Imaginer le MBA de demain


Édition du 26 Août 2017

Imaginer le MBA de demain


Édition du 26 Août 2017

Afin d’être plus souple, le MBA pourrait à l’avenir offrir certains enseignements – voire la totalité – à distance.

Des points accumulés si un test est réussi, des médailles pour atteindre la session suivante, des cours pratiques donnés au coeur même d'entreprises toujours différentes, des sessions réalisées systématiquement à l'étranger... Les programmes de MBA sont en constante adaptation et répondent déjà à de nombreuses préoccupations des jeunes générations d'étudiants. Ils pourraient tout de même encore évoluer. Certaines universités imaginent déjà le MBA de demain. Parfois avec audace.

À quoi pourrait donc bien ressembler le MBA de l'avenir pour correspondre aux préoccupations et au mode de vie des milléniaux ?

1. L'apprentissage par l'expérience

Felicia Parr, diplômée du MBA à HEC Montréal, et Stefanie Perrone, 33 ans, étudiante au MBA à l'Université Concordia, sont d'accord : quand elles pensent à ce à quoi pourrait ressembler le MBA de l'avenir, elles le voient (encore) plus compétent sur le plan pratique. «Les milléniaux forment une génération un peu impatiente. Ils ne veulent pas se perdre dans des détails. Le programme du MBA devrait comprendre plus d'enseignement par l'expérience afin que les étudiants puissent apprendre la théorie en pratiquant», affirme Felicia Parr. Cela s'explique par le fait qu'«ils cherchent moins à acquérir des connaissances qu'à développer des compétences», constate Louise R. Bertrand, responsable des programmes exécutifs et de formation sur mesure à l'École de gestion de l'Université de Sherbrooke à Longueuil.

«Cette génération veut savoir comment appliquer ce qu'elle a appris, résume Sandra Betton, vice-doyenne, responsable des programmes de deuxième cycle à l'École de gestion John- Molson de l'Université Concordia. Elle aime être hors de la classe pour apprendre du concret.» C'est pour cette raison que Gwladys Tiaya Mague, 29 ans, récemment diplômée de l'Université Concordia, a mené deux projets de consultation pour des OBNL dans le cadre de son MBA. «On veut toucher, sentir les choses, avoir du plaisir en apprenant», confirme-t-elle.

Le MBA pourrait donc s'enrichir avec des ateliers de start-up, des projets communautaires, des échanges internationaux, des consultations plus fréquentes, des visites d'entreprises, des compétitions de cas, etc.

2. Place à l'engagement

L'engagement communautaire est également au coeur de leurs désirs. «Les jeunes n'aiment pas seulement faire du business. Ils veulent aussi redonner à la communauté, améliorer le monde dans lequel ils vivent. Ils aiment travailler pour des OBNL ou des petites entreprises qui n'auraient pas les moyens de s'offrir des consultants», observe Sandra Betton. Ce qui les motive, c'est de «faire une différence, d'être dans l'action pour faire changer les choses», ajoute André Gascon, directeur des programmes de MBA de la Faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval.

Et c'est le développement durable qui occupe la première place dans leurs préoccupations. «La jeune génération est très sensibilisée à la protection de l'environnement. Il faudra prendre ça en compte», suggère Yves Trudel, responsable des programmes de MBA à l'Université de Sherbrooke, qui multiplie d'ailleurs les initiatives pour être une université verte.

Le MBA pourrait donc permettre aux étudiants de mettre leurs compétences au service de causes. Les options comme celle du MBA en service communautaire de l'Université Concordia, qui permet aux étudiants de travailler pour des entreprises sociales, des OBNL ou des coopératives, pourraient se développer. Felicia Parr considère que «les milléniaux sont de plus en plus intéressés par les domaines dans lesquels ils peuvent avoir un impact, comme l'entrepreneuriat et la responsabilité d'entreprise. Ces sujets devraient faire partie de la théorie apprise dans les cours.»

En pratique, le MBA de demain pourrait intégrer la dimension du développement durable dans tous les cours, faire mener aux étudiants des projets favorisant le développement durable dans des entreprises, les faire siéger dans les conseils d'administration d'OBNL, les mettre en contact avec le milieu communautaire, intégrer plus systématiquement des apprentissages sur les actions que peuvent mener les entreprises pour être engagées dans leur communauté, les encourager à être socialement responsables et de bons citoyens corporatifs, à réaliser des études de cas d'entreprises pionnières dans le domaine, etc.

