Le projet Well inc. vise la création d’un quartier entièrement consacré à l’entrepreneuriat dans un secteur défavorisé de Sherbrooke.
Sherbrooke s'affaire à développer une culture de plus en plus entrepreneuriale. L'émergence d'incubateurs ainsi que les liens plus étroits entre le milieu de la recherche universitaire et celui des affaires, ou encore le projet de revitalisation et de transformation d'une rue désaffectée en quartier de l'entrepreneur, sous l'impulsion d'investissements publics et privés, en témoignent. Portrait d'une ville qui ne cesse de grimper au palmarès FCEI des plus importantes villes entrepreneuriales au Canada.
Le contraste est frappant. Au nord, la rue Wellington abrite plusieurs boutiques stylisées, des restaurants et des cafés branchés ou encore la microbrasserie Boquébière. On y trouve également le vénérable théâtre Granada, un édifice patrimonial construit en 1928 qui a été le théâtre d'importants travaux de restauration en 2013. Comme bien d'autres édifices et commerces qui, ces dernières années, ont profité de dizaines de millions de dollars d'investissements publics et privés pour se refaire une beauté et attirer de nouveaux établissements.
De toute évidence, les efforts de mise en valeur de cette vieille artère commerciale du centre-ville de Sherbrooke ne se sont pas poursuivis au sud de la rue King, ce boulevard qui traverse d'ouest en est la ville de plus de 160 000 habitants. Comme en témoigne de nombreux bâtiments délabrés ou vacants, tels que l'hôtel Wellington et l'ancienne auberge de jeunesse Ecobeat.
Mais le projet Well inc., qui vise la création d'un quartier entièrement consacré à l'entrepreneuriat, devrait donner un nouveau souffle à cette artère historique enclavée dans un secteur qui vit aussi des problématiques sociales. «Ce n'est pas seulement un projet de développement économique et de revitalisation urbaine, mais aussi communautaire qui permettra de créer un nouveau milieu de vie», fait valoir Marie-France Delage, directrice générale adjointe aux relations avec la communauté, qui dirige ce nouveau projet de quartier.
100 M$ d'investissements prévus
L'annonce de cette initiative, l'automne dernier, aurait suscité beaucoup d'enthousiasme. «Des entreprises ont déjà signifié leur intérêt de s'installer ou de déménager dans le quartier», note Gilles Marcoux, directeur général de Commerce Sherbrooke. Le responsable des projets privés et du développement du quartier Well inc. précise qu'il y a une douzaine de projets sur la table.
L'un d'eux vient de se concrétiser. Un promoteur immobilier a fait l'acquisition de l'édifice abritant l'auberge de jeunesse qui était vacant depuis un an et faisait l'objet d'une vente sous contrôle de justice par appel d'offres. «Personne ne voulait l'acheter et la ville avait finalement fait une offre d'achat de 325 000 $. Mais l'annonce de Well inc. a amené sept soumissionnaires», indique M. Marcoux. Le nouveau propriétaire a déboursé 525 000 $ pour l'achat et prévoit investir 600 000 $ pour le transformer en édifice à bureaux, commercial et résidentiel.
La ville a pour sa part injecté plus de 2 millions de dollars pour l'acquisition de l'hôtel Wellington et d'autres bâtiments qui seront démolis pour laisser place à la construction de deux édifices totalisant 175 000 pi2. Là où seront notamment regroupés des organismes de développement économique, comme Sherbrooke Innopole, Commerce Sherbrooke et la Corporation de développement économique et communautaire.
La ville donne ainsi «l'impulsion nécessaire pour donner une nouvelle vocation à ce secteur et amener la création d'entreprises», souhaite le maire Bernard Sévigny, en précisant que la revitalisation du quartier Saint-Roch à Québec a été une «source d'inspiration».
Le nouveau quartier favorisera l'émergence «d'un écosystème entrepreneurial qui rassemblera un guichet unique de services aux entrepreneurs, mais aussi des espaces d'incubation, de co-working ou encore d'innovation», souligne Gilles Marcoux.
Les universités de Sherbrooke et Bishop's prévoient y implanter un Foyer de l'innovation pour favoriser les démarches de commercialisation des entreprises. Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l'Estrie-Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke entend pour sa part développer un incubateur d'innovation sociale, tandis que le Conseil de la culture de l'Estrie et le centre de diffusion et de production Sporobole souhaite y créer un incubateur culturel.
À terme, quelque 100 M$ devraient être investis par les secteurs publics et privés dans ce quartier qui doit accueillir ses nouveaux occupants en cours d'année.
Filières clés de Sherbrooke
Sciences de la vie :
47 entreprises, 1 659 emplois
Technologies propres :
111 entreprises, 3 217 emplois
Industries manufacturières et fabrication de pointe :
374 entreprises, 9 734 emplois
Technologies de l'information et des communications :
99 entreprises, 1 689 emplois
Micro-nanotechnologies :
9 entreprises, 379 emplois
L'Estrie en chiffres
2013 / 2014 / 2015 / 2016 (¹) / 2017 (¹)
Croissance du PIB (%) / 1,2 / 1,9 / 2,1 / 2 / 2,7
Taux de chômage (%) / 6,4 / 6,8 / 6,5 / 6,3 / 6,1
Investissements / 1,1 G$ / 1,1 G$ / 988 M$ / 956,2 M$ / n.d.
(¹) Prévisions
Source : Mouvement Desjardins
UNE VILLE ET SA RÉGION
Série 1 de 9
Les Affaires prend la route afin de vous faire découvrir neuf municipalités qui se démarquent par leur vitalité économique.
