Téléphones intelligents : une bataille à finir

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Téléphones intelligents : une bataille à finir

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Préparez-vous à être déçu : il pourrait bien n'y avoir aucun nouveau téléphone portable pour vous sous l'arbre de Noël. Le 14 novembre, Nokia, géant mondial du secteur, a annoncé qu'elle s'attendait à ce que l'industrie ne vende pas plus de 330 millions d'appareils au cours du quatrième trimestre - soit près de 6 millions de moins que l'année précédente à la même période et 20 millions de moins que ce que la société avait prévu il y a à peine quelques mois. Pis encore, Nokia prévoit que ses ventes de 2009 seront inférieures à celles de cette année. Si cela s'avérait, il s'agirait seulement de la deuxième année de contraction dans les annales de l'industrie mondiale du portable.

Pourtant, les perspectives de l'industrie du téléphone mobile ne sont pas toutes aussi sombres. Elle fait face à deux importants changements qui promettent de générer beaucoup de croissance et de bénéfices. Premièrement, bien que les ventes globales risquent de chuter en 2009, les ventes de téléphones "intelligents" sont en plein essor. Selon la firme d'études de marché Informa, le marché des téléphones intelligents passera de 39 milliards de dollars américains (G$ US), en 2007, à 95 G$ US, en 2013, pour atteindre près de la moitié de la valeur du marché des portables.

Deuxièmement, et surtout, avec le raffinement des téléphones intelligents, la nature même de l'industrie est appelée à évoluer. Il s'agira moins de produire de l'équipement que des logiciels, des services et du contenu. En fait, pour la première fois, on investira cette année davantage dans le développement de ces éléments intangibles que dans les appareils eux-mêmes. Et c'est pourquoi, également pour la première fois, une bataille féroce s'est engagée entre les concepteurs de systèmes d'exploitation de téléphones portables.

La révolution iPhone

Au cours des dernières années, la lenteur des transmissions de données sur les réseaux sans fil a constitué le principal obstacle à l'essor de l'Internet mobile. Les fabricants d'appareils n'avaient pas chez eux les ressources nécessaires au développement de systèmes d'exploitation à la fine pointe dotés d'interfaces-utilisateurs intuitives. On avait laborieusement modifié les modules d'extension pour qu'ils soient compatibles avec une multitude de plateformes.

C'est l'arrivée de deux nouveaux acteurs qui a bousculé les choses. D'abord Apple avec son iPhone. Non seulement le design de ses composantes et de son interface-utilisateur sont exemplaires, mais il propose un tarif fixe pour le transfert de données "à satiété". Apple a aussi fourni de puissants outils pour développer les logiciels destinés à l'iPhone et un nouveau canal pour les distribuer : le App Store. Comme c'est le cas avec les PC, les utilisateurs peuvent à leur guise télécharger des applications et les installer sur leur iPhone. Inauguré en juillet, l'App Store a décollé encore plus rapidement que la boutique iTunes, qui domine le marché de la musique en ligne. Dans les deux premiers mois, les utilisateurs de l'iPhone ont téléchargé plus de 100 millions de programmes.

L'autre trouble-fête est Google, dont la plateforme Android permet aussi à ses utilisateurs de télécharger des applications à partir de sa boutique en ligne, Android Market. Mais Android se distingue d'iPhone en ce qu'il n'est qu'un logiciel mis par Google à la disposition des fabricants de portables et des opérateurs. Google espère ainsi que cela accélérera l'adoption de son système et que cela favorisera davantage l'innovation que ne le fait la plateforme iPhone, contrôlée de près par Apple.

L'apparition de ces deux nouveaux acteurs a incité les vétérans de l'industrie à redoubler d'efforts dans le développement de leurs plateformes.

Que la bataille commence

Comment se déroulera cette compétition ? Elle se jouera en fait sur plusieurs fronts. L'un oppose les plateformes en code source ouvert et leurs rivales propriétaires, particulièrement les plateformes iPhone et BlackBerry.

Bien que la majorité des téléphones intelligents finiront par être équipés de logiciels au code source ouvert, les plateformes propriétaires ne sont pas près de disparaître, prédit Geoff Blaber de la firme d'études marché CCS Insight. Plusieurs usagers, dit-il, apprécient le fait que leurs logiciels et leurs composantes soient étroitement intégrés, ce qui fait de chaque appareil un tout homogène. Seule Microsoft a un véritable problème : comme elle ne produit pas elle-même d'appareils, elle ne peut pas exploiter une telle intégration; par ailleurs, les fabricants de portables qui ne souhaitent pas développer leurs propres logiciels disposent maintenant de solutions de rechange gratuites à Windows Mobile.

En 2009, chaque plateforme tentera de gagner les coeurs et les esprits des concepteurs de logiciels, dit Roberta Cozza, de Gartner, un autre cabinet d'études de marché, et il est fort improbable que le marché se consolide de sitôt. De puissants intérêts économiques maintiennent en vie chacune de ces plateformes. Google veut afficher ses services et ses annonceurs sur les téléphones mobiles. Nokia mise aussi sur les services pour sa croissance.

En vérité, la meilleure issue possible est une bataille sans fin. S'il fallait que le marché des plateformes de téléphones portables se consolide trop rapidement ou prenne la direction des systèmes d'exploitation des PC, qu'a fini par dominer Microsoft Windows, il en résulterait probablement un ralentissement de l'innovation. Et c'est en innovant rapidement que l'industrie du portable, et n'importe quelle autre, a les meilleures chances de surmonter la récession qui s'annonce.

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