3. Tourné vers l'international

Comme les milléniaux sont nés dans un monde globalisé, la dimension internationale du MBA ne fait pas de doute. Elle est déjà très présente dans les programmes, qui proposent différentes formules : séjours d'études avec visites d'entreprises et rencontres d'entrepreneurs locaux, échanges avec des universités étrangères. Toutefois, «à l'avenir, il devra y avoir une plus grande intégration dans le marché : des entrepreneurs pourraient accompagner les étudiants, par exemple au cours de missions commerciales», suggère Catherine Pelletier. La directrice des communications et du recrutement de la Faculté des sciences de l'administration de l 'Université Laval observe que les étudiants demandent souvent, dès le début de leur MBA, à partir d'une façon ou d'une autre à l'étranger au cours du programme.

4. Plus court et personnalisé

Les MOOC (Massive Open Online Course) connaissent un immense succès, et les nouvelles technologies encourageront de plus en plus les cours à distance. Afin d'être plus souple, le MBA pourrait aussi offrir certains enseignements - voire la totalité - à distance. On fait déjà certaines expériences de ce type, et l'Université Laval propose des formules hybrides faisant la part belle à l'enseignement à distance. «Les générations précédentes n'étaient pas assez à l'aise avec la technologie et le virtuel pour permettre ça, reconnaît Karine Barquin, conseillère à la gestion des études à l'Université Laval. Aujourd'hui, plus c'est virtuel, plus ça plaît. Les enseignants ont même réussi à faire faire du travail en équipe à distance à leurs étudiants.»

Ce développement de la technologie devrait également permettre d'accélérer la tendance au raccourcissement de la durée des études. Plusieurs programmes se déroulent déjà sur une seule année ou sur deux ans pour le temps partiel. Toutefois, les programmes de MBA pourraient être encore plus courts. «Les jeunes aiment l'instantanéité, ils sont mobiles», remarque Catherine Pelletier. Ils sont aussi pressés. Il est donc fort possible que le MBA de demain soit «plus intensif et plus concentré», remarque Yves Trudel. Parallèlement au raccourcissement du programme, il se pourrait que le MBA, malgré sa vocation généraliste, offre plus d'options qu'actuellement. En effet, les milléniaux veulent «des parcours personnalisés, qui correspondent précisément à leurs centres d'intérêt, à l'orientation qu'ils veulent prendre», selon Guy Cucumel, coordonnateur du MBA pour cadres de l'École des sciences de la gestion (ESG) de l'UQAM. «La spécialisation nous aide à répondre au désir de rendement rapide des étudiants : avec des parcours diversifiés, ils voient le bénéfice rapidement, c'est concret», complète Catherine Pelletier.

5. Innovant

Pour continuer de plaire aux milléniaux, le MBA doit conserver sa notoriété et sa capacité à accélérer une carrière. Pour cela, il faut qu'il soit innovant tant sur le plan du contenu que sur celui de la façon de le transmettre. L'approche pourrait beaucoup changer. «On pourrait introduire des éléments de ludification dans les programmes de MBA, par exemple mettre en place un système de badges qui remplaceraient - au moins en partie - les crédits, et, en fonction du cumul de points obtenus au fur et à mesure des enseignements, accéder à des privilèges comme l'accompagnement par un mentor», avance Catherine Pelletier.

La ludification dans l'éducation prend de l'ampleur à l'échelle mondiale. Ses adeptes estiment qu'elle permet aux étudiants de mieux se concentrer et de mieux intégrer leurs apprentissages. Certaines expériences au sein des programmes de MBA se préparent dans le monde, comme à l'Université des sciences appliquées Wittenborg, aux Pays-Bas, qui travaille depuis 2012 en collaboration avec une équipe de l'Université de Fredericton pour créer un MBA «gamifié».

Plus concret, plus international, plus innovant, «ludifié»... Le MBA de demain pourrait être très différent de celui d'aujourd'hui. Sans perdre son âme ? C'est évidemment la question que se posent les dirigeants. Yves Trudel, ouvert à l'évolution des programmes, se demande par exemple si «l'accroissement des cours virtuels ne nuirait pas à la nature même du MBA, dont le travail en équipe et la constitution d'un réseau professionnel sont deux atouts majeurs». Si les programmes actuels portent le germe des tendances de l'avenir, le MBA pourrait connaître une révolution profonde dans les prochaines années.

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