Comment devenir un bon orateur?

Publié le 08/03/2022 à 11:00

Comment devenir un bon orateur?

Publié le 08/03/2022 à 11:00

Par Olivier Schmouker

(Photo: Teemu Paananen pour Unsplash)

MAUDITE JOB! est une rubrique où Olivier Schmouker répond à vos interrogations les plus croustillantes [et les plus pertinentes] sur le monde de l’entreprise moderne… et, bien sûr, de ses travers. Un rendez-vous à lire les mardis et les jeudisVous avez envie de participer? Envoyez-nous votre question à mauditejob@groupecontex.ca

Q. – «Je dois bientôt présenter les résultats d’une étude devant la haute direction. Ça me stresse beaucoup, car je n’aime pas prendre la parole en public et certains résultats de l’étude ne vont pas dans le sens espéré par les patrons. Dans ces conditions, comment éviter de faire une présentation catastrophique?» – Karim

R. — Cher Karim, vous craignez que la haute direction de votre organisation ne se mette à tirer sur le messager, alors que c’est le message qui devrait attirer les foudres. Pour atténuer vos craintes, et le stress paralysant qui vient avec, il vous faut vous appuyer sur quelques trucs pratiques éprouvés en matière de présentation orale.

Matt Abrahams est professeur de comportement organisationnel à l’Université Stanford, aux États-Unis. Dans son balado «Think fast, talk smart» qui traite de l’art oratoire, il explique qu’une bonne prise de parole en public repose sur trois piliers:

– Il faut s’assurer que le contenu soit pertinent et compréhensible. Il doit donc être centré sur le public.

– Il doit être structuré et présenté de manière claire, concise et captivante.

– L’orateur doit être authentique et convaincant, si bien que le public a envie de l’écouter.

On le voit bien, l’enjeu est de se montrer «authentique et convaincant». Le truc de M. Abrahams? «En tant qu’êtres humains, nous sommes programmés pour prêter attention aux choses qui sont nouvelles, inédites et attrayantes, dit-il. Les émotions apportent cela.»

L’idée est de mettre de l’émotion dans sa présentation orale. «Car les émotions suscitent l’intérêt du public et rendent le contenu plus mémorable», explique-t-il, en soulignant que l’émotion véhiculée doit être à la fois «authentique» et «adaptée à la situation et aux attentes du public».

Bon. Mais maintenant, sur quelle émotion authentique devriez-vous jouer, mon cher Karim, pour bien faire passer votre message? J’ai une suggestion pour vous à ce sujet, appuyée sur une récente étude menée par Preply, une application d’apprentissage de langues dont le siège social est établi à Kyiv, en Ukraine.

L’étude de Preply porte sur un large panel de chefs de grandes entreprises connus pour souvent prendre la parole en public (Elon Musk, François-Henri Pinault, Ilham Kadri et autres). Une intelligence artificielle a analysé des dizaines et des dizaines d’heures de discours afin d’identifier les émotions les plus populaires auprès de ces leaders réputés. Voici l’essentiel de ce qui en ressort:

– La colère est l’émotion dominante, vu que plus du quart (27%) des chefs de grandes entreprises y recourent dans leurs discours.

– La neutralité (25%) est la deuxième émotion la plus populaire. Suivie par la joie (21%).

– La peur (8%) est l’émotion la moins populaire.

Par conséquent, une bonne approche pour vous peut consister à miser sur la neutralité: vous donnez les faits, rien que les faits, sans les juger ni les commenter. Et si vous vous en sentez capable, sur la colère — ou une de ses variantes, comme le courroux, le dépit ou encore l’indignation — à une occasion bien précise, par exemple par rapport à une donnée vraiment désolante pour votre organisation, car cela montrera que vous vous impliquez malgré tout, que vous n’êtes pas indifférent au coup dur auquel vous et vos collègues devez maintenant faire face.

Ainsi, vous gagneriez sûrement à vous inspirer de la façon dont Bernard Arnault prend la parole en public: les résultats de l’étude de Preply indiquent que le PDG de LVMH est l’homme d’affaires qui recourt le plus à la neutralité dans ses discours. Et d’Elon Musk, dont la note concernant la colère dans ses discours atteints… 99,6 sur 100. (Vous trouverez aisément des vidéos des deux en ligne.)

Pour terminer, un dernier point qui mérite d’être mentionné: les hommes et les femmes ne jouent pas sur les mêmes émotions lorsqu’ils prennent la parole en public.

– Les deux émotions les plus populaires auprès des dirigeants d’entreprise sont la colère (34%) et la neutralité (33%). La joie ne revient que dans 9% des cas.

– Auprès des dirigeantes d’entreprise, l’émotion la plus commune est, de loin, la joie (59%). La colère ne revient que dans 7% des cas.

Ce point me semble crucial, car si vous vous adressez à un public majoritairement féminin, il vous faudra en tenir compte dans l’émotion véhiculée par votre discours. Quant aux lectrices de ce billet, eh bien, retenez que vous forcer à jouer la colère sera contre-productif pour vous.

J’en reviens au conseil de Matt Abrahams, la clé, c’est d’être «authentique et convaincant». Ne vous aventurez donc jamais à «jouer» une émotion qui n’est pas sincère. Soyez vous-même et toute catastrophe devrait être dès lors évitée.

En passant, l’écrivain français Raymond Queneau disait: «Parler, c’est marcher devant soi».

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