«Nous ne visons rien de moins que de devenir un fleuron de l'économie verte québécoise.» - Vincent Chornet, pdg d'Enerkem.

Enerkem met en service son usine de biocarburant d'Edmonton, une première pour l'entreprise de Sherbrooke, qui rêve déjà de l'international.

«C'est une grosse année. Nous mettons finalement notre bébé au monde», lance Vincent Chornet, pdg d'Enerkem, en entrevue avec Les Affaires.

En produisant du méthanol et de l'éthanol à partir de matières résiduelles urbaines, la nouvelle usine d'Enerkem permettra à la capitale albertaine d'accroître son taux de valorisation de matières résiduelles de 60 à 90 %.

Il s'agit d'une première entente mondiale du genre entre un grand centre urbain et un producteur de biocarburants. Edmonton traitera annuellement 100 000 tonnes de matières résiduelles normalement destinées à l'enfouissement. Cela permettra la production de 38 millions de litres de biocarburant.

«Nous ne visons rien de moins que de devenir un fleuron de l'économie verte québécoise», dit M. Chornet. Le pdg précise que l'usine d'Edmonton a été préfabriquée au Québec grâce à des fournisseurs d'ici.

Vincent Chornet a déjà les yeux tournés vers l'avenir. En 2014, la construction d'une usine semblable débutera à Varennes. Cette nouvelle usine s'ajoutera à celles déjà établies à Westburry - gaz de synthèse, méthanol, éthanol cellulosique - ainsi qu'à l'usine pilote de Sherbrooke.

Plusieurs projets à l'étude

Enerkem espère transposer son modèle à l'international. «Nous regardons plusieurs projets actuellement aux États-Unis. Maintenant que l'entreprise entre dans sa phase d'exploitation commerciale, nous allons faire avancer plusieurs projets à la fois», dit M. Chornet.

Enerkem compte construire une usine à Pontotoc, dans le Mississippi.

Elle a signé une entente avec Three Rivers Solid Waste Management Authority pour l'approvisionnement de 190 000 tonnes de matières résiduelles domestiques par année. L'usine aurait la capacité de convertir 60 % des matières résiduelles qui arrivent au site d'enfouissement où elle serait construite. L'usine répondrait aux exigences fédérales américaines en matière d'environnement.

Conditions gagnantes

Le succès d'Enerkem suscite l'intérêt. En juin dernier, le gouvernement du Québec annonçait la prise de participation de 20 millions de dollars dans l'entreprise. Son objectif : favoriser la commercialisation de la technologie d'Enerkem.

D'ici 2015, plus ou moins 390 emplois directs et indirects devraient découler de différents projets de l'entreprise, ce qui inclut 200 emplois dans la construction et d'autres en sous-traitance.

Le principal moteur réside «dans l'engouement pour la production de carburants à partir de matière renouvelable, qui se reflète dans la législation américaine, canadienne et d'ailleurs dans le monde», dit M. Chornet. Au sein de l'Union européenne, les biocarburants devront représenter 10 % de l'ensemble des carburants consommés en 2020.

Résultat : le secteur connaît une croissance notable. La production de biocarburant devrait presque doubler au cours de la prochaine décennie, selon une récente analyse de la firme américaine Navigant Research. Actuellement estimée à 125 milliards de litres - 785 millions de barils - la production annuelle devrait atteindre 231 milliards de litres (1,45 milliard de barils) d'ici 2023, ce qui représente une croissance annuelle de 14 %.

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231 - La production de biocarburant devrait presque doubler pour atteindre 231 milliards de litres en 2023.

Source : Navigant Research