Le nouveau visage du communautaire


Édition du 20 Juin 2015

Le nouveau visage du communautaire


Édition du 20 Juin 2015

Par Diane Bérard

L'ère des chèques pour des chèques tire à sa fin. Les donateurs individuels veulent un impact. Et les entreprises donatrices, des partenaires stratégiques. Pour survivre dans la jungle du secteur communautaire, les organismes à but non lucratif (OBNL) développent des modèles autrefois réservés au monde des affaires.

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Nous en sommes encore au commencement de cette vague. Mais on voit déjà apparaître de nouveaux modèles d'affaires, tant dans les organismes émergents que dans ceux traditionnels. Le cofondateur d'un de ces OBNL, Gabriel Bran Lopez, 32 ans, vient d'être nommé président de la Jeune Chambre de commerce de Montréal (JCCM). Son organisme, Fusion Jeunesse, lutte contre le décrochage scolaire. Ses mentors se nomment Laurent Beaudoin et L. Jacques Ménard. La nomination du président d'un OBNL à la tête de la JCCM en dit long sur les nouvelles ambitions du secteur communautaire. Le jeune président compte dévoiler en septembre ses projets pour une Jeune Chambre plus inclusive. «Je veux un membership diversifié plus représentatif de la société, insiste Gabriel Bran Lopez. La Jeune Chambre va accueillir plus d'artistes et d'acteurs sociaux parmi ses membres pour que nous discutions et que nous prenions position sur tous les enjeux qui concernent l'économie.» Une déclaration qui s'aligne parfaitement sur les objectifs de la première Biennale sur le développement social de Montréal, tenue les 2 et 3 juin derniers. Les participants ont cherché des moyens de fusionner développement social et développement économique pour ne parler que de développement, tout simplement.

Les 4 tendances qui boulversent le monde du don

1. De plus en plus de donateurs veulent exprimer leur générosité autrement qu'en signant un chèque. D'où la popularité, par exemple, de plateformes de prêts sociaux comme l'américaine Kiva. On prête, au lieu de donner aux projets affichés sur Kiva. L'argent peut ainsi servir à plusieurs reprises.

2. Les donateurs veulent connaître l'impact de leurs dons.

3. L'exigence de la reddition de comptes entraîne la naissance d'une industrie de la mesure de rendement social. Cela pose un défi : certaines retombées sociales requièrent du temps avant de se concrétiser. Mais cette exigence de résultats ne disparaîtra pas.

4. La montée de l'entrepreneur social, une entité hybride, parfois OBNL, parfois entreprise à but lucratif. L'entrepreneur social devient à la fois un élément de solution supplémentaire aux problèmes sociaux et un concurrent de plus dans la bulle philanthropique.

Une bulle philanthropique

Il y a 1,3 million d'organismes à but non lucratif et de fondations aux États-Unis. C'est trois fois plus qu'il y a 15 ans. «Nous pouvons parler de bulle philanthropique», juge Glen Galaich, pdg de The Philanthropy Workshop.

Créé en 1995 par la Fondation Rockefeller, The Philanthropy Workshop aide les philanthropes américains à «donner mieux» pour un effet plus durable. «Le secteur technologique a créé de nombreux millionnaires, dit Glen Galaich. Cela explique la multiplication des fondations et des organismes communautaires.» Mais cet argent frais atteint-il la cible ? Parfois oui, parfois non, répond Glen Galaich. Certains nouveaux millionnaires ont leur propre idée de ce dont la société a besoin pour mieux tourner, et ils foncent sans vérifier les initiatives déjà en place. D'autres philanthropes s'inscrivent plutôt dans le courant de l'investissement stratégique. Ils analysent le marché et la concurrence pour tirer le maximum d'impact de leur argent. On observe le même virage dans la population générale. Les donateurs individuels migrent tranquillement du don vers l'investissement social. «Ce n'est pas encore généralisé, poursuit Glen Galaich. Une certaine génération continue de donner sans rien attendre ni réclamer en retour. Mais chez les plus jeunes, et chez certains donateurs plus âgés, on s'attend à un rendement social de ses dons.»

Au Québec, on compte 1 210 fondations (fondations d'entreprise, privées, publiques, fonds d'employés et organismes philanthropiques) selon l'édition 2013 du répertoire «Fonds et Fondations du Québec» publié par le Centre québécois de philanthropie.

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