Trois pousses prometteuses

Publié le 21/11/2009 à 00:00

Trois pousses prometteuses

Publié le 21/11/2009 à 00:00

Par Pierre Théroux

D'une économie qui a longtemps compté sur la présence de l'État et des compagnies d'assurance pour croître, on peut dire que la ville de Québec a réussi son virage vers le développement d'une économie innovante. Nous avons choisi trois petites entreprises qui ont fait leur marque sur la scène internationale en quelques années seulment. Ces succès, jumelés à ceux des célébrations du 400e, poussent la ville à rêver plus grand.

Vigneault Chocolatier

Vivre de sa créativité

Jean-René Lemire et Josée Vigneault avaient déjà une carrière, l'un en vente chez FedEx et l'autre comme graphiste, quand ils ont décidé de lancer leur entreprise.

" Nous voulions exploiter davantage notre créativité ", explique M. Lemire. Ainsi est partie l'aventure, abordée sous l'angle de " la santé, avec prédominance du plaisir ", dit-il.

Une formule qui se traduit autant dans les produits de Vigneault Chocolatier que dans sa gestion. " On vise la santé financière, mentale et physique. Pas question de faire des ulcères en travaillant ", résume le couple.

Le départ fulgurant de l'entreprise, avec son chocolat Theobroma fait à base de cacao pur, naturel et biologique, témoigne aussi du grand plaisir qu'ont les amateurs de chocolat à déguster les longues barres effilées de 35 grammes aux différents arômes : chocolat noir 72 % au naturel ou parsemé d'éclats d'ananas, de banane, de framboises, de noix de coco ou de café espresso.

" On s'est fait une niche en misant sur l'innovation. Si ça existe déjà, nous ne le faisons pas ", dit Josée Vigneault.

Nourriture céleste

L'histoire de Vigneault Chocolatier remonte à 2006. Après un stage auprès d'un maître-chocolatier européen établi à Québec, Josée Vigneault se met en mode R-D pour trouver des infusions et des textures aux saveurs uniques. " Nos chocolats visent à maximiser autant l'expérience gustative que les bienfaits sur la santé ", dit-elle.

Les chocolats Theobroma - cacaoyer, en grec ancien, ce qui signifie " nourriture des Dieux " - sont conçus avec de la pâte et du beurre de cacao biologiques, sans utilisation de graisse végétale ni de substitut au beurre de cacao.

L'entreprise utilise des huiles essentielles naturelles non génétiquement modifiées, des fruits, des noix et d'autres ingrédients naturels. Elle s'approvisionne principalement en Amérique centrale et sur le continent africain.

Au printemps 2008, Vigneault Chocolatier profite de la tenue à Montréal du Salon international de l'alimentation (SIAL) pour y présenter sa gamme de produits lancée quelques mois plus tôt. L'entreprise y sera consacrée grand gagnant international du prix Tendances et Innovation, parmi une sélection d'une cinquantaine de nouveaux produits.

" Ce prix a grandement contribué à nous faire connaître ", soulignent les entrepreneurs. Et pas seulement au Québec : la réputée chaîne new-yorkaise The Food Emporium, dont des représentants étaient présents à Montréal, leur ouvre les portes de sa quinzaine de magasins.

" Ça nous a aussi ouvert d'autres marchés aux États-Unis, surtout à Boston et dans d'autres États de la Nouvelle-Angleterre ", dit M. Lemire.

Les chocolats Theobroma sont disponibles dans des centaines de points de vente au pays, principalement des épiceries fines, des fruiteries et certaines grandes chaînes d'alimentation.

L'entreprise, qui a vendu un million de barres de chocolat en moins de deux ans, ne tire pas seulement fierté de ses produits. En avril, l'Association canadienne de l'emballage lui décernait le deuxième prix (Silver Award) des plus beaux emballages au pays, toutes catégories de produits confondues. Signe que la maître-chocolatière, qui s'affaire à concocter de nouvelles saveurs, n'a pas perdu ses talents de graphiste.

Les Urbainculteurs

La culture sur les toits du centre-ville

Quand Marie Eisenmann jette son regard sur Québec, elle y voit des centaines d'hectares... à cultiver ! " Les espaces ne manquent pas ", dit la cofondatrice des Urbainculteurs, qui ont choisi la Maison de Lauberivière.

