Les périodes de crise sont le moment idéal pour instaurer un régime de travail souple.
Le télétravail, les horaires décalés, les semaines réduites et les congés sabbatiques courts sont souvent considérés comme des avantages sociaux octroyés en période de vaches grasses, mais vite supprimés quand vient le temps de resserrer les dépenses. Mais comme le démontrent mes recherches compilées dans mon livre à paraître Top Talent : Keeping Performance Up When Business Is Down, qui sera publié en octobre chez Harvard Business Press, les entreprises qui gèrent les horaires comme des espèces sonnantes découvrent là l'un des secrets pour surmonter la récession.
Étant donné les compressions brutales imposées aux employés épargnés, mais traumatisés, et des charges de travail nettement plus lourdes, l'assouplissement des horaires de travail est plus que jamais nécessaire. Pourtant, il est de plus en plus difficile de le faire. Selon un sondage du Center for Work-Life Policy, les exigences de présence physique prolongée au bureau ont plus que doublé entre juin et décembre 2008, passant de 22 à 55 %. Les professionnels craignant de perdre leur sécurité d'emploi s'enchaînent à leur bureau 12 heures par jour pour prouver qu'ils sont indispensables. " Les gens qui travaillent à la maison semblent moins dévoués, même si la plupart travaillent encore plus fort et, fait intéressant, sont plus souvent disponibles ", explique un cadre.
Une mesure, trois avantages
Les femmes en paient particulièrement le prix. Quelque 80 % des 5,1 millions de personnes ayant perdu leur emploi à cause de cette récession sont des hommes, de sorte que plusieurs épouses et mères au travail sont désormais les seules soutiens de famille. Comme les femmes acquittent une part disproportionnée des responsabilités familiales tout en gagnant généralement 20 % de moins que les hommes, il est raisonnable que les employeurs trouvent des façons de les aider à donner le meilleur d'elles-mêmes au travail.
Les entreprises à l'avant-garde constatent que le maintien ou la mise à jour de leur politique de flexibilité en période de crise comporte un triple avantage. L'assouplissement des horaires permet aux organisations de réduire la masse salariale sans réductions de personnel à grande échelle. En outre, alors que 73 % des gestionnaires sondés se disent " démoralisés ", cette solution déstigmatise les employés qui demandent plus de temps libre; cela stimule leur engagement et contribue à fidéliser les meilleurs éléments, de sorte que l'entreprise sera en mesure d'attaquer de nouveaux marchés lorsque s'amorcera la reprise économique.
Sylvia Ann Hewlett est économiste et présidente fondatrice du Centre pour la concilation travail-famille à New York. Elle dirige aussi le programme Genre et politiques publiques de l'Université Columbia. Elle publiera en octobre un nouveau livre chez Harvard Business Press, Top Talent: Keeping Performance Up When Business Is Down.
