Reprise prudente des fusions et acquisitions

Publié le 05/12/2009 à 00:00

Reprise prudente des fusions et acquisitions

Publié le 05/12/2009 à 00:00

Par Marie-Claude Morin

Les entreprises québécoises reprennent goût aux acquisitions, mais elles adoptent une attitude beaucoup plus prudente qu'avant la crise, estiment les experts.

Après neuf mois de calme plat, les dirigeants ressortent les projets de croissance et d'acquisitions de leurs cartons. " Les conseils d'administration en discutent, ce qui était impensable il y a six mois à peine ", commente Clemens Mayr, associé responsable du groupe Droit des affaires au cabinet McCarthy Tétrault.

" Les entreprises qui ont un bilan solide sont prêtes à saisir les occasions d'achat, mais après un examen plus attentif ", précise Alexandre Baril, associé délégué du groupe fusions et acquisitions chez Deloitte. Selon M. Baril, le processus de transaction nécessite jusqu'à 50 % plus de temps maintenant qu'avant la crise. " Les entreprises réalisent des vérifications préalables plus complètes ", dit-il.

Sylvain Vincent, associé directeur pour l'Est du Canada chez Ernst & Young, fait le même constat. " Des clients qui faisaient auparavant la vérification préalable à l'interne nous demandent maintenant de les accompagner, même pour la réalisation de petites transactions. "

La présentation du projet nécessite aussi plus de temps, souligne M. Baril. " Les dirigeants élaborent des plans d'intégration beaucoup plus étoffés, car les banques et les conseils d'administration sont plus exigeants. "

La crise a également fait évoluer la notion de risque.

" Les conseils d'administration posent plus de questions sur la pertinence d'une transaction et abordent divers facteurs de risque ", avance M. Vincent, citant les risques d'intégration, de réglementation et de réputation.

Les institutions financières font également preuve de plus de prudence, en recourant notamment plus rapidement à la syndication. En effet, elles s'allient avec une ou deux concurrentes pour des transactions de 100 à 200 millions de dollars, alors qu'auparavant, elles les auraient assumées seules, dit M. Vincent.

En fait, les banques sont encore trop frileuses pour représenter un véritable catalyseur, selon M. Mayr. " Le coût d'emprunt a légèrement diminué, mais les ratios à respecter demeurent stricts. "

Payer le juste prix

Enfin, compte tenu des perspectives de croissance modérée, les entreprises veulent éviter de payer trop cher, ce qui se reflète dans les évaluations. " La valeur non négociée d'une entreprise peut être passée de sept à cinq fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement ", illustre M. Vincent.

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