Une idée d'entreprise comme souvenir de voyage


Édition du 16 Juillet 2016

Une idée d'entreprise comme souvenir de voyage


Édition du 16 Juillet 2016

Par Matthieu Charest

« Je leur ai dit “Attendez un peu, moi, ça m’intéresse vraiment. Je vais fonder mon entreprise et vous me donnerez le contrat”. » – Renaud Teasdale, cofondateur de MyCustomizer.

Ceci n'est pas une attaque en règle contre les tout-inclus qui foisonnent dans le Sud. Il n'y a aucun mal à se détendre et à faire le vide. Mais outre les plages et les daïquiris, d'autres types de voyages peuvent inspirer un déclic entrepreneurial. Les Affaires a rencontré trois jeunes voyageurs québécois qui ont rapporté dans leurs valises l'idée, écrite en majuscules, qui allait les mener à se lancer en affaires.

La boîte qui fait voyager

Originaire du nord de la France, Max Rosselin travaille d'abord en publicité. Il a d'ailleurs déjà détenu une agence. Grand voyageur et grand amateur de bonne bouffe, il a visité le Brésil, la Finlande, l'Italie, la Grèce, le Mexique, l'île Maurice, entre autres, avant de débarquer au Québec il y a trois ans, où il a décidé de se réinventer.

«J'étais tanné de vendre des logos, des stratégies, de la matière grise. Je voulais du concret», raconte-t-il. C'est en revenant d'un souper en Estrie avec des membres de sa famille, installés ici depuis longtemps, qu'il a le déclic.

«Nous avons passé une magnifique soirée, ils m'ont fait découvrir des produits du terroir, puis à mon tour, je leur ai fait des spécialités de mon coin de pays. Comme lorsque je voyageais, j'avais plein d'idées préconçues sur la cuisine locale et une peur de l'inconnu ; je me suis donc demandé comment je pouvais m'entraîner pour goûter à tout. C'est triste d'être en Martinique et de manger du spaghetti plutôt que des fruits de mer.»

Avec un associé, il lance Food Trip To. Tous les deux mois, ils proposent une nouvelle boîte thématique sur un pays, le Brésil par exemple. À l'intérieur, des produits secs, des recettes, des cadeaux du pays en question, des fiches culturelles, des jeux. Tout, sauf les ingrédients frais à acheter en épicerie, pour nourrir environ six personnes et découvrir en groupe un nouveau coin du monde. En prime, chaque boîte est une surprise.

La plupart des boîtes (60 %) sont vendues dans les régions du Québec, où l'accès aux boutiques et épiceries de diverses communautés culturelles est plus restreint.

En sept mois d'activité, la PME a réalisé un chiffre d'affaires de 270 000 $. Elle est actuellement en train de recueillir du financement.

Made in Montréal, inspiré par le monde

Avant de cofonder MyCustomizer en 2010, Renaud Teasdale travaille pour Warrior Sports, un équipementier dont le siège social est établi à Detroit. Même si la division pour laquelle il travaille est située à Montréal, M. Teasdale voyage fréquemment. À Detroit, bien sûr, mais en Asie également, où la plupart des manufactures se trouvent.

Designer de produits, Renaud Teasdale se spécialise de plus en plus dans la personnalisation de l'équipement, notamment pour des produits destinés aux joueurs de la Ligue nationale de hockey.

Jusqu'au jour où son entreprise, détenue par New Balance, décide d'impartir le service. «Je leur ai dit : "Attendez un peu, moi, ça m'intéresse vraiment. Je vais fonder mon entreprise et vous me donnerez le contrat". J'avais déjà visité plusieurs usines en Chine ou aux Philippines, et je savais que ces endroits-là étaient capables de fabriquer du sur-mesure. Il fallait maintenant concevoir un logiciel pour l'intégrer aux grandes marques.»

Il obtient le contrat de Warrior, auquel il se consacre pendant deux ans. Puis, «en voyant des réussites comme Shopify, nous avons décidé de lancer le logiciel pour que les autres y aient accès».

Son entreprise emploie aujourd'hui six personnes et compte parmi ses clients la finlandaise Sunto (montres) et New Balance. MyCustomizer engrange un chiffre d'affaires de près de 20 000 $ par mois, qu'elle prévoit doubler sous peu.

De Hawaï à Saint-Henri

Quand Catherine Bégin perd son emploi dans les médias après huit ans de service, elle repart vers Hawaï, où elle est déjà allée à deux reprises. Elle y retourne cette fois avec un objectif précis : faire la randonnée du sentier Kalalau Trail, long de 18 km, un des plus dangereux au monde. Les pentes sont très escarpées : si quelqu'un tombe, il n'y a rien pour le rattraper.

«Je me suis dit : "Si je suis capable de me rendre au bout de cette randonnée, je suis capable de me lancer en affaires", raconte-t-elle. C'est un sentier très meurtrier. En plus, j'ai peur des hauteurs et je ne suis pas la plus sportive».

Elle y parvient. Au bout du chemin, elle et son conjoint se retrouvent dans une communauté hippie. «Ils nous ont dit : "Déshabillez-vous et joignez-vous à nous !" Les gens y mangent ce qu'ils cueillent. L'archipel m'a vraiment inspirée par la fraîcheur des aliments, le courant très bio, végétarien, les fruits.»

De retour dans le quartier Saint-Henri, à Montréal, elle fonde l'atelier-boutique Pops Art, qui conçoit et fabrique des barres glacées santé, et où les produits locaux sont à l'honneur.

Elle en est maintenant à sa troisième année d'activité et emploie six personnes. Elle possède une flottille de triporteurs qui couvrent certains événements, et ses produits sont distribués dans certaines boutiques spécialisées. Cet été, elle espère vendre 80 000 produits. Ça va bien, donc, même si elle reconnaît que «c'est plus dur de se lancer en affaires que de faire cette randonnée-là !»

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