« Une intelligence qui ne ment pas »

Publié le 13/11/2008 à 15:28

« Une intelligence qui ne ment pas »

Publié le 13/11/2008 à 15:28

Par lesaffaires.com
Le gourou québécois du leadership est frappé par la crédibilité de Barack Obama et par sa profonde connaissance de lui-même.

Entrevue avec Laurent Lapierre, titulaire de la Chaire Pierre-Péladeau en leadership de HEC Montréal.

Journal Les Affaires - Quelles sont les qualités qui vous frappent chez Obama et qui font de lui un leader d'exception ?

Laurent Lapierre - Sa crédibilité. Elle dépend d'une multitude de facteurs. Son parcours, son intelligence, qu'on peut percevoir par une foule d'indices, la qualité de sa communication, qui dépasse de beaucoup les mots qu'il utilise, etc. Il y a une intelligence du corps qui ne ment pas. Des électeurs « voient » et « sentent » cette intelligence, même si c'est subtil. Les leaders apprennent, naturellement le plus souvent, les secrets de l'expression vraie, pour communiquer à la télévision, par exemple. Je veux parler d'une façon authentique d'être et de s'exprimer qui traduit la « vérité » de la personne. Le public sait ou sent si la communication est vraie, si elle passe la rampe. Et c'est le corps qui parle. Il n'est pas nécessaire d'avoir suivi des cours ou d'être un spécialiste pour saisir. Des études ont montré que les mots utilisés comptent seulement pour 7 % de la crédibilité et de la confiance qu'inspire un message, alors que le visuel compte pour 55 %. Les premiers débats électoraux télévisés, au début des années 1960, en ont donné un exemple éloquent. Les personnes qui avaient écouté le débat Kennedy-Nixon à la radio étaient d'avis que Nixon avait gagné, alors que celles qui l'avaient suivi à la télévision étaient d'avis contraire.

JLA - Quelles qualités possède-t-il que nos dirigeants d'entreprise devraient s'approprier ?

L.L. - On dirige comme on est. Des dirigeants échouent autant à cause de leurs qualités que de leurs défauts personnels. Il y a peu de qualités dans l'absolu en gestion. On dirige avec sa tête, mais aussi avec son cœur et ses tripes. Les dirigeants qui veulent être autre chose que des gestionnaires efficaces et qui veulent avoir cette qualité qu'on appelle le leadership ont intérêt à connaître le fond de leurs tripes. L'écriture est probablement le moyen par excellence pour arriver à cette connaissance de soi. Barack Obama n'a pas eu une enfance et une adolescence faciles. Il a surmonté ses difficultés avec une grande maîtrise. Il a osé mettre par écrit ces passages difficiles et cela lui donne de la profondeur et une grande lucidité. Les grands leaders, comme Winston Churchill, Charles de Gaulle, le Mahatma Gandhi ou Nelson Mandela, ont utilisé l'écriture comme moyen d'introspection, surtout pendant les moments de crise ou les périodes dépressives. Il est plus profond d'écrire dans des moments d'inévitable solitude. On peut ensuite parler plus clairement, parce qu'on se connaît plus profondément.

Cet article a été publié dans le Journal Les Affaires le 15 novembre 2008.

 

 

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