RSE : à la recherche de la bonne recette


Édition du 30 Avril 2016

RSE : à la recherche de la bonne recette


Édition du 30 Avril 2016

Si le terme de responsabilité sociale d'entreprise (RSE) regroupe des enjeux aussi variés que l'éthique, la gouvernance, les retombées économiques locales et les droits de la personne, c'est surtout de développement durable qu'on a discuté lors de la conférence RSE qu'a tenue récemment les Événements Les Affaires.

Tout au long de la matinée, les conférenciers ont présenté les moyens pris par leur entreprise pour intégrer les principes du développement durable dans ses objectifs d'affaires et ses processus opérationnels.

«La RSE, c'est comme la tarte aux pommes : tout le monde aime ça et pense que c'est une bonne idée. Maintenant, on est à l'étape où il faut trouver des gens pour venir peler des pommes dans la cuisine», a illustré Christine Babkine, directrice, RSE, à la société immobilière Ivanhoé Cambridge.

Or, si le conseil d'administration est déjà acquis aux principes du développement durable du fait des exigences de la réglementation environnementale, il ne l'est pas nécessairement à l'égard des autres enjeux de la RSE. «Il faut élargir notre communication avec le conseil au sujet des autres aspects et faire comprendre que la RSE dépasse l'environnement», a mentionné Mme Babkine.

Chez Gaz Métro, on souligne que, si on ne manquait pas de volontaires pour peler les pommes, «on n'avait pas nécessairement de recette pour faire la tarte», pour reprendre le mot de Frédéric Krikorian, directeur, développement durable. «Les gens veulent intégrer [la RSE], mais quand on tombe dans des éléments plus pointus, ça accroche un peu.»

Le premier défi, selon lui, a été de choisir les indicateurs de développement durable qui serviraient à «évaluer» les pratiques de l'entreprise. «Sinon, on risque de se retrouver avec un fouillis de mesures, a-t-il prévenu. Qu'est-ce qui a de la valeur et mérite d'être mesuré ?» On a finalement retenu 24 indicateurs, dont 12 ont été jugés «prioritaires» par les parties prenantes.

Mme Babkine a par ailleurs mentionné un certain défi «générationnel» dans l'entreprise. Les aînés tendent à privilégier «les affaires», au risque de mettre de côté la RSE si nécessaire, tandis que la génération Y «est née avec la RSE et ne reconnaît pas d'autre façon de faire».

Bien choisir le responsable de la RSE

Selon Pauline D'Amboise, secrétaire générale et vice-présidente, gouvernance et RSE, au Mouvement Desjardins, les entreprises devraient éviter de confier leur stratégie RSE à un poste sans portefeuille, comme cela lui est arrivé.

«C'était un poste de soutien, hors des lignes d'affaires, a-t-elle dit. Je n'avais aucun budget, donc il fallait que je convainque d'autres personnes d'embarquer dans l'aventure. Sur le plan du positionnement dans la structure organisationnelle, ce n'est peut-être pas la meilleure chose à faire. Ça aurait été plus facile de confier la responsabilité à une fonction liée aux affaires de l'entreprise.»

Mme D'Amboise a aussi recommandé d'intégrer la politique de RSE dans le plan stratégique de l'entreprise. «C'est le vrai signal pour les parties prenantes, assure-t-elle. Sinon, les moyens [financiers] ne suivent pas.» Les cibles doivent quant à elles concerner les pratiques autant de gestion que commerciales, de façon à avancer «sur les deux fronts», a-t-elle conseillé. Par exemple, les cibles de gestion au Mouvement visent l'efficacité énergétique, l'approvisionnement responsable et les ressources humaines, tandis que les cibles commerciales touchent à la décarbonisation des placements, à la croissance des produits financiers «verts» et à l'écoconception des produits.

Mme D'Amboise suggère aux entreprises de se servir des outils préconisés par le Global Reporting Initiative (GRI), une organisation indépendante qui aide les différents acteurs à comprendre et à communiquer l'impact de leurs activités sur la société et l'environnement.

«C'est l'importance de la reddition de comptes, a-t-elle souligné. Le GRI vous permet de choisir les indicateurs que vous jugez pertinents, et vous devez décrire les pratiques managériales qui soutiennent vos cibles et vos résultats.»

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

Il y a 45 minutes | François Normand

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?