Responsabilité sociale des entreprises : montrer sa transparence

Publié le 12/01/2015 à 09:00

Par CPA

Le récent virage « vert » de Walmart restera dans les annales.

En 2009, quand le géant du détail a demandé à ses dizaines de milliers de fournisseurs d’adopter des pratiques plus durables, tout à coup, ce que l’on nomme l’information environnementale (reporting) est devenue pour plusieurs entreprises rien de moins qu’un enjeu stratégique.

Désormais, pour que ses produits se retrouvent sur les tablettes des magasins Walmart, il lui fallait non seulement offrir « le prix le plus bas », mais fournir en plus un rapport faisant état de ses efforts pour réduire ses déchets ou sa consommation d’énergie...

« Aujourd’hui, plusieurs entreprises prennent le développement durable très au sérieux. Ce n’est plus un simple exercice de branding », observe Pam Campagnoni, directrice de projet Recherche, orientation et soutien pour les Comptables professionnels agréés du Canada (CPA Canada).

Une pratique en forte croissance

Diffuser régulièrement des mises à jour chiffrées et crédibles de ses performances sociales et environnementales n’est plus une tendance émergente dans le monde des affaires.

Ainsi, 95 % des entreprises du Fortune Global 250 publient un rapport de développement durable, selon l’organisme international Global Reporting Initiative (GRI). Et chez nous, selon le Carbon Disclosure Project, 115 des 200 plus importantes sociétés canadiennes en avaient publié un en 2013.

Les plus petites entreprises ne sont pas en reste. On constate en effet une augmentation de l’information sur la performance environnementale parmi les PME des pays industrialisés, depuis les 20 dernières années.

Toutes ces entreprises misent donc sur la transparence pour répondre aux pressions des actionnaires, des clients, mais aussi du grand public. En outre, elles pourraient y trouver un avantage économique : une recherche du G & A Institute suggère que les entreprises qui publient des rapports de développement durable affichent de meilleures performances économiques que celles qui ne le font pas.

En 2015, quelles sont donc les bonnes pratiques en matière de transparence ? 

Pas de désinformation verte

C’est au cours des années 1980 que des entreprises, surtout dans l’industrie des produits chimiques, ont commencé à publier les premiers rapports environnementaux. À l’époque, plusieurs y ont vu un exercice de relations publiques maladroit. Les écologistes ont même inventé un terme pour décrire le phénomène : désinformation verte (greenwashing).

Les choses ont bien changé.

« L’apparition, il y a une quinzaine d’années, des lignes directrices du GRI a largement influencé les pratiques actuelles en matière de reporting environnemental, dit Pam Campagnoni. Les entreprises ont ainsi bénéficié d’un cadre crédible pour mesurer et diffuser leurs performances sur le plan du développement durable. »

Les lignes directrices G4 du GRI encadrent la présentation d’éléments spécifiques d’information couvrant les trois grands aspects du développement durable (écologique, économique et social), ainsi que des éléments généraux d’information permettant à chaque entreprise de traiter des points importants propres à ses activités. Le spectre est large : de la composition du conseil d’administration au pourcentage de matériaux recyclés utilisés dans la fabrication des produits en passant par l’écart salarial entre les hommes et les femmes.

L’entreprise qui décide de suivre les lignes directrices du GRI peut choisir d’appliquer soit les critères « essentiels », soit les critères « exhaustifs ». L’option relative aux critères essentiels est la moins exigeante des deux ; l’entreprise doit communiquer les éléments fondamentaux d’un rapport de développement durable, rendant ainsi compte notamment de l’impact de sa performance économique. L’option relative aux critères exhaustifs nécessite la communication d’informations complémentaires, précisées dans les dispositions des lignes directrices portant sur les éléments généraux et spécifiques d’information.

De la crédibilité

Il faut le dire : l’enjeu d’un rapport de développement durable n’est pas de montrer qu’on est « plus vert que vert ». Il s’agit surtout de ne rien dissimuler.

« Un bon rapport présentera les activités de l’organisation sous toutes leurs facettes, dit Mme Campagnoni. Il ne se contentera pas de présenter l’entreprise sous son meilleur jour et ne minimisera pas les impacts environnementaux de ses activités. »

En somme, un bon rapport fera le bilan des efforts de l’entreprise en matière de développement durable, mais fournira aussi un portrait clair des résultats attendus et obtenus. « En effet, les sociétés devraient se donner des objectifs à atteindre et témoigner de leurs avancées vers ces objectifs », poursuit Mme Campagnoni.

CPA Canada a décerné cette année le Prix d’excellence en information sur le développement durable à Suncor Énergie, et ce, pour la sixième année consécutive. Bien que la société œuvre dans l’exploitation des sables bitumineux ― LA bête noire des écologistes canadiens ―, le jury a apprécié dans le rapport de Suncor la présence de « données quantitatives exceptionnelles » en ce qui concerne sa performance environnementale.

Soulignons aussi la mention d’honneur obtenue par Bombardier, dont le rapport 2013 fournit des informations de nature économique, sociale et environnementale, ce qui « semble ouvrir la voie à la production de rapports entièrement intégrés », selon le jury.

Toutes les entreprises ne deviendront pas « vertes » du jour au lendemain. Les actionnaires le savent, le grand public aussi. On s’attend toutefois, à ce qu’elles progressent dans la bonne direction... et qu’elles soient prêtes à présenter leur performance en toute transparence.

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