L'été dernier, Les Urbainculteurs y ont installé 500 bacs pour transformer en jardin le toit du plus grand centre d'hébergement pour démunis à Québec. " Nous sommes à la merci d'organismes et d'entreprises pour avoir des denrées alimentaires. Ce projet a permis à nos cuisiniers de disposer d'aliments frais et diversifiés ", dit Frédéric Lapointe, coordonnateur à Lauberivière. On souhaite aussi faire participer des bénéficiaires de la Maison pour en faire un projet d'insertion sociale.

Jardins de ville

Entreprise sociale sans but non lucratif, Les Urbainculteurs promeuvent l'agriculture urbaine. " Parce que c'est là que vivent 80 % des Québécois. Et parce que nos aliments parcourent en moyenne 2 500 km avant d'arriver dans notre assiette, tandis que quelques mètres séparent le toit de la cuisine. "

Dans un contexte de développement durable, Les Urbainculteurs visent ainsi à rapprocher les lieux de production des lieux de consommation. En favorisant la production d'aliments en ville, l'organisme contribue à réduire l'émission de GES.

La création des Urbainculteurs découle d'une innovation québécoise découverte par hasard par Francis Denault, cofondateur de l'organisme et conjoint de Mme Eisenmann. Ces bacs de culture hors sol, fruit de 15 ans de travaux réalisés par un biologiste en collaboration avec Agriculture et Agroalimentaire Canada, offraient " la solution idéale et accessible à tous pour jardiner en ville, explique-t-elle. Le système s'adresse autant aux particuliers qu'aux organisations ou aux entreprises, en précisant que les bacs requièrent peu d'entretien et sont très performants. La conception du Biotop a été réalisée par Michel Dallaire, le designer industriel qui a dessiné le vélo en libre service BIXI.

Concetti Design

Vitrines muséales sur mesure

Cette petite entreprise de Québec se mesure avec les grands de ce monde en matière de vitrines muséales.

En moins de 10 ans, Concetti Design s'est taillé une place dans ce marché mondial qui regroupe une douzaine d'entreprises d'envergure, principalement européennes, dont certaines ont une tradition centenaire.

" Nos vitrines sont des produits de très haute technologie, qui doivent répondre aux normes très strictes de conservation et de sécurité exigées par les musées ", dit Pierre Giguère, directeur des ventes et du marketing.

La PME a même réussi à concevoir une vitrine à ouverture latérale plus grande que celle de la concurrence. " Le visiteur ne verra évidement pas la différence, mais les employés des musées qui doivent manipuler les artefacts, eux, la verront ", souligne M. Giguère.

Un marché de 100 millions de dollars

À ses débuts, en 1985, Concetti s'est fait connaître au Québec en se spécialisant dans la création et la fabrication sur mesure de mobilier et de kiosques d'exposition pour musées et centres d'interprétation. " L'ouverture du Musée de la civilisation a permis à Concetti de prendre son envol ", dit Pierre Giguère.

La vitrine muséologique génère 80 % des revenus de l'entreprise, qui est le seul fabricant au Canada. " Le marché mondial de la fabrication des vitrines muséales est de plus de 100 millions de dollars et notre entreprise vise une part de 10 % d'ici quelques années ", note M. Giguère. La PME concentrera ses efforts aux États-Unis et à ses 16 000 musées.

Concetti, qui emploie une quinzaine de personnes, vient de livrer et d'installer une vitrine de conservation pour Disney World, à Orlando. La pièce, équipée de verre anti-intrusion et d'un système d'éclairage par fibre optique, était aussi munie de systèmes de sécurité sophistiqués et d'un appareil électronique de contrôle de la température et de l'humidité.

L'innovation et la qualité de Concetti l'ont aussi mené au Michigan, au Musée Henry-Ford, qui a retenu sa candidature dans le cadre d'un concours international lancé par l'un des plus anciens et des plus vastes musées des États-Unis. Ce mandat pourrait déboucher sur un contrat de plus de un million de dollars.

Entre-temps, la PME vient de fournir une vingtaine de vitrines aux Archives publiques de l'Ontario. Seulement deux firmes avaient été retenues pour cet appel d'offres de près de 500 000 $.

À la une

Repreneuriat: des employés au rendez-vous

REPRENEURIAT. Le taux de survie des coopératives est bien meilleur que celui des entreprises privées.

La hausse de l'impôt sur le gain en capital rapporterait 1G$, selon Girard

Mis à jour à 13:47 | La Presse Canadienne

C’est ce qu’a indiqué le ministre des Finances, Eric Girard, mardi en commission parlementaire.

Gains en capital: l'AMC demande au gouvernement de reconsidérer les changements

L’augmentation du taux d’inclusion s’appliquerait aux gains en capital supérieurs à 250 000 $ pour les particuliers.