La croissance, oui. La Bourse, non.

Publié le 13/01/2011 à 00:00, mis à jour le 21/01/2011 à 13:32

La croissance, oui. La Bourse, non.

Publié le 13/01/2011 à 00:00, mis à jour le 21/01/2011 à 13:32

Par Marie-Claude Morin

Nous sommes à des années lumières de la dernière décennie où il suffisait d'ajouter .com à son nom d'entreprise pour espérer récolter la manne en Bourse. L'état des marchés publics, qui a changé bien sûr, le coût peu élevé du financement bancaire et le faible appétit des investisseurs pour le risque expliquent qu'il y a eu seulement un premier appel public à l'épargne (PAPE) majeur au Québec en 2010. Les entrepreneurs québécois ne rêvent plus de voir leur société cotée en Bourse. Six d'entre eux nous expliquent pourquoi.

" Entrer en Bourse n'a jamais été une aspiration pour moi. "

- François Roberge, pdg de la chaîne La Vie en Rose

Ce n'est pas tant par discrétion que par souci de flexibilité que François Roberge exclut toute entrée en Bourse pour La Vie en Rose, une chaîne de 150 boutiques de sous-vêtements au Canada et de 55 franchises à l'étranger.

Car les obligations d'une entreprise à capital ouvert, le dirigeant les connaît bien. Pendant 14 ans, il a travaillé pour le Groupe San Francisco, une chaîne de vêtements dirigée par son oncle, Paul Delage Roberge. " J'ai vu qu'il était difficile de se concentrer sur la stratégie à long terme lorsqu'on est une entreprise cotée ", explique l'homme d'affaires de 48 ans, qui a racheté la chaîne du Groupe Algo en 1996.

Les investisseurs accordent beaucoup d'importance aux résultats trimestriels et cherchent des rendements à court terme, déplore-t-il. L'accès rapide à des capitaux abondants peut aussi encourager une prise de risques excessive. " On est plus prudents quand c'est notre argent ", dit celui qui a racheté la participation de la Caisse de dépôt et placement (18 %) en 2008. De toute manière, pour la Vie en Rose, qui réalise des recettes annuelles de 140 millions de dollars (M$), il serait trop coûteux selon lui de répondre aux nombreuses exigences réglementaires imposées aux entreprises cotées en Bourse.

À ces considérations d'affaires, ajoutez les rêves d'un père de trois enfants, âgés de 15 à 20 ans. " J'aimerais que la relève vienne de là. " L'idée semble faire son chemin : l'aîné étudie à HEC Montréal et ses cadets fréquentent un établissement renommé de la métropole.

La Vie en Rose

Activité : Boutiques de sous-vêtements pour dames

Siège social : Montréal

Chiffre d'affaires: 140 M$

Effectif : 1 900

" Je ne crois pas qu'être en Bourse soit prestigieux. À la limite, ça enlève même du prestige. "

- Guy Michaud, pdg de Groupe Genacol

Guy Michaud voit grand pour Groupe Genacol : il vise à en faire un Procter & Gamble des produits naturels. Rien de moins. Présente dans près de 30 pays, l'entreprise de Blainville prévoit poursuivre son expansion géographique - elle vient d'ailleurs de signer une entente avec un gros distributeur chinois - et souhaite ajouter de nombreux produits naturels canadiens à son offre internationale.

Avec autant d'ambition, on pourrait croire que Guy Michaud rêve de sonner la cloche d'ouverture des marchés sur un grand parquet. Pas du tout. Si Groupe Genacol entre un jour en Bourse, ce sera strictement pour maximiser ses chances de croissance. Guy Michaud écoutera alors sa tête, plus que son coeur, car pour l'homme d'affaires de 51 ans, détenir 100 % des actions de l'entreprise dont il vient de souffler les 10 bougies représente une très grande fierté. Pour lui, être inscrit en Bourse n'est pas synonyme de prestige. Au contraire. " Il est gratifiant de dire qu'on a réussi par nos propres moyens, sans avoir recours à des capitaux publics. Ça prouve qu'on a su se débrouiller. "

Reste que Groupe Genacol risque d'avoir besoin des marchés boursiers si elle désire pousser la machine à fond, reconnaît son pdg, assurant du même souffle ne pas être rendu là dans ses réflexions. " C'est envisageable, mais ce n'est pas la seule solution. "

Groupe Genacol

Activité : Produits naturels

Siège social : Blainville

Chiffre d'affaires: 12 M$

Effectif : 118

" Pour une entreprise ambitieuse comme la nôtre, ça n'aurait pas de sens d'exclure d'emblée une voie de croissance comme la Bourse. "

- Éric Trudel, pdg de Wendigo Studios

Lorsqu'on fonde son entreprise et qu'on voit grand, rêve-t-on d'entrer en Bourse un jour ? " C'est une décision qui ne se prend pas au jour 1. Aller en Bourse est un outil pour financer sa croissance, mais il y en a d'autres ", répond, terre-à-terre, Éric Trudel, 40 ans, pdg et cofondateur du développeur de jeux vidéo Wendigo Studios. L'entreprise de Saguenay a lancé cet automne un premier jeu sous son propre nom, après avoir fait de la sous-traitance depuis ses débuts en 2006. Les dirigeants aimeraient passer à moyen terme de 27 à 100 employés et, bien sûr, accroître leurs revenus, qui s'élèvent actuellement à environ 1 M$.

Selon le pdg, lui et ses six associés à parts égales souhaitent toutefois rester indépendants le plus longtemps possible. Ils ont récemment réalisé une ronde de financement auprès de FIER Saguenay-Lac-Saint-Jean et d'Investissement Québec. " C'est possible qu'on aille en Bourse un jour, mais ce n'est pas dans les cartes pour encore au moins trois à cinq ans. "

Pas question non plus de séduire un joueur important, comme l'a fait la québécoise Beenox auprès de l'américaine Activision en 2005. " Je ne crois pas que vendre le fruit du labeur des gens d'ici soit la meilleure solution pour le Québec et le Canada ", explique Éric Trudel. La PME est habituée à ramer à contre-courant. Après tout, ses fondateurs étaient fraîchement diplômés de l'UQAC lorsqu'ils sont partis à la conquête des géants du jeu vidéo... à partir de Chicoutimi. " On avait tout contre nous lorsqu'on a fondé l'entreprise, alors on est bien contents de voir où nous sommes rendus maintenant. "

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