S'offrir les meilleurs chercheurs du monde grâce au Web

Publié le 13/03/2010 à 00:00

S'offrir les meilleurs chercheurs du monde grâce au Web

Publié le 13/03/2010 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Si le service de R-D de votre entreprise ne parvient pas à résoudre un problème, pourquoi n'irait-il pas voir si d'autres scientifiques pourraient lui en apporter la solution ? Et ce faisant, aider votre entreprise à mieux innover, plus rapidement et à moindre coût ?

Tel est l'objectif d'un nombre croissant de plateformes Web d'échanges de connaissances entre scientifiques et entreprises à la recherche de solutions technologiques. Ces plateformes s'appellent InnoCentive, Crowdspirit, Yet2.com, Ninesigma ou YourEncore.com, entre autres.

Grâce à ces réseaux virtuels, des entreprises, les seekers, exposent un problème pour lequel elles cherchent une solution. Les scientifiques membres du réseau, les solvers, offrent les solutions aux entreprises présentant des défis qui les intéressent. Seules les solutions retenues sont récompensées financièrement.

Un nombre croissant de grands donneurs d'ordres, parmi les plus innovants, font appel à ces réseaux virtuels d'innovation ouverte : Procter & Gamble, Boeing, Eli Lilly, General Mills, Kimberley Clark...

Aux États-Unis, InnoCentive fait figure de pionnier dans ce nouveau marché des idées. Lancée en 2001 par la filiale de capital de risque de Eli Lilly, mais devenue indépendante en 2005, cette entreprise de la région de Boston compte 200 000 solvers dans le monde, qui se spécialisent dans une foule de domaines, notamment en chimie. Ils gagnent de 8 000 à plus de 50 000 $ US chaque fois qu'ils règlent un problème.

InnoCentive n'offre pas de solutions, mais tel un courtier, elle relie ceux qui les cherchent et ceux qui les trouvent. Pour afficher un problème (qu'on appelle un défi), on s'inscrit sur le site d'InnoCentive.com. Un de ses experts (ils sont 1 000) le formulera pour que l'anonymat du seeker soit préservé et pour qu'un maximum de solvers puissent y répondre. C'est tout un défi ! InnoCentive s'occupera également de gérer les questions de propriété intellectuelle (PI). Les frais pour afficher un défi varient et il faudra aussi récompenser le gagnant du défi. Et InnoCentive prend une commission d'environ 40 %.

Fort taux de réussite

À ce jour, InnoCentive se targue d'avoir contribué à résoudre plus de 1 000 problèmes, indique Dwayne Spradlin, son pdg, en entrevue. " Notre taux de réussite est de 50 %, dit-il fièrement. C'est beaucoup mieux que celui de projets de R-D à l'interne, qui varie de 8 à 18 %. "

Les participants ont le choix entre quatre types de défis, qui vont de l'idéation, où il n'y aucun transfert de PI, à l'appel d'offres avec transfert de PI ou l'octroi de licences. Les questions de propriété intellectuelle ne sont-elles pas problématiques ? " Il n'y a jamais eu de poursuites ", répond Dwayne Spradlin. Dans 2 % des cas seulement, les employeurs des scientifiques ont refusé de signer un abandon de privilèges.

InnoCentive a connu un tel succès que la NASA fait appel à elle pour des concours.

Le site est utilisé par des clients aux visées commerciales (70 %), par des gouvernements (10 %) et par des entreprises philanthropiques (20 %). Par exemple, la Rockfeller Foundation a utilisé ce canal pour lancer un défi visant à rendre l'eau du lac Victoria potable. Tout comme l'Institut Cordova, de l'Alaska, qui voulait débarrasser le fond de l'océan de l'huile laissée par l'Exxon Valdez et qui n'a toujours pas été récupérée.

Transformation du travail

De l'avis même de Dwayne Spradlin, l'existence de ces réseaux virtuels ouvre la voie à des changements majeurs. Premièrement, les entreprises ont maintenant l'option de ne payer que pour des solutions, au lieu de maintenir en poste des équipes de chercheurs à temps plein. Deuxièmement, les scientifiques ont la possibilité de travailler à leur compte. " C'est le modèle de l'innovation qui change ", affirme M. Spradlin.

Le travail peut être découpé en plusieurs projets : des étapes de recherches faites à l'interne, suivies d'étapes menées à l'externe, et ainsi de suite. Les scientifiques viennent non seulement de l'entreprise, mais de l'extérieur, et cela, quel que soit leur lieu de travail, ce qui représente une occasion pour ceux qui viennent de pays émergents. Ainsi, un des scientifiques qui a remporté le plus de concours chez InnoCentive est une post-doctorante en polymères de l'Inde, qui travaille de chez elle.

M. Spradlin parle d'une nouvelle économie, l'économie numérique, et d'une économie où le travail est fondé, non plus sur des entreprises, mais sur des projets, où les équipes se forment et se défont au gré des expertises. Et où les meilleurs gagnent.

Pour l'instant, ce sont surtout les grands donneurs d'ordres qui ont accès à ce bassin de connaissances. Mais InnoCentive vient de lancer un programme pour les entreprises en démarrage. Par ailleurs, la plateforme a signé une entente avec l'Université Harvard pour créer un réseau de scientifiques qui se consacreront à résoudre les problèmes reliés au diabète de type 1. Quant à la première utilisatrice d'InnoCentive, Eli Lilly, elle poursuit avec elle sa collaboration, d'autant plus qu'elle a remercié plus de 5 000 employés en septembre dernier.

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