Terreau fertile pour PME innovantes

Publié le 05/12/2009 à 00:00

Terreau fertile pour PME innovantes

Publié le 05/12/2009 à 00:00

Par Pierre Théroux

Lévis n'a pas attendu la venue de l'Innoparc pour développer l'économie du savoir. Des entreprises oeuvrant dans des secteurs émergents, comme Vaperma ou Innovex, ou plus traditionnels, comme Labrie, ont innové. Ce qui les a bien servies pour faire leur marque à l'étranger. Portrait d'une ville qui s'affirme.

Groupe Environnemental Labrie

Des camions hi-tech

Le Groupe Environnemental Labrie s'est fait un nom jusqu'en Suède. En effet, l'entreprise de Saint-Nicolas, qui produit des équipements pour la collecte des déchets et des matières recyclables, vient d'y remporter le Sweedish Steel Prize.

Ce prix international est décerné depuis 10 ans à un industriel qui a réalisé une innovation technique intégrant l'acier. Cette année, le jury a récompensé l'usage d'un acier plus résistant à l'abrasion dans la fabrication d'une benne de camion à chargement frontal de Labrie. Cette innovation lui permet d'offrir des véhicules plus robustes, plus légers et qui ont une plus longue durée de vie.

L'entreprise, qui exporte 70 % de sa production aux États-Unis, est constamment en mode innovation.

" À cause du taux de change, il faut ajouter de la valeur à nos produits pour continuer à nous démarquer et survivre ", dit le chef de la direction, Jean Bourgeois.

Acquisition stratégique

Labrie, dont le chiffre d'affaires atteint 150 millions de dollars, est le troisième plus important fabricant nord-américain d'équipements destinés à la gestion des matières résiduelles.

L'entreprise produit annuellement plus de 1 000 véhicules de marques Labrie (chargement latéral), Leach (chargement arrière) et Wittke (chargement frontal). Elle construit aussi le Juggler, un camion qui utilise la technologie de séparation des solides et liquides.

En 2006, à l'arrivée de Jean Bourgeois, l'entreprise a acquis les marques Leach et Wittke de l'américaine Federal Signal. Une acquisition qui permettait au concepteur du premier véhicule de recyclage à chargement latéral de compléter sa gamme de produits et d'augmenter ses parts de marché pour se hisser parmi les plus importants acteurs de l'industrie.

Outre des entreprises comme Veolia et Waste Management, la clientèle de Labrie se compose de municipalités et MRC, de petites et de grandes flottes privées de l'industrie des rebuts.

Verts et intelligents

Labrie s'affaire à développer des camions plus intelligents et plus écologiques. " Les nouvelles technologies, comme le GPS, nous permettent d'équiper les camions de systèmes de gestion plus efficaces ", dit Jean Bourgeois.

L'entreprise a notamment développé son propre système de pesage. Un instrument utile pour l'industrie de la collecte commerciale, puisqu'il permet de calculer le poids de chaque collecte et de repérer les clients non rentables, tout en planifiant mieux les itinéraires. Labrie travaille aussi à la conception de camions qui offrent une meilleure performance énergétique.

Un réseau d'une cinquantaine de distributeurs assure la vente des véhicules de Labrie au Canada et aux États-Unis. L'entreprise exploite aussi un centre de pièces et de service à la clientèle à Oshkosh, au Wisconsin.

" En cette période protectionniste, le fait que nous soyons présents protège notre image; nous ne sommes pas une société étrangère ", dit M. Bourgeois.

Cette situation, jumelée à la force du dollar canadien, pousse Labrie à s'interroger sur la possibilité de s'implanter davantage aux États-Unis, " soit par l'établissement d'une usine, soit par une entente de partenariat avec un fabricant ", précise M. Bourgeois.

Vaperma

Séparer l'eau et l'éthanol, et préserver la Terre

À l'ère du développement des technologies propres, Vaperma propose une réponse à la demande grandissante de production d'énergies moins polluantes. L'entreprise cible principalement l'éthanol, appelé à remplacer un jour l'essence comme carburant.

" On prévoit la construction de 200 usines de production d'éthanol au cours des prochaines années. C'est une excellente occasion pour déployer notre technologie ", dit Claude Létourneau, président et directeur de cette entreprise de Saint-Romuald.

La technologie développée par Vaperma est une membrane, semblable à un filtre, qui permet de séparer l'eau de l'éthanol. Elle offre une solution de rechange aux procédés traditionnels de distillation et de déshydratation de l'éthanol, particulièrement coûteux et énergivores.

Cette solution, qui permet aussi de purifier l'éthanol à 99 % et plus, a l'avantage de réduire les coûts d'énergie dont une usine a besoin pour la purification de biocarburants, de même que les émissions de gaz à effet de serre, précise M. Létourneau.

Percées au Brésil

La technologie développée par Vaperma est valable pour toutes les formes d'éthanol, que la matière première utilisée soit le maïs, la cellulose ou la canne à sucre.

D'où l'intérêt du Brésil, ce champion du monde des biocarburants qui fonctionne à la canne à sucre pour produire de l'éthanol. Il y a deux ans, Vaperma signait une entente de coopération avec Dedini, un des plus importants fabricants d'usines de biocombustibles et de distilleries d'alcool en Amérique du Sud.

Cet accord permet l'utilisation du procédé de séparation de gaz par membrane de Vaperma par Dedini. " Cela nous ouvre les portes d'un marché où les débouchés sont immenses ", résume Claude Létourneau, précisant que cette technologie permet aux producteurs d'éthanol brésiliens de produire de l'alcool à moindre coût.

