La «culture SST», un virage payant


Édition du 07 Septembre 2019

La «culture SST», un virage payant


Édition du 07 Septembre 2019

Par Claudine Hébert

Les nouvelles mesures SST que prennent les entreprises a notamment pour conséquence de faire diminuer le coût des primes d’assurance.

Depuis trois ans, le Groupe industriel AMI connaît une croissance exponentielle. Spécialisée dans l'entretien et la maintenance d'équipements en industrie lourde, la PME de Saguenay est passée de 150 à plus de 250 employés. Les revenus ont eux aussi explosé, franchissant le cap des 25 millions de dollars en 2018. Une des principales clés de ce succès ? «Notre virage SST», répond instantanément Martin Lépine, PDG de l'entreprise située dans l'arrondissement de Jonquière.

En affaires depuis 35 ans, le Groupe industriel AMI n'a jamais obtenu autant de contrats depuis qu'il a adopté une forte «culture SST» en 2016, poursuit-il. «Nos méthodes de travail, qui ciblent un objectif zéro accident, séduisent les entreprises qui recourent à nos services ; la préoccupation envers la santé et la sécurité des employés est devenue un critère majeur dans les appels d'offres des grands donneurs d'ouvrage.»

De plus, celle-ci permet au groupe - qui compte parmi ses clients Produits forestiers Résolu et Rio Tinto - de soumissionner à un bien meilleur prix, dit M. Lépine. «Dans notre secteur, le critère numéro un ne repose plus que sur question d'argent, ajoute-t-il. C'est maintenant la capacité à effectuer les tâches qu'on nous demande en évitant les risques de blessures et autres incidents tragiques. Des employés en santé, une diminution des arrêts de travail et une réduction du taux d'absentéisme, ça, c'est payant pour une entreprise.»

Même discours chez EBC, qui emploie plus de 2 200 travailleurs dans tout le pays. Depuis 2016, cette entreprise de construction rehausse elle aussi les standards de ses procédures SST. Un exercice qui s'est traduit par la signature d'une bonne dizaine de contrats de plusieurs millions de dollars au cours des trois dernières années, signale Mario Trachy, vice-président, Ressources humaines sécurité et environnement d'EBC. «Que ce soit dans le secteur des bâtiments, des travaux civils ou dans les mines, nos clients recherchent désormais l'excellence en SST», dit-il.

Faire de la SST une valeur d'entreprise

Les fournisseurs qui veulent obtenir des contrats auprès d'Hydro-Québec ont intérêt à faire de la SST non pas une priorité, mais une valeur d'entreprise, soulève pour sa part Lucie Dandois, directrice principale, Santé sécurité et environnement de la société d'État. Depuis deux ans, au moins trois fournisseurs ont perdu le droit de travailler sur les chantiers en cours parce que leurs procédures en matière SST ne correspondaient plus aux nouveaux critères fixés par Hydro-Québec, souligne-t-elle.

Il faut savoir que la société d'État a été marquée par les trois décès qui ont eu lieu sur le chantier de la Romaine entre 2015 et 2017. «Des incidents tragiques qui nous ont motivés à revoir de fond en comble nos méthodes et à vouloir devenir un leader en SST au Québec», explique Mme Dandois.

Ce souci ne se limite pas aux chantiers. «Il est présent dans tous nos départements, y compris nos centres d'appels», signale-t-elle. Grâce à de la formation et au meilleur soutien offert aux quelque 800 employés, le taux d'absentéisme a diminué d'au moins 10 % au cours de la dernière année. Le taux d'engagement des employés, qui était de 69 % en 2016, atteint maintenant 83 %, ajoute-t-elle.

Des cotisations en baisse

Les nouvelles mesures SST que prennent les entreprises québécoises ont également un autre impact financier non négligeable : le coût de leurs primes d'assurance diminue. Actuellement, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et la sécurité au travail (CNESST) calcule que le taux moyen de cotisation des entreprises se maintient à 1,79 $ par tranches de 100 $ de masse salariale, alors qu'il était de 1,77 $ en 2017. «Ce qui représente le deuxième plus bas taux appliqué par la Commission depuis l'introduction de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles en 1985», affirme Alexandre Bougie, porte-parole de la CNESST. Il précise que le taux moyen de cotisation a diminué de 0,40 $ depuis 2011, ce qui a généré des économies de près de 535 M $ pour les entreprises.

Selon plusieurs études, rapports et articles scientifiques, chaque dollar investi en prévention de la santé et de la sécurité du travail équivaut à un rendement que l'on estime entre 3 $ et 8 $, rappelle le porte-parole de la CNESST.

La direction du fabricant de structure d'acier Quirion Métal, une division du Groupe Camnor située à Beauceville, est également convaincue qu'une forte «culture SST» constitue un facteur de recrutement et de rétention d'employés «inestimable» en cette période de pénurie de main-d'oeuvre. Leur taux de rétention frôle d'ailleurs les 100 %, indique fièrement André Morin, vice-président, Finance et ressources humaines du groupe. «Deux de nos 60 employés nous ont quittés au cours la dernière année afin de réorienter leur carrière, illustre-t-il. Ils sont tous les deux revenus, car ils n'ont pu retrouver ailleurs les mêmes conditions et le milieu de travail que nous leur offrons.»

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