La recette concrète d’un grand brasseur pour innover

Publié le 16/06/2017 à 09:00

La recette concrète d’un grand brasseur pour innover

Publié le 16/06/2017 à 09:00

Par Matthieu Charest

[123RF]

Les chaudes nuits d’été, les terrasses et les festivals sont à nos portes. Enfin. Et parce que l'été se savoure bien avec une bière à la main, les grands brasseurs de ce monde ont compris qu’elles se devaient d’offrir de quoi plaire à tous. Ne serait-ce que pour se différencier.

Labatt, par exemple, est derrière les marques Corona, Stella Artois, Bleue et Budweiser. Mais la filiale de l’empire Anheuser-Busch InBev est aussi à la source d’une recette fort lucrative qui lui a permis de réduire son empreinte environnementale, et par la bande, plaire à ses clients et employés. De quoi, là aussi, plaire au plus grand nombre.

Fondé en 2001, le Programme Innovation a généré jusqu’à présent plus de 55000 idées de la part des employés des brasseries Labatt. Sur ce nombre, 45000 ont été implantés.

Le concept est aussi simple qu’efficace. Les employés sont fortement encouragés à soumettre des idées, des innovations, afin d’atteindre les «kpi» [indicateurs de performance] de la société. Puis, une fois par mois, un comité par département se réunit afin de sélectionner les suggestions qui seront mises en œuvre.

Les idéateurs reçoivent une récompense de 100$. Puis, à la fin de l’année, l’une des idées choisies au cours de l’année se verra attribuer 10000$. La somme servira à améliorer les conditions pour les employés dans la brasserie gagnante.

Des idées vertes

Deux initiatives émanant de la brasserie Labatt de l’arrondissement LaSalle à Montréal, qui compte 700 employés, ont démontré que des mesures vertes peuvent aussi faire sauver de gros sous.

Pour sa part, Francis Vincent, mécanicien de machines fixes, a trouvé une méthode afin d’automatiser le roulement des compresseurs. Conséquence, une économie annuelle de 56000 kWh, soit l’équivalent du chauffage de deux maisons, et d’environ 3000$.

De son côté, Maxime Boisvert, chimiste et technicien en assurance qualité a modifié la recette de l’équipement qui met la bière dans les canettes, afin de réduire la quantité de CO2 utilisée. Résultat, 50000$ d’économies annuelles et la réduction de l’utilisation de CO2 qui équivaut à 12 chargements par camion.

Si quelques milliers de dollars peuvent sembler bien peu, il ne s’agit que d’une initiative. Multipliez-les par des milliers d’idées et exportez-les dans tous vos sites de productions, là, vous tenez un net avantage concurrentiel. Labatt n’a toutefois pas été en mesure de quantifier la somme économisée depuis l’implantation du Programme Innovation.

Des répercussions importantes

Un atout financier, certes, mais pas seulement. «C’est bon pour la marque, l’engagement [des employés] et bien sûr, ça fait naître une petite compétition entre nos brasseries», explique Nicolas Gaudreault, directeur de l’ingénierie et spécialiste en environnement.

Ainsi, au-delà des incitatifs financiers et de la réduction de l’empreinte écologique, les bénéfices sont grands. «L’association d’une marque avec des mesures pro-environnementales est non seulement une bonne façon de se différencier des compétiteurs, c’est aussi une bonne manière afin d’attirer et de retenir ses employés», affirme Onur Bodur, professeur adjoint de marketing à l’École de Gestion John Molson de l’Université Concordia.

Des mesures préventives?

Toutefois, les mesures vertes appliquées par Labatt ne sont-elles qu’écran de fumée afin de se préparer à l’application de mesures environnementales gouvernementales plus costaudes, comme le marché du carbone ou de nouvelles taxes?

M. Gaudreault s’en défend. «Nos mesures ont été implantées bien avant que l’on parle de compteurs d’eau, de marché du carbone ou de nouvelles taxes, dit-il. Peu importe les contraintes existantes ou à venir, ça ne nous empêche pas de désirer nous améliorer».

Et c’est justement l’attitude préconisée par M. Bodur, professeur de marketing à l’Université Concordia.

«Quand les consommateurs ont la perception qu’une entreprise ne fait qu’appliquer les règles, qu’elle n’agit que par pure stratégie, l’impact peut même être négatif. Les gens pourraient vouloir les punir si les mesures vertes adoptées ne sont pas sincères. À l’inverse, si une entreprise fait plus, va au-delà des exigences, elle sera perçue comme étant sincère».

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