Entrevue n°260 : Ron Cao, associé directeur, Lightspeed Venture Partners China


Édition du 26 Septembre 2015

Entrevue n°260 : Ron Cao, associé directeur, Lightspeed Venture Partners China


Édition du 26 Septembre 2015

Par Diane Bérard
D.B. - Qu'est-ce qui distingue les équipes chinoises dans lesquelles vous investissez des équipes américaines ?

R.C. - En Chine, nous nous montrons très pointilleux sur les qualités de gestionnaire du fondateur. Il doit être compétent, car nous savons qu'il nous sera impossible de le remplacer. Cela va à l'encontre de la culture chinoise. En Chine, le fondateur est là pour rester. Aux États-Unis, la plupart des start-up sont démarrées par des geeks. Ce sont des as de la techno, mais la gestion n'est pas leur point fort. Et ils le savent. Ils ne sont pas surpris lorsqu'un investissement est conditionnel au remplacement du pdg. De plus, en Chine, la bureaucratie est très lourde. Le pdg doit être assez solide pour naviguer dans l'appareil bureaucratique. Une autre raison pour laquelle un investisseur devrait se soucier davantage en Chine qu'aux États-Unis de la qualité du pdg.

D.B. - Les motivations des entrepreneurs chinois diffèrent de celles des entrepreneurs américains. Dites-nous-en plus à ce sujet.

R.C. - Je ne peux pas parler pour tous les entrepreneurs américains. Je vais me contenter de parler de ceux que je connais, les artisans des start-up de la Silicon Valley. Ils sont de plus en plus nombreux à manifester le désir de créer de la valeur pour la société. Ils aspirent à ce que leur projet d'entreprise ait un impact au-delà de l'accomplissement de leur rêve d'entrepreneur. En Chine, les entrepreneurs que je croise en sont encore à parler de leur rêve. C'est peut-être normal, car l'entrepreneuriat chinois n'est pas rendu à la même étape que l'entrepreneuriat américain.

D.B. - On a l'impression que les entrepreneurs technos chinois imitent les bonnes idées de leurs homologues étrangers plutôt que de trouver leur voie. Qu'en pensez-vous ?

R.C. - La Chine s'est beaucoup inspirée des États-Unis, c'est vrai. Mais ça change. Je suis convaincu qu'elle produira bientôt de nouveaux types de plateformes sans équivalent étranger. Toutefois, il reste deux défis à surmonter. D'abord, les entreprises devront investir davantage dans les TI pour implanter une infrastructure en mesure de soutenir leurs projets. Ensuite, il faut former davantage de techniciens compétents. Ils ne suffisent pas à combler les besoins des entreprises.

D.B. - Tous les discours du premier ministre Li Keqiang mentionnent le mot «entrepreneuriat». Qu'y a-t-il au-delà de ce mot ?

R.C. - Le gouvernement chinois est conscient que l'entrepreneuriat constitue le nerf de la guerre. Il sait que nous devons cesser de simplement fabriquer des biens pour commencer à en créer. On assiste à de nombreuses initiatives à la fois privées et publiques ; un réseau de soutien se développe. Les entrepreneurs ont maintenant accès à des incubateurs régionaux privés aussi bien que des incubateurs gouvernementaux.

D.B. - Comme investisseur, que vous manque-t-il pour mieux accomplir votre travail ?

R.C. - Ce n'est pas une question facile... Disons que le marché des capitaux chinois est beaucoup moins développé que celui des États-Unis. Et que, pour l'instant, il ne se dirige pas dans la bonne direction. Je comprends les investisseurs étrangers de ne pas avoir envie de se mouiller à la Bourse chinoise. Mais ça s'améliorera. La Chine bouge vite. Et le gouvernement s'inspire des meilleurs du monde.

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