Siège orphelin: la vigilance est de mise


Édition du 27 Août 2015

Siège orphelin: la vigilance est de mise


Édition du 27 Août 2015

Hésitants à condamner la décision des pdg d'entreprises d'ici de s'établir à l'extérieur du Québec, les experts en gestion et gouvernance d'entreprises que nous avons consultés s'entendent pour dire que cette situation devrait, à tout le moins, appeler à une certaine vigilance.

Il n'y a pas encore péril en la demeure, «mais ça allume sûrement un feu jaune», estime Louise Champoux-Paillé, présidente du conseil du Cercle des administrateurs de sociétés certifiés (CASC), pour qui la décision d'une société de laisser son chef de la direction vivre à l'étranger risque de mener à une réduction de l'influence réelle de son siège social.

Les recherches de Les Affaires ont permis de démontrer que 8 (ou 16 %) des 50 plus grandes capitalisations boursières du Québec sont dirigées par des présidents ou chefs de la direction qui ne sont pas domiciliés au Québec. Du nombre, trois vivent en Ontario et cinq aux États-Unis, notamment en Floride et en Caroline du Nord.

Il y a quelques semaines, les membres du conseil d'administration de Telus ont poussé leur chef de la direction à démissionner après que ce dernier eut refusé de déménager en Colombie-Britannique, où est situé le siège de la société de téléphonie. Devrait-on attendre des conseils d'administration de sociétés québécoises qu'ils imposent la même règle de résidence à leur direction ?

LIre aussi: Les absents du Québec inc.

Sur ce point, les experts se montrent nuancés. Tout en comprenant la responsabilité qui incombe aux sociétés de s'adjoindre les meilleurs dirigeants dans leur domaine, Michel Magnan, titulaire de la chaire de gouvernance d'entreprise Stephen A. Jarislowsky de l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia, soutient que la province a tout à gagner à voir ses sièges sociaux être dirigés par des leaders vivant au Québec. Comme d'autres, le professeur estime qu'un dirigeant établi dans la même juridiction que son siège social sera plus susceptible de comprendre la réalité de ses employés et aura, de ce fait, davantage tendance à s'investir dans les causes propres à sa communauté. 

Les dangers du glissement

Mais, plus important encore, cette présence locale préserve le Québec de la possibilité qu'une fois établi à distance, le chef de la direction cherche avec le temps à s'entourer de ses plus proches collaborateurs. C'est ainsi, explique Yvan Allaire, professeur émérite de stratégie à l'UQAM, que certaines entreprises en viennent à voir leur siège décisionnel s'éloigner peu à peu du Québec.

Selon M. Allaire, aussi président du conseil de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP), c'est le sort qu'ont connu les sièges montréalais de la Banque Royale et de la Banque de Montréal, maintenant établis à Toronto. C'est aussi, selon l'expert, le phénomène que semble vivre actuellement Bell Canada Entreprises (BCE), dirigée par l'Ontarien George A. Cope. Aujourd'hui, les deux tiers des cadres de la société, toujours officiellement établie à Montréal, travaillent de Toronto.

Lire la suite: La perle rare

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