Entrevue n°295 : Chris Gourlay, pdg et fondateur de la plateforme de financement participatif Spacehive


Édition du 16 Juillet 2016

Entrevue n°295 : Chris Gourlay, pdg et fondateur de la plateforme de financement participatif Spacehive


Édition du 16 Juillet 2016

Par Diane Bérard

«Spacehive donne des ressources aux citoyens pour améliorer leur quartier» - Chris Gourlay, pdg et fondateur de la plateforme de financement participatif Spacehive.

Il y a cinq ans, le Britannique Chris Gourlay était journaliste. Il écrivait sur l'architecture et l'aménagement urbain. En 2012, il a lancé la plateforme de financement participatif Spacehive consacrée aux projets civiques. Celle-ci accepte à la fois l'argent des citoyens et celui des municipalités. Je l'ai rencontré à la fin de juin à Montréal, lors du New Cities Summit. Il fait partie des Global Urban Innovators.

 

Diane Bérard - Qu'est-ce que votre plateforme de financement participatif a de particulier ?

Chris Gourlay - Spacehive est la première plateforme du monde à proposer uniquement des projets civiques. Depuis le lancement, en 2012, les participants ont contribué à des projets aussi variés que du Wi-Fi à Mansfield, une ferme urbaine à Londres, une glissade d'eau éphémère à Bristol et un parc urbain suspendu à Liverpool. Nous donnons des ressources aux citoyens qui ont de bonnes idées pour améliorer leur quartier.

D.B. - Spacehive veut ajouter des acteurs dans le développement urbain, est-ce exact ?

C.G. - En effet, nous croyons que ce ne sont pas uniquement les promoteurs immobiliers et les administrations municipales qui devraient avoir leur mot à dire dans le développement urbain. En ajoutant les citoyens à l'équation, on multiplie l'impact sur la qualité de vie dans les villes. Jusqu'à présent, nous nous sommes contentés de donner une voix aux citoyens. Notre plateforme leur fournit maintenant aussi des moyens.

D.B. - Votre plateforme ne recueille pas que du financement individuel. Les municipalités y contribuent aussi. Expliquez-nous.

C.G. - Puisqu'il s'agit de projets civiques, nous avons choisi d'impliquer les municipalités. Elles font office de catalyseurs. Nous avons, entre autres, développé une collaboration étroite avec Londres et Manchester. Ainsi, en plus de dons de particuliers, les projets affichés sur Spacehive peuvent bénéficier de contributions importantes des municipalités.

D.B. - Les règles diffèrent-elles pour le financement participatif issu des municipalités ?

C.G. - Les municipalités ont accès aux mêmes projets que les citoyens. Toutefois, elles peuvent obtenir des informations supplémentaires de la part de promoteurs. Nous avons bâti notre plateforme pour permettre aux municipalités de poser d'autres questions aux promoteurs. Elles voudront, par exemple, des données additionnelles sur l'impact - retombées indirectes pour le quartier - et l'échéancier. De plus, elles peuvent effectuer leur financement en plusieurs versements. Mais l'argent est versé directement sur la plateforme, et le don de la municipalité est clairement affiché. Ainsi, sur la page du musée Eel Pie Island, qui était autrefois un club où de nombreux musiciens célèbres se sont produits, on peut lire que la mairie de Londres a donné 8 000 £ (13 500 $) pour un projet de 15 796 £ (26 600 $).

D.B. - Quel est le poids du financement citoyen par rapport à celui des municipalités ?

C.G. - Les citoyens contribuent pour 10 % du financement, mais ils représentent 90 % des contributeurs. Chaque projet attire en moyenne 58 contributeurs, et le don moyen est de 32 £ (54 $). Les dons citoyens sont essentiels à la mission démocratique de notre plateforme. C'est leur endossement qui indique aux municipalités le type de projets qui a de la valeur aux yeux des citoyens. En somme, Spacehive permet aux administrations municipales de savoir où il est judicieux d'allouer leur budget. L'endossement des citoyens par de petites contributions a un formidable effet de levier. Il débloque des sommes importantes pour le développement urbain.

