Rio Tinto et la Chine entretiennent des relations complexes

Publié le 03/04/2010 à 00:00

Rio Tinto et la Chine entretiennent des relations complexes

Publié le 03/04/2010 à 00:00

D'un côté, les rapports de Rio Tinto avec la Chine sont limpides. Le géant minier a tiré le quart de ses recettes dans ce pays en 2009, principalement en raison de l'appétit vorace de la Chine pour le minerai de fer. De l'autre, leur relation est plus difficile à comprendre. L'an dernier, Rio Tinto aurait irrité la Chine, qui proposait d'investir 19,5 milliards de dollars américains (G$ US) dans la société anglo-australienne, en acceptant d'abord son offre, puis en la rejetant.

Les autorités chinoises ont par la suite arrêté quatre employés de Rio Tinto, qu'elles ont accusé de corruption et d'espionnage industriel. Leur procès, qui a débuté le 22 mars, s'est conclu huit jours plus tard avec la condamnation des quatre accusés - trois d'entre eux sont chinois et le quatrième, Stern Hu, est un Australien d'origine chinoise. Les peines de prison des accusés varient de 7 à 14 ans. L'Australien Stern Hu a été condamné à 10 ans de prison, indique le site australien TheAge.com.

Les quatre hommes ont été ont été arrêtés alors qu'ils participaient aux négociations annuelles visant à fixer le prix du minerai fer que les aciéries chinoises doivent payer aux trois principaux fournisseurs mondiaux : Rio Tinto, BHP Billiton et Vale. La plupart des observateurs ont présumé que ces arrestations étaient la réaction des autorités chinoises, froissées par le traitement réservé à Chinalco par Rio Tinto.

Ce procès aurait pu laisser présager un refroidissement des relations entre Rio Tinto et la Chine. Or, trois jours seulement avant le début des audiences, le géant annonçait la création d'une vaste coentreprise en Afrique avec la société sidérurgique d'État Chinalco, pour l'exploitation de l'immense gisement de fer de Simandou, en Guinée. Rappelons que l'an dernier, Rio Tinto avait courtisé, puis répudié Chinalco.

Début 2009, au moment où elle avait cruellement besoin de capitaux pour refinancer ses lourdes dettes, Rio Tinto avait songé resserrer ses liens avec la société chinoise (qui détenait 9 % de ses actions). L'effondrement du cours des matières premières ne lui avait pas donné d'autre choix que se tourner vers elle.

Mais une reprise rapide du marché et les récriminations d'autres actionnaires ont convaincu Rio Tinto de rectifier le tir et de se procurer des fonds par l'entremise d'une émission de droits de 15 G$ US. Pis encore, Rio Tinto a rejeté la proposition chinoise au moment où les négociations à propos du minerai de fer étaient particulièrement tendues. La Chine exigeait un escompte supérieur à celui de 33 % déjà consenti par les minières à la Corée du Sud et au Japon, mais Rio Tinto et ses rivales le lui ont refusé fermement.

En dépit des apparences, le grand patron de Rio Tinto, Tom Albanese, a souligné que les véritables décideurs au sein de la hiérarchie chinoise nourrissaient aucune rancune à l'endroit de la société. La décision de Chinalco de s'associer à Rio Tinto en Afrique donne à penser que soit M. Albanese disait vrai, soit la Chine commence à pardonner ou à oublier les écarts qu'elle reprochait à Rio Tinto. L'entente est survenue peu après le dépôt d'un rapport compilé pour les hauts dirigeants chinois, et qui attribue le rejet de l'offre d'investissement de Chinalco dans Rio Tinto à des facteurs économiques et à une croisade de BHP Billiton.

Nonobstant ces signes d'un réchauffement, les Chinois regardent toujours d'un mauvais oeil le vaste projet de mine de fer en coentreprise réunissant Rio Tinto et BHP Billiton qui, craint la Chine, permettra aux minières de contrôler davantage les prix. En outre, le ton des négociations menées sur le prix du minerai de fer depuis le début de l'année a été aussi glacial que celles de l'an dernier, qui n'ont pas abouti.

Une approche pragmatique

L'explication de ces signes contradictoires vient peut-être du fait que les Chinois refusent de laisser des différends avec des exploitants de ressources entraver leur ambition de s'assurer d'un approvisionnement à long terme en matières premières. L'entente d'exploitation de la mine de Simandou accorde à Chinalco une participation de 47 % dans le projet en échange d'un investissement de 1,35 G$ US, et garantit à la Chine une partie de la production.

La collaboration dans le cadre d'une coentreprise fait du sens pour les deux parties, compte tenu du fait que les gouvernements africains ont souvent tenté de dresser les géants miniers occidentaux contre les entreprises chinoises en quête de matières premières.

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