30 000 étudiants interpellent les employeurs sur le climat


Édition du 23 Février 2019

30 000 étudiants interpellent les employeurs sur le climat


Édition du 23 Février 2019

Par Diane Bérard

Corentin ­Bisot, étudiant à l’École ­polytechnique de ­Paris et cocréateur du Manifeste étudiant pour un réveil écologique

AGENT DE CHANGEMENT — En avril 2018, 15 étudiants des grandes écoles françaises se rencontrent pour partager leur malaise par rapport aux emplois qui les attendent. Des emplois qui ne tiennent généralement pas compte des enjeux climatiques. Ce groupe est devenu un mouvement de 30 000 étudiants qui a publié un manifeste qui interpelle les grands employeurs. J'ai discuté avec un des auteurs du manifeste.

Diane Bérard - Pourquoi un manifeste étudiant pour un réveil écologique ?

Corentin Bisot - Pour mettre des mots sur le sentiment diffus de dizaines de milliers de futurs diplômés universitaires par rapport au décalage entre les enjeux climatiques et la tâche qu'on leur confiera en entreprise. Les emplois qu'on nous proposera ignorent la réalité environnementale.

D.B. - Quel est votre message ?

C.B. - Nous affirmons que nous sommes sensibles aux enjeux environnementaux. Nous en comprenons les causes, soit un système économique qui ne tient pas compte de la finitude des ressources, une hyperconsommation et un système politique qui ne prend pas de décisions suffisamment ambitieuses.

D.B. - Quelles sont vos demandes ?

C.B. - Très peu d'entreprises ont des objectifs de réduction de GES arrimés au scénario du 2 degrés. C'est un minimum. Au-delà de cela, les entreprises sont des acteurs influents avec de nombreuses parties prenantes. Nous leur demandons d'avoir un discours et des pratiques cohérents avec les enjeux environnementaux. Par exemple, dit-on la vérité aux salariés sur les impacts des activités de leur employeur ou tente-t-on de leur faire croire que tout va très bien ? Nous souhaitons aussi que les entreprises réfléchissent à leur raison d'être. Que nous apportent-elles ? Nous demandons aussi que leur modèle de revenu tienne compte de la finitude des ressources. Enfin, nous nous attendons à ce qu'elles prennent leurs responsabilités quant aux externalités négatives de leurs activités.

D.B. - Quel est l'élément clé de votre discours ?

C.B. - Les 30 000 signataires de ce manifeste, dont plusieurs proviennent des écoles d'ingénierie et de gestion, sont prêts à mettre en jeu leur futur emploi. Nous sommes conscients qu'il faudra probablement sortir de notre zone de confort, c'est-à-dire accepter des salaires plus bas et travailler dans des entreprises moins prestigieuses, si elles sont davantage en accord avec nos valeurs. Nous souhaitons travailler pour des structures qui comprennent les problèmes environnementaux et qui les placent au coeur de leurs décisions

D.B. - Des étudiants de HEC Montréal et de Polytechnique Montréal ont signé votre manifeste. Vous attendiez-vous à un tel mouvement ?

C.B. - Nous savions que l'enjeu environnemental mobilisait nombre d'étudiants, mais nous n'avions pas anticipé une réaction aussi élargie. Ce sont des étudiants québécois qui nous ont interpellés pour que nous ajoutions leur établissement à notre liste.

D.B. - Votre manifeste a été lancé en Suède, en Grande-Bretagne et en Allemagne. Quel est votre modèle de diffusion ?

C.B. - Nous fonctionnons de façon décentralisée. Nous donnons notre texte aux groupes nationaux qui organisent leur propre lancement.

D.B. - Vos signataires dépassent-ils le cercle des convertis ?

C.B. - Nous avons recueilli la signature de 20 % des étudiants de l'École polytechnique de Paris. Le cinquième des étudiants de l'École n'étudie pas en environnement ! Notre texte est suffisamment modéré pour toucher des cercles larges et suffisamment engagé pour se révéler signifiant.

D.B. - Les signataires auront accès à des emplois prestigieux et bien rémunérés. Pourquoi faire des vagues maintenant, au lieu d'attendre d'être en entreprise et d'avoir du pouvoir ?

C.B. - Il est plus facile de mobiliser des étudiants que des salariés.

D.B. - Depuis janvier 2019, vous rencontrez des entreprises du CAC 40. Quelle est votre stratégie ?

C.B. - Nous faisons jouer la concurrence. Ce manifeste fait ressortir un danger pour les employeurs. Il énonce clairement ce qui contribue à attirer ou à repousser les diplômés.

D.B. - Des diplômés de HEC Paris vous ont contacté pour étendre le mouvement aux travailleurs...

C.B. - C'est la prochaine étape : libérer la parole dans le monde de l'enseignement supérieur et des organisations.

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