D.B. - Comment s'effectue la sélection des projets ?

C.G. - Notre seul critère est qu'il s'agisse d'un projet de nature purement civique. Un projet civique a un impact sur toute une collectivité ou sur un espace public. Tout projet qui ne profite qu'à une entreprise ou à un groupe spécifique d'individus ne se qualifie pas. Nous visons aussi des résultats tangibles. Nous n'afficherons pas de projets existants qui cherchent à financer leur fonctionnement au quotidien. Si un projet répond à ces critères, il nous reste à nous assurer de sa viabilité et de sa faisabilité. Imaginons qu'il est question d'un festival de rue. Avant de permettre le lancement de la campagne, nous vérifierons que les promoteurs détiennent, ou qu'ils détiendront, les permis requis pour la tenue de l'événement.

D.B. - Spacehive a contribué au financement de combien de projets depuis 2012 ?

C.G. - Spacehive a permis le financement et la réalisation de 180 projets, pour une valeur totale de 5 millions de livres (8,43 M$). Et notre pipeline compte 800 projets à divers stades d'avancement.

D.B. - Donnez-nous un exemple d'un projet modeste et d'un autre d'envergure.

C.G. - Par l'intermédiaire de Spacehive, des citoyens d'Édimbourg ont acheté une cabine téléphonique et l'ont transformée en une minuscule galerie d'art. Pour y arriver, ils ont amassé 1 700 £ (2 850 $). À l'autre bout du spectre, nous avons contribué à la réalisation du projet The Line, à Londres, mis sur pied par une femme d'affaires locale. Il s'agit d'un parcours jalonné de sculptures, destiné à revitaliser un quartier oublié de Londres. Le projet consiste à rapatrier des oeuvres d'art entreposées un peu partout en Grande-Bretagne afin de créer une expérience unique le long de la rivière Lea, depuis le Parc olympique jusqu'à la Tamise. C'est un projet ambitieux de 150 000 £ (253 000 $) qui remplit sa promesse. The Line est devenue une attraction populaire qui crée un achalandage important dans un quartier qui était négligé auparavant.

D.B. - D'où tirez-vous vos revenus ?

C.G. - Nous avons trois sources de revenus. D'abord, des frais de 5 % pour chaque campagne de financement achevée. Ensuite, nous proposons aux municipalités et aux entreprises des logiciels d'analyse et de suivi de projets. Nous leur facturons des frais annuels pour ces outils. Enfin, nous offrons des services de consultation sur mesure aux entreprises et aux municipalités qui mènent des projets où la mobilisation citoyenne est un facteur de réussite.

D.B. - Quelle est la prochaine étape pour Spacehive ?

C.G. - Comme toutes les start-up, maintenant que nous savons qu'il existe un marché pour notre produit, nous voulons passer à une étape supérieure. Plusieurs projets civiques ne se réalisent pas, faute de fonds municipaux. La démarche collaborative que nous proposons, du capital gouvernemental et du capital privé, vient résoudre ce problème.

D.B. - Et si des citoyens ou la Ville de Montréal souhaitent présenter des projets sur Spacehive...

C.G. - Plusieurs villes dans le monde nous ont déjà approchés en disant : «Nous aurions besoin de projets similaires à ceux que vous affichez sur votre plateforme ; pouvons-nous travailler ensemble ?» Si Montréal est intéressée, nous serons ravis de discuter.

D.B. - Quels critères recherchez-vous pour un futur marché ?

C.G. - Nous voulons des marchés où la participation citoyenne fait partie de la culture. Des villes où il existe déjà des organisations et des groupes établis qui proposent des projets et s'impliquent dans la vie civique. Et, bien sûr, des villes où l'administration est ouverte à la participation citoyenne. Où l'on est prêt à essayer des façons de faire du développement urbain différentes de celles de la Ville et des promoteurs immobiliers, qui décident pour les citoyens de ce qui est bon pour eux.

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