Ces patrons qui ont les études de leurs employés à coeur

Publié le 28/08/2010 à 00:00, mis à jour le 26/08/2010 à 12:49

Ces patrons qui ont les études de leurs employés à coeur

Publié le 28/08/2010 à 00:00, mis à jour le 26/08/2010 à 12:49

Par Marie-Claude Morin

Caroline Parent a commencé à travailler au Théâtre Lionel-Groulx comme placière alors qu'elle était en quatrième secondaire. Six ans plus tard, l'étudiante universitaire de troisième année travaille toujours pour cette salle de spectacle de Sainte-Thérèse à titre d'agente de communication.

"Je suis restée parce qu'on m'a proposé des défis intéressants tout en comprenant la réalité étudiante", explique celle qui termine un baccalauréat en communication.

Il y a quelques années, lorsqu'elle a expliqué à ses patrons qu'elle aimait être gérante de salle, mais qu'elle manquait de temps, ils ont scindé le poste en deux, ce qui a permis à deux étudiantes d'acquérir une expérience pertinente tout en poursuivant leurs études. Depuis trois ans, ils lui permettent par ailleurs de s'absenter pendant trois mois pour travailler avec Spectra à l'organisation du Festival de Jazz et des Francofolies. "C'est une gestion super familiale. Mes collègues s'informent même de mes projets scolaires", dit-elle.

Sylvie Savard, présidente d'Aventures Ô Parc, l'entreprise qui gère Arbre en Arbre à Mont-Laurier, dans les Hautes-Laurentides, tient elle aussi à optimiser l'expérience de ses employés. Dès l'embauche, elle prépare une "boussole de l'employé" avec chacun. Celle-ci combine des objectifs personnels, comme diminuer sa timidité ou améliorer sa ponctualité, et des objectifs d'entreprise, liés par exemple à la qualité des patrouilles dans les sentiers. Mme Savard a même demandé à un étudiant en foresterie de créer un sentier d'interprétation. "Je veux qu'ils développent leur créativité et ils adorent ça !", estime celle qui emploie jusqu'à six jeunes en été.

C'est là quelques exemples d'entreprises qui innovent pour assurer le développement tant professionnel que scolaire de leurs jeunes employés. Elles participent d'ailleurs toutes à un programme régional de certification en conciliation travail-études. Lancés dans les Laurentides, puis repris au Saguenay, à Sherbrooke, dans Lanaudière et ailleurs, ces programmes de sensibilisation sont en gestation dans d'autres régions du Québec.

Un petit coup de pouce financier

Certaines entreprises aident aussi leurs employés financièrement. Au Canadian Tire de Sherbrooke, deux employés ont récemment reçu une bonne nouvelle : ils ont obtenu une des 20 bourses au mérite de 1000 $ décernées par la chaîne. "C'est la quatrième année que le programme existe et notre magasin compte au moins un boursier chaque année", précise fièrement Pierre Rancourt, directeur des ressources humaines de ce magasin où travaillent une cinquantaine d'étudiants.

Outre les bourses, la quinzaine de jeunes employés admissibles au régime de participation différée aux bénéfices peuvent retirer jusqu'à la moitié du montant accumulé pour payer leur inscription scolaire ou leurs livres.

Au Café de la Gare de Saint-Sauveur, les propriétaires Roger Rizk et Brigitte Aboud ont carrément payé les études d'un de leurs cuisiniers. Même si cette personne n'est plus avec eux, M. Rizk ne regrette pas du tout son expérience. "Je le referais à 100 %. Un diplôme, c'est nécessaire dans le monde du travail et ça permet aux employés de s'accomplir personnellement." C'est aussi un investissement pertinent pour contrer le manque de main-d'oeuvre qualifiée en cuisine, ajoute le restaurateur.

Certaines chaînes de restauration, dont la main-d'oeuvre est largement étudiante, investissent elles aussi dans des programmes de bourses. Par exemple, le siège social de St-Hubert fait tirer une vingtaine de bourses de 250 $ parmi la cinquantaine de jeunes qui reçoivent une bourse du même montant de leur franchisé.

Chez McDonald's, chaque année, neuf employés reçoivent une bourse de 10 000 $ (versée sur deux ans). Les franchisés versent également des bourses.

Un emploi à l'année pour diminuer les soucis

Pour la plupart des étudiants, le scénario idéal est de travailler un nombre d'heures raisonnable durant l'année scolaire, puis des semaines complètes pendant les vacances. Tout à fait le contraire des besoins des Glissades des Pays-d'en-Haut, qui fonctionnent à plein à Noël, en février et durant la relâche, puis ferment au printemps. Cela n'empêche pas l'entreprise de Piedmont d'offrir la possibilité d'un emploi prolongé. Comment ? "Nous avons établi des partenariats avec d'autres entreprises de la région qui sont aussi saisonnières, comme une cabane à sucre et une salle de spectacle", explique Julie Raymond, copropriétaire.

Offrir un emploi à l'année attire plusieurs candidats, croit Pierre Rancourt, chez Canadian Tire. Sur la cinquantaine de jeunes employés, seulement une dizaine ne travaillent pas toute l'année. Et encore, le magasin fait appel aux gens des centres de jardin pendant les fêtes.

"Allô, ici le patron de votre fils"

Que ce soit simplement pour obtenir leur aval ou pour signaler un problème, certains employeurs communiquent avec les parents de leurs jeunes employés. "Nous parlons systématiquement aux parents des élèves du secondaire lors de l'embauche, puis nous les tenons au courant si quelque chose ne va pas", dit Julie Raymond.

Ce qui ne veut pas dire que les choses ne peuvent pas se régler à l'interne. Julie et Nicolas Raymond privilégient une approche "porte ouverte". "Que l'employé ait des problèmes financiers, scolaires ou personnels, on en parle avec lui."

Isabelle Bouchard, conseillère en exploitation chez McDonald's, communique pour sa part avec les parents lorsqu'un jeune exprime le désir de faire carrière dans l'entreprise. Avant cela, elle s'assoit avec l'employé pour qu'il dresse le pour et le contre d'une telle décision. "Un choix de carrière, c'est important pour eux comme pour nous", dit-elle, précisant que tous les gestionnaires n'agissent pas de la sorte.

En contact avec des organismes

Très impliqué dans la communauté de Saint-Sauveur, Roger Rizk n'hésite pas à discuter avec les parents lorsqu'il constate un problème sérieux, par exemple un trouble de santé ou une fatigue excessive. "Je rapporte seulement les faits et si ça concerne le travail, j'en parle directement avec l'employé", précise-t-il.

Dans les cas plus difficiles, M. Rizk communique avec des organismes communautaires pour voir si des intervenants pourraient aider le jeune.

Si les problèmes sont d'ordre scolaire, c'est la femme de M. Rizk qui met sa passion pour l'enseignement à l'oeuvre. "Elle s'assoit dans un coin du café avec l'employé et, souvent, juste le fait d'en parler suffit à le faire débloquer."

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