R-D : les défis et le potentiel de cinq innovateurs québécois


Édition du 31 Octobre 2015

R-D : les défis et le potentiel de cinq innovateurs québécois


Édition du 31 Octobre 2015

Par Dominique Beauchamp

Tecsys, Exfo, Mediagrif, BRP et CAE. Leur point commun ? Ces sociétés consacrent un montant important de leurs revenus en R-D. Des gestionnaires de portefeuille se prononcent sur les défis que ces cinq entreprises persévérantes doivent relever.

Tecsys poursuit le filon du secteur hospitalier

R-D : 6,1 M$ ; 10 % des revenus¹
Symbole : TCS
Cours actuel du titre : 8,65 $
Achat : 5
Conserver : 0
Vendre : 0
Cible moyenne : 11,50 $
¹ Dépenses nettes, après les crédits d'impôt

Il aura fallu 32 ans au spécialiste des logiciels d'optimisation de la chaîne d'approvisionnement Tecsys pour franchir le cap de 50 millions de dollars de revenus.

Aujourd'hui, l'entreprise des frères Breton veut doubler ses revenus et tripler son bénéfice d'exploitation d'ici 3 à 5 ans.

Malgré une progression annuelle de 13 % de ses ventes depuis quatre ans, la société de Montréal n'y arrivera pas sans réaliser d'autres acquisitions, comme celle de la lavalloise Logi-D en 2014 qui lui a ouvert plus grand les portes du marché hospitalier américain, selon Ralph Garcea, analyste chez Cantor Fitzgerald.

En avril, la société a d'ailleurs émis 6,1 M$ d'actions à 8,90 $ chacune pour financer sa croissance.

Comme un chat et ses neuf vies, la société a maintes fois adapté sa stratégie à la conjoncture changeante depuis 1983, un parcours houleux qui a vu son action exploser jusqu'à 51 $ en 2000, puis dégringoler jusqu'à 0,60 $ en 2001.

Nick Agostino, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, aimerait toutefois voir les bénéfices croître autant que les revenus dans l'avenir.

Or, l'entreprise dépense sans cesse davantage pour mettre ses logiciels à niveau et muscler son effort de vente et de marketing, afin de rester au-devant de son industrie, dit-il.

Ses investissements en R-D lui ont valu un brevet américain pour son système de transmission d'instructions visuelles aux exploitants d'entrepôts, en 2014.

Ses effectifs ont aussi bondi de 44 %, à 350 employés depuis avril 2010.

D'ici deux mois, Tecsys rouvrira un bureau à Leeds en Grande-Bretagne, un marché qu'elle avait quitté en 2011. Cette fois, elle y offrira les solutions de Logi-D aux hôpitaux d'Europe tout en servant mieux ses clients existants.

M. Agostino a donc réduit ses prévisions de bénéfice de 9 % pour 2017, à 0,49 $ par action, mais il maintient son cours cible d'un an à 11,50 $.

« La société investit parce qu'elle voit des occasions dans le secteur hospitalier avec ses solutions bout-en-bout. Étant donné le long cycle de vente de 12 à 24 mois, il lui faudra plus de temps que prévu pour profiter de son levier de rentabilité », explique M. Garcea.

Ses solutions de gestion de la distribution pour les hôpitaux et les cliniques lui procurent 40 % de ses revenus et représentent 82 % de ses nouvelles commandes.

D'ici 3 à 4 ans, la croissance des ventes devrait être plus rapide que celle des dépenses d'exploitation, ce qui pourrait enfin relever ses marges, espèrent les financiers.

Même si Tecsys est méconnue, elle compte plusieurs actionnaires fidèles tels que Fiera Capital, Gestion Pembroke et PenderFund Management Capital qui apprécient ses marges brutes de 50 %, son encaisse de 11,9 M$, ainsi que la hausse annuelle composée de 13 % de son dividende depuis 5 ans.

Marc Lecavalier, gestionnaire de portefeuille chez Fiera Capital, est de ceux qui pensent justement que l'entreprise montréalaise s'approche d'un tournant.

Si la croissance des revenus récurrents et la bonne répartition du capital lui plaisent, M. Lecavalier reconnaît que son évaluation de 40 fois les bénéfices prévus en 2016 et de 17 fois son bénéfice d'exploitation témoigne d'attentes élevées.

« Je serais plus inquiet si la société n'avait pas un bon bilan et de bons flux excédentaires et si ses dirigeants n'étaient pas aussi investis dans leur entreprise. Ça me fait patienter », évoque pour sa part Ian Aitken, président de Gestion privée de placement Pembroke.

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