Les gouvernements font appel au secteur privé dans leurs efforts de lutte contre différents problèmes sociaux. Aux États-Unis, par exemple, le gouvernement Obama vient de créer le Social Innovation Fund, dans lequel il investira 50 millions (M$)US et les fondations privées 77 M$ US. L'argent sera versé à des organismes sans but lucratif pour les aider à poursuivre leurs activités.
Mais la plus grande innovation à ce jour vient du Royaume-Uni, où l'on a créé les Social Impact Bonds. Il s'agit d'obligations émises par l'État et offrant des rendements alléchants si certains objectifs liés au mieux-être de la collectivité sont atteints. Les premières obligations, d'une durée de sept ans, visent la réduction du taux de récidive de prisonniers. Des investisseurs financeront un OSBL pour qu'il s'attaque au problème. Selon sa performance, soit les investisseurs obtiendront un rendement annuel allant de 7,5 à 13 %, soit ils perdront leur mise.
L'homme qui a eu cette idée est Sir Ronald Cohen, fondateur d'Apax Partners, l'une des plus anciennes firmes d'investissement privé de Londres. " Nous voulons jeter un pont entre le marché des capitaux et le secteur social ", a-t-il expliqué dans une entrevue.
Pour l'instant, les investisseurs intéressés viennent de l'univers philanthropique, mais Sir Cohen croit qu'avec le temps et les réussite, les firmes d'investissement, les caisses de retraite et autres investisseurs seront attirés par les rendements élévés. " Nous sommes en train de créer une nouvelle catégorie d'actifs ", se réjouit le philanthrope. Sir Cohen ajoute que son projet séduira les futurs financiers et les gestionnaires. " La prochaine cohorte de diplômés des écoles de gestion est très réceptive à l'entrepreneuriat social. "
Pour Peter Frumkin, professeur et auteur de Strategic Giving: The Art and Science of Philanthropy, convaincre les financiers ne sera pas si facile. " Le problème réside dans le fait qu'on n'a pas encore trouvé d'outils de performance adéquats pour mesurer l'atteinte d'objectifs sociaux. "
