Plus qu'un chèque, une relation et des échanges


Édition du 11 Juin 2016

Plus qu'un chèque, une relation et des échanges


Édition du 11 Juin 2016

Par Claudine Hébert

L’agence Compagnie et cie a remporté le Prix PME Arts-Affaires pour la conception d’outils promotionnels pour l’ATSA, un organisme qui interpelle la population sur des causes sociales, environnementales et patrimoniales.

Royal Photo, une PME du quartier Rosemont, à Montréal, aurait pu se contenter d'offrir une commandite en argent à Kino 00, une organisation qui soutient la diffusion et l'encadrement de courts-métrages indépendants. Au lieu de cela, elle prête, depuis l'année dernière, un de ses bureaux pour accueillir le siège social de l'organisme. De plus, elle offre à ses quelque 200 membres des réductions sur l'équipement photo, vidéo et informatique. Une commandite évaluée à 15 000 $ par année pour une durée de cinq ans.

Ce partenariat, qui vient d'être récompensé dans la catégorie PME lors de la 10e édition des Prix Arts-Affaires, est justement le genre d'exemple que souhaite voir se multiplier le Conseil des arts de Montréal (CAM) et la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), organisateurs du concours. «On souhaite que les entreprises donnent plus qu'un chèque aux organisations culturelles, qu'elles puissent développer une relation d'échanges et d'affaires avec les organisations qu'elles soutiennent», indique Nathalie Maillé, directrice générale du CAM.

Le CAM évalue à plusieurs dizaines le nombre de partenariats établis entre des PME et des organisations culturelles dans les divers quartiers montréalais depuis 10 ans. «Des ententes qui profitent aux deux parties», souligne Jan-Fryderyk Pleszczynski, président du conseil d'administration du CAM. «Chacune des deux parties va à l'école de la vie. Il y a de l'enrichissement professionnel des deux côtés», dit-il. L'organisation culturelle bénéficie auprès de l'entreprise de services structurés et d'une expertise qu'elle pourrait difficilement s'offrir autrement. L'entreprise de son côté profite de l'ouverture artistique pour découvrir de nouveaux horizons et trouver de l'inspiration pour innover, explique M. Pleszczynski.

Des entreprises engagées

Le propriétaire de Royal Photo, Félix Morin, peut en témoigner. «Venir en aide à Kino 00, une organisation impliquée dans le milieu du court-métrage pour la relève, nous a donné un bon coup de pouce pour appuyer le virage vidéo de l'entreprise, opéré il y a deux ans. Ce partenariat a non seulement confirmé notre récente position d'affaires, mais nous a aussi permis d'attirer une nouvelle clientèle. Nos revenus liés à l'industrie de la vidéo sont passés de 5 % à 30 % en moins de deux ans», dit-il.

DES RETOMBÉES IMPORTANTES

La relation entre le monde des arts et celui des affaires se traduit en retombées économiques conséquentes. Selon la récente étude de la CCMM («La culture à Montréal : chiffres, tendances et pratiques innovantes»), réalisée dans le cadre du Plan d'action 2007-2017 de Montréal, métropole culturelle, les organismes artistiques de la région représentent plus de 82 000 emplois. Leurs retombées directes et indirectes totalisent 11 milliards de dollars en valeur ajoutée, soit près de 6 % du PIB de Montréal.

Ces organismes tirent plus de 50 % de leurs revenus de sources privées, souligne l'étude. De 2008 à 2013, les organisations disposant d'un budget de plus de 5 M$ ont augmenté la part relative du financement privé, qui est passée de 50 % à 66 % de leurs revenus totaux. Ce sont principalement les disciplines de la danse, du théâtre et des arts visuels qui se sont démarquées par une croissance des dons, des commandites et des revenus autonomes depuis cinq ans, d'au moins 7 % à 9 %.

À 24 ans, il est le releveur de l'entreprise d'une vingtaine d'employés depuis un an. «Cette initiative me permet d'aider un autre type de relève.»

Les Prix Arts-Affaires 2016 ont également souligné la contribution de deux autres entreprises : la firme de design et publicité Compagnie et cie, qui a remporté le prix PME ex æquo avec Royal Photo, pour sa collaboration avec l'ATSA, un organisme qui produit des oeuvres mettant en vedette des causes sociales et environnementales. Le Groupe Jean Coutu a pour sa part été couronné dans la catégorie Grande Entreprise Arts-Affaires. Lyne Robichaud, associée chez Legault Joly Thiffault, Avocats, a été désignée Personnalité Arts-Affaires. Joanie Lapalme, avocate chez Fasken Martineau Dumoulin, a quant à elle été honorée du titre Relève Arts-Affaires.

Ce concours s'ajoute aux autres initiatives du CAM pour favoriser le maillage arts-affaires. Notamment les soirées Go-C.A., des soirées rencontre qui aident les conseils d'administration des organisations culturelles à recruter de nouveaux membres au sein de diverses firmes de professionnels.

Les bourses Jeunes mécènes pour les arts, une initiative introduite il y a trois ans par le CAM, visent également à rapprocher le milieu des arts et celui des affaires en invitant des gens d'affaires à faire un don privé pour la création de bourses annuelles remises à un projet artistique émergent.

Un partenaire majeur de la culture

Le CAM, qui célèbre son soixantième anniversaire cette année, a soutenu plus de 430 entreprises culturelles en 2015. Celles-ci se sont partagé des subventions allant de 2 000 $ à 400 000 $, sur un budget annuel, en hausse, de 14,5 millions de dollars.

«Nous servons souvent de bougie d'allumage aux organisations culturelles et artistiques», affirme Nathalie Maillé. Le CAM, dit-elle, représente en effet un sceau d'approbation aux yeux d'autres organismes, tel le Conseil des arts et des lettres du Québec, qui peuvent éventuellement, eux aussi, accorder une aide financière.

Conscientes de ce levier de financement, les quelque 300 organisations culturelles qui font parvenir annuellement une demande de financement au Conseil des arts ont adapté leur dossier de candidature en conséquence. «Depuis 10 ans, les organisations étoffent leur candidature en ajoutant un plan d'affaires, une description de leur stratégie, des états financiers, des rapports provisoires et un dossier de presse, signale la directrice générale. Certaines ont même déjà ciblé leurs commanditaires avant de déposer une demande.» Comme quoi, la relation entre les arts et les affaires n'a pas fini de s'intensifier.

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