Comment éviter un conflit de travail ou y mettre un terme


Édition du 30 Août 2014

Comment éviter un conflit de travail ou y mettre un terme


Édition du 30 Août 2014

Par François Normand

La communication, c'est payant

Avec le recul, les acteurs à qui nous avons parlé ayant vécu de près ou de loin une grève ou un lock-out estiment que ce conflit aurait sans doute pu être évité si les parties patronale et syndicale avaient mieux communiqué, notamment sur la santé financière de l'organisation.

«Si les employés et les employeurs négocient de bonne foi, cela permet d'avoir une discussion plus intelligente», dit Maryse Rousseau, vice-présidente du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, qui a représenté les syndiqués de la Sépaq lors de la grève de trois jours dans les parcs et les réserves fauniques du Québec, en octobre 2013.

Les hausses de salaire étaient au coeur du conflit. Le syndicat souhaitait un minimum de 2 % par année sur cinq ans, tandis que la Sépaq proposait 0,5 % en 2013-2014, suivi de 1 % les trois années suivantes. Le compromis ? Une augmentation de 2 % les deux premières années, suivie de 1 % en 2015, 2016 et 2017. «La Sépaq nous a expliqué qu'elle avait une marge de manoeuvre, mais seulement les deux premières années», dit Maryse Rousseau.

Pierre Bélanger, vice-président aux ressources humaines à la Sépaq, tire une leçon de ce conflit. Même si la direction communique régulièrement avec ses employés, elle le fera davantage pour mieux expliquer les défis auxquels la Sépaq fait face, dans une industrie touristique de plus en plus concurrentielle. «Nous avions communiqué notre situation financière aux syndicats, mais nous n'en avions pas la même interprétation.»

Selon Jacques Lessard, qui a été médiateur auprès de plusieurs entreprises comme Vidéotron, Air Canada et le Canadien National, on sous-estime trop souvent l'importance des bonnes relations de travail (transparence, confiance, échanges réguliers, etc.) entre les cycles de négociation collective pour limiter le risque de déclenchement d'une grève ou d'un lock-out.

«Si les gens qui ont eu des relations de travail plus positives, plus transparentes et comprenant des échanges sur l'avenir de leur entreprise ont persévéré dans ces échanges positifs, ils réussissent en général à obtenir des résultats intéressants», dit-il.

Une paix industrielle qui se maintient

Le Québec vit une relative paix industrielle depuis une dizaine d'années. En 2004, on comptait 132 conflits en vigueur au Québec comparativement à 84 en 2013, malgré une reprise des arrêts de travail ces dernières années, selon le ministère du Travail.

Au 21 août, 956 personnes se trouvaient en grève ou en lock-out au Québec, ce qui représente presque le double du nombre moyen de travailleurs touchés par un conflit dans la province ces dix dernières années (539 personnes).

Malgré cette hausse du nombre de conflits, on note une tendance à la baisse depuis 10, 20 ou 30 ans, insiste Marc-Antonin Hennebert, spécialiste en relation de travail à HEC Montréal. «Dans les années 1970, il y avait en moyenne de 300 à 350 conflits de travail par année au Québec. De 2000 à 2013, la moyenne avoisinait les 65 conflits.»

Selon les spécialistes, ce déclin à long terme des conflits dépend de plusieurs facteurs. La mondialisation de l'économie, et par conséquent la mobilité du capital, qui a changé le rapport de force en faveur des employeurs, en est un. De plus, il n'y a pas de «débalancement» quant aux enjeux entre patrons et syndicats, affirme pour sa part Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec.

«Depuis une trentaine d'années, la création du Fonds de solidarité de la FTQ et du Fondaction de la CSN ont fait en sorte que les syndicats ont une meilleure compréhension de l'économie, et c'est une bonne chose», soutient-il.

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