Ententes stratégiques

Autre partenariat d'importance : Vaperma travaille en collaboration avec le principal producteur d'éthanol au Canada, Éthanol GreenField. L'entreprise québécoise a conçu une membrane pour séparer la vapeur d'eau de l'éthanol, permettant à son partenaire, qui produit du bioéthanol à partir du maïs, de réduire de quelque 50 % sa consommation énergétique par rapport aux procédés traditionnels de distillation.

" Ce sont des partenariats d'affaires importants qui apportent crédibilité et reconnaissance à notre technologie ", dit l'homme d'affaires.

En mars dernier, Vaperma s'est associée à UOP, une filiale du géant américain Honeywell, qui développe des technologies pour les biocarburants de deuxième génération utilisant la biomasse cellulosique et les résidus agricoles.

Une fois de plus, pour Vaperma il s'agit d'une entente stratégique qui survient alors que l'agence américaine pour la protection de l'environnement s'apprête à faire passer de 10 à 15 % le maximum permis d'éthanol contenu dans l'essence.

D'ailleurs, le plan énergétique du président Obama, qui vise à stimuler la production d'énergies alternatives, " est annonciateur de bonnes nouvelles pour une entreprise comme la nôtre ", dit Claude Létourneau.

Des investisseurs étrangers

La membrane de Vaperma est le fruit d'un long travail de R-D amorcé il y a près de 20 ans par le cofondateur Christian Roy, une sommité mondiale dans le domaine de la pyrolyse sous vide, qui était professeur au Département de génie chimique de l'Université Laval.

En 2003, dans un petit garage, la PME de six employés prend forme et réussit rapidement à amasser plus de 40 millions de dollars, venant d'investisseurs étrangers et québécois : Low Carbon Accelerator, une société britannique d'investissement à capital fixe, Volvo Technology Transfer, active dans les transports en commun et les camions, Emerald Technology Ventures, une firme suisse de capital de risque, la Banque de développement du Canada et Cycle Capital, un fonds québécois spécialisé dans les technologies propres et renouvelables.

Ces fonds ont notamment permis à Vaperma de concevoir les premières applications commerciales de sa technologie, grâce, entre autres, à l'implantation d'une usine d'exploitation-pilote. Après avoir compté jusqu'à 80 personnes, l'effectif de Vaperma est d'une quarantaine de personnes.

" Pour une entreprise en démarrage, la crise économique est particulièrement difficile ", reconnaît Claude Létourneau.

La PME mise sur d'autres marchés que l'éthanol pour assurer sa croissance. Le procédé de séparation par membrane développé par Vaperma sert, non seulement à la production de l'éthanolcarburant, mais aussi à la déshydratation du gaz naturel et du biogaz, et à celle des produits chimiques.

Innovex

Le géotextile comme solution permanente

L'expertise d'Innovex est utilisée aux quatre coins du Québec, notamment aux Îles-de-la-Madeleine, où l'érosion des berges est une lutte de tous les instants. L'été dernier, la PME de Lévis a trouvé une solution au problème d'une digue qui devait être remplacée régulièrement en raison des vagues.

" Il s'agissait de poser une membrane géotextile dans le fond de l'eau, qui maintiendrait les roches en place de façon permanente ", explique le pdg Paul Anderson.

Encore fallait-il trouver une membrane assez grande pour couvrir toute la superficie du brise-roches. " Les produits réguliers ne suffisaient pas. Nous avons demandé une solution sur-mesure au manufacturier, qui a cousu plusieurs panneaux de géotextile ensemble ", dit M. Anderson.

Car si Innovex se spécialise dans la distribution de produits géosynthétiques, elle agit aussi comme une entreprise de service-conseil auprès de sa clientèle.

" Avec tous les produits sur le marché, les clients ne sont pas toujours en mesure de choisir la solution appropriée. Nous sommes là pour mieux les guider ", dit Steve Leduc, directeur des ventes, en précisant que l'entreprise s'approvisionne surtout auprès de manufacturiers américains.

Travaux routiers

Innovex, fondée en 1990, a également réalisé des projets avec, entre autres, la Société des établissements de plein-air du Québec, le ministère des Transports du Québec, l'Agence métropolitaine de transport et différentes entreprises.

Ainsi, dans le cadre des travaux de prolongement de l'autoroute 50, entre Gatineau et Lachute, Innovex a été appelée à résoudre un problème causé par une nappe phréatique, qui rendait la construction d'une route difficile.

La PME a aussi participé aux travaux de la route 175, au coeur du parc des Laurentides, et à ceux du prolongement de l'autoroute 30. " Environ 60 % des applications des géotextiles servent dans la construction de route ", souligne Steve Leduc.

Innovex travaille en collaboration avec les instances gouvernementales pour trouver des solutions au problème de l'érosion des berges sur la Côte-Nord et en Gaspésie. Alcan a aussi fait appel à Innovex pour la protection des berges du lac Saint-Jean, près de ses établissements.

Synthétique, biodégradable ou végétalisé

Les géotextiles sont utilisés dans le secteur du génie civil, tout comme en aménagement paysager et en agriculture. Ces membranes servent à séparer des matériaux, à drainer, à renforcer, à protéger ou à étanchéiser les sols.

Greffés à des poteaux de bois, les géotextiles se changent en barrières ou en clôtures temporaires pour protéger, par exemple, les cours d'eau contre l'accumulation de sédiments lors de travaux de construction.

Faites de fibres synthétiques, ces membranes " ne pourrissent pas dans le sol et ont donc une très longue durée de vie ", affirme Paul Anderson. Pour les besoins à plus court terme, l'entreprise offre des matériaux biodégradables constitués de fibres de noix de coco.

Quand les projets sont visibles (murs de soutènement, pour talus anti-bruit le long d'une autoroute), l'entreprise propose une infrastructure doublée d'un géotextile qui permet l'ensemencement sur sa face externe.

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