Le sociofinancement à l'assaut de l'immobilier


Édition du 11 Février 2017

Le sociofinancement à l'assaut de l'immobilier


Édition du 11 Février 2017

Par Matthieu Charest

Pour financer vos projets les plus fous, il y avait les banques et les prêteurs privés. Puis, le financement participatif est né. Par l'intermédiaire de Kickstarter ou de La Ruche, vous pouvez maintenant demander au grand public de vous soutenir, que ce soit pour endisquer un album de chansons de Noël ou pour écrire ce fameux roman. Aujourd'hui, le sociofinancement vous permet même d'investir dans des projets immobiliers de grande ampleur.

Née à Québec en février 2016, RealStarter ne réinvente pas la roue. Le concept existe depuis des années en Europe et aux États-Unis. À New York, par exemple, le 3 World Trade Center, dont la construction est en cours, a été financé en partie de cette façon.

Cependant, pour la province, c'est une première. L'idée est simple: un promoteur à la recherche de financement présente son projet immobilier sur la plateforme à monsieur et à madame Tout-le-Monde, qui peut décider d'y investir ses économies ou pas.

Bref, le public joue à la banque pour des projets d'ordinaire réservés aux banques ou aux très riches. Un peu à l'instar de l'autre québécoise GoTroo, qui permet aux gens de financer des entreprises.

Le maximum investi par individu est fixé à 1 500 $, et le maximum par projet, à 250 000 $, selon les règles actuelles de l'Autorité des marchés financiers (AMF).

«Le rendement, le terme du prêt et le niveau de risque que représente le projet sont laissés à la discrétion du promoteur, raconte Do Nguyen, cofondateur et copropriétaire de RealStarter. Nous filtrons les projets, et c'est aux gens de décider si c'est sexy ou non. Si l'objectif de financement n'est pas atteint en 90 jours, l'argent est retourné aux investisseurs.»

Le modèle offre des avantages à toutes les parties impliquées, croit l'entrepreneur. «C'est plus transparent qu'un REIT (fonds d'investissement immobilier), les taux de rendement peuvent être intéressants, entre 8 % et 12 %, et c'est moins compliqué que la Bourse.»

Pour la start-up, l'intérêt vient de la commission modulée selon le projet, autour de 7 %, payée par le promoteur sur le capital emprunté, mais seulement si le projet est mené à son terme.

«Bien sûr, il y a un risque, reconnaît M. Nguyen. L'investisseur peut tout perdre, mais c'est mentionné très clairement sur le site.»

Un premier projet

Le premier projet offert aux investisseurs est celui de Yanik Guillemette, un jeune entrepreneur en série de la région de Québec. Il veut bâtir une trentaine de «microchalets» autour des bains nordiques de son entreprise, le Blü Spa, située sur la Côte-de-Beaupré, à proximité de la capitale nationale.

«Je veux construire 33 chalets habitables à l'année d'une superficie d'environ 900 pi2. À terme, je pense les vendre autour de 270 000 $.»

Outre la visibilité que lui offre RealStarter pour son projet, l'avantage de la plateforme pour le promoteur repose sur l'accès au financement. «Les 250 000 $ que je veux aller chercher avec RealStarter vont nous permettre de financer une partie des études préliminaires et l'obtention des autorisations. Ça sécurise les banques. On n'est pas dans la meilleure conjoncture en immobilier pour obtenir du financement " traditionnel ", alors les banques sont très réticentes à prendre des risques.»

Si les intérêts que devra payer Immobilier Station Blü, l'entité créée pour ce projet, sont plutôt élevés (de l'ordre de 8 % par année), RealStarter ne prend pas de commission pour ce premier projet.

Pour Yanik Guillemette, le recours au sociofinancement est aussi un pied de nez idéologique aux banquiers.

«J'en ai tellement soupé des banquiers qui sont assis derrière leurs bureaux. Moi, je crois au financement participatif et aux nouvelles technologies. Les banquiers ne prennent jamais de risques, lance-t-il. Ils découragent l'entrepreneuriat.»

Quant aux risques pour les investisseurs, l'homme d'affaires se fait rassurant. «Si jamais le projet ne fonctionne pas, même si le spa est déjà très fréquenté, nous allons cautionner la dette contractée avec mon entreprise, Guillemette Properties. C'est écrit noir sur blanc dans le contrat.»

Il s'agit donc du premier projet accessible sur la plateforme RealStarter, mais Do Nguyen ne veut pas s'arrêter là. «Je voudrais que l'on offre environ un projet par mois. Mais d'abord, le projet Blü, il faut que ça marche.»

Il faudra donc attendre fin avril pour constater le succès, ou l'échec, de l'aventure de financement participatif immobilier RealStarter.

À la une

Les prix élevés du chocolat font partie d’une tendance plus large

Il y a 26 minutes | La Presse Canadienne

En février dernier, les prix du cacao étaient près de 65% plus élevés qu’il y a un an.

Résultats des entreprises américaines au 1T: toujours pas d'accroc?

EXPERT INVITÉ. On a remarqué nettement plus de surprises positives que négatives.

Bourse: d'excellents rendements grâce aux «5 magnifiques»

BALADO. Microsoft, Nvidia, Amazon, Alphabet et Meta Platforms ont généré 40% des gains du S&P 500 au premier trimestre.