vie, le besoin de dépassement, la collaboration et le plaisir. Par exemple, le personnel de l'agence spécialisée en mar- keting interactif s'est déjà entraîné pendant trois mois pour faire l'ascension du mont Washington. Une préparation physique, mais aussi psychologique, avec des formations sur le travail d'équipe. Certains ont suivi l'entraînement sans toutefois participer à la randonnée, mais qu'importe, car Stéphane Dumont adhère à la philosophie de Gary Erickson, pour qui l'expérience est plus importante que l'objectif. Il apprécie d'ailleurs l'analogie de l'auteur entre les affaires et les sentiers de vélo. Certains sentiers sont rapides, mais achalandés et risqués. L'équivalent en affaires des décisions axées sur la croissance rapide et la maximisation de la valeur pour les actionnaires. Puis, il y a les petites routes, qui laissent le temps de voir et d'apprécier le voyage. Celles que préfère le vice-président de Revolver 3. «Elles permettent d'innover et de prendre le temps de bien faire les choses. C'est ce qui a mené à notre positionnement stratégique de commerce émotionnel», dit celui dont l'entreprise a fusionné en mars dernier avec l'agence K3 Média.

Pascale Pageau présidente et fondatrice de Delegatus 

Rework (en français, Rework : Réussir autrement), de Jason Fried et David Heinemeier Hansson, (2010)

Quand elle a créé sa firme en 2005, Pascale Pageau a réinventé la structure d'un cabinet juridique. Mais en lisant ce livre quelques années plus tard, elle a compris qu'elle pouvait aussi réinventer la façon d'aborder la croissance. «Je ressentais une certaine pression pour adopter les façons de faire des grandes entreprises. Cette lecture m'a incitée à continuer à faire les choses autrement.» Par exemple, en évitant de consacrer trop de temps à la planification stratégique. «Nous avons une vision générale de ce que nous aimerions être dans cinq ans, mais comme il est impossible de prédire l'avenir, nous passons plus de temps à peaufiner nos prochains mouvements qu'à planifier à long terme.» Un autre exemple ? Les réunions, toxiques pour la productivité selon les auteurs. Cinq personnes dans une réunion de deux heures, c'est l'équivalent de 10 heures de travail ! La consigne chez Delegatus : des réunions courtes et ciblées. Enfin, Pascale Pageau a fait sienne cette mise en garde selon laquelle l'inspiration a une date d'expiration. «Quand tu as une idée, il faut y travailler tout de suite, car l'inspiration s'accompagne d'un sentiment d'euphorie et d'une poussée d'adrénaline. J'essaie de profiter au maximum de cet effet !»

Serge Beauchemin entrepreneur, investisseur et un des dragons de l'émission Dans l'oeil du dragon

The 22 Immutable Laws of Marketing (en français, Les 22 lois du marketing), d'Al Ries et Jack Trout (1994)

Ce livre, qui selon Serge Beauchemin résume l'essence du mar- keting stratégique, a profondément influencé sa façon de faire des affaires. «La game du marketing se passe dans la tête des clients, dans la perception qu'ils ont d'une marque ou d'une entreprise. C'est cet espace-là qu'il faut conquérir», a compris celui qui a fondé la firme de revente de logiciels 3-SOFT en 1987 et qui se qualifie d'autodidacte en affaires. Il cite l'une des lois d'Al Ries et de Jack Trout selon laquelle une entreprise doit adapter sa stratégie au rang qu'elle occupe dans la perception des consommateurs. «Quand on est quatrième dans un marché, on ne contredit pas les gens en prétendant être le leader. Si on ment dès le départ, cela sème le doute sur notre offre tout entière. Il faut plutôt s'appuyer sur sa position réelle dans la tête des clients pour tenter ensuite de la bonifier.» Le dragon, qui a vendu 3-SOFT en 2005, a toutefois passé outre certaines lois, dont celle qui dit qu'une marque forte dans une catégorie l'est rarement dans une autre. Erreur ! «Quand nous avons lancé des services techniques, nous avons misé sur notre nom, connu pour la vente de logiciels. Ça n'a jamais vraiment décollé, car dans la tête des clients, nous étions des fournisseurs de logiciels. Nous aurions dû créer une autre marque.» Serge Beauchemin suggère aussi Vivre, c'est vendre, de Jean-Marc Chaput. «C'est le premier livre d'affaires que j'ai lu à 19 ans, et ça a été une révélation. Une lecture incontournable pour les vendeurs, mais aussi pour tous ceux qui se préparent à se lancer en affaires.»

4 autres titres incontournables

•Execution: The Discipline of Getting Things Done, de Larry Bossidy et Ram Charan

•Good to Great, de Jim Collin

•Êtes-vous indispensable ? Libérez le linchpin qui est en vous... de Seth Godin

•Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu'ils entreprennent (en anglais, The 7 Habits of Highly Effective People), de Stephen R. Covey

Cet article a été publié dans l'édition estival du magazine de finances personnelles A+