L'approvisionnement éthique : la transparence et la communication avant tout

Publié le 15/10/2009 à 16:00

L'approvisionnement éthique : la transparence et la communication avant tout

Publié le 15/10/2009 à 16:00

Photo : Bloomberg

L’honnêteté et la transparence de Harvey Chan sont frappantes. Le directeur de l’approvisionnement éthique chez Mountain Equipment Co-op (MEC), qui sillonne les manufactures de la coopérative à travers le monde depuis plusieurs années déjà, en a vu de toutes les couleurs. Il en blogue d’ailleurs régulièrement sur le site de MEC.

 

Le premier détaillant à opérer un forum de discussion ouvert sur la confection de ses produits ainsi que le premier au Canada à publier la liste de tous ses sous-traitants (disponible sur le site Internet), MEC en a fait sa priorité d’être transparent dans toutes ses pratiques.

 

Harvey Chan a parcouru les usines de MEC plusieurs dizaines de fois, sans toutefois être présent pour plus de trois semaines à chaque voyage, mis à part un récent périple de trois mois. De la Chine au Viêt Nam en passant par l’Israël (MEC fait affaires dans plus de 15 pays), Harvey a le lourd mandat de s’assurer que les 75 usines respectent la santé et la sécurité des 56 000 travailleurs.

 

Un défi de taille pour une seule personne. Alors, est-ce suffisant de n’avoir qu’une personne ? « Non », me répond d’emblée le directeur de l’approvisionnement éthique.

 

C’est d’ailleurs pourquoi la coopérative fait également appel à des firmes externes et des organismes à but non lucratif pour faire les vérifications. Un processus continu et extrêmement complexe, les vérifications ne sont pas suffisantes, « mais elles sont un bon départ ».

 

Malgré l’emploi de ces parties externes, MEC explore actuellement l’idée d’avoir quelqu’un en permanence, surtout en Asie, pour assurer que les exigences soient respectées. Mais ce n’est pas pour demain…

 

Des infractions malgré un contrôle serré

 

Selon le dernier rapport de MEC, la vérification de 34 usines, en 2007, a soulevé 243 infractions. Les infractions n’étaient pas toutes majeures, mais la coopérative canadienne a tout de même dû mettre fin à ses activités avec deux usines, qui utilisaient, entre autres, le travail des enfants pour confectionner les vêtements.

 

Questionné sur la nécessité de faire affaires avec des usines à l’étranger, Harvey répond qu’ils n’ont guère le choix. « La réalité économique est telle que nous n’avons plus le choix. Nous avons encore plus de 30 % des vêtements qui sont fabriqués au Canada, mais cette proportion est en baisse, d’année en année. Certains de nos membres nous ont même dit qu’ils allaient arrêter d’acheter chez nous si nous continuions à faire affaires en Chine. Mais ce n’est pas une solution au problème. »

 

 

L’éducation avant tout

 

Une solution, qui est à la fois aussi un défi, explique Harvey Chan, est d’avoir une meilleure compréhension de la confection des vêtements ainsi qu’un engagement ferme avec les usines et leurs travailleurs.

 

La solution lorsqu’il y a infraction n’est pas toujours de cesser les activités avec une manufacture (sauf dans les cas extrêmes). « Tout passe par l’éducation et la communication », explique Harvey Chan.

 

« Nous avons implanté un programme, avec la collaboration d’un organisme à but non lucratif américain, où des comités composés de travailleurs et de directeurs d’usines travaillent conjointement. Nous étions vraiment surpris d’apprendre que ce qui inquiète le plus les travailleurs d’usines n’est pas nécessairement les salaires et les conditions de travail, mais le manque de directives quant à la production. Avec de meilleures directives, les travailleurs peuvent mieux faire leur travail, et ainsi, il y a moins de conflits entre les parties concernées. Il faut comprendre que, de prime à bord, les manufactures qui sont sous contrats pour MEC ont dû passer un contrôle très strict avant même d’être accepté. Leurs exigences sont très sévères et la liste des critères est exhaustive. »

 

 

Stéphane Robitaille, coordinatrice senior aux communications françaises chez MEC, abonde dans le même sens en citant un autre exemple. « Nous avons constaté que les travailleurs avaient peur de dénoncer les infractions. MEC a donc trouvé une façon pour les travailleurs de communiquer avec la direction, en toute confidentialité, les abus qui sont faits. »

 

La possibilité de travailler conjointement avec les gouvernements

 

L’objectif de MEC, à long terme, est de pouvoir travailler de pair avec les gouvernements pour assurer une collaboration étroite quant au respect des normes exigées par MEC. Mais le temps n’est pas encore arrivé pour mettre cette collaboration en œuvre.

 

« Notre priorité demeure, pour l’instant, la santé et la sécurité de nos travailleurs dans les manufactures. Il y a des produits chimiques très dangereux utilisés dans la teinte des vêtements, par exemple, et c’est notre travail de s’assurer qu’ils sont manipulés avec précaution et qu’ils n’endommagent pas la santé des travailleurs », souligne Harvey Chan.

 

Le partage des expériences se fait-il avec les autres marques ?

 

MEC n’est pas la seule entreprise à imposer des exigences sévères aux manufactures avec lesquelles elle fait affaires. Levi’s ainsi que plusieurs autres détaillants ont mis plusieurs initiatives en place.

 

« C’est un mythe de penser que tous nos souliers et tous nos vêtements sont confectionnés par des enfants qui travaillent 14 heures par jour sans pause. La réalité est maintenant très différente quoique bien sûr, il y a encore des abus », explique Harvey Chan.

 

« Plusieurs entreprises font des efforts, de vrais efforts. Certains exploitent cet angle dans leur marketing tandis que d’autres le passent sous silence. Il y a aussi des détaillants qui ne le font que pour l’image et d’autres qui n’y portent encore aucune attention. Plus souvent que d’autre, c’est du superficiel », dit le directeur.

 

Quelques détaillants partagent leurs connaissances sur les usines de confection de vêtements avec d’autres, mais la pratique n’est pas encore courante. « Le tout se fait plutôt en silence », conclut Harvey Chan.